Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

DOI Heft:
Numéro 159 (21 Novembre 1833)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0282

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
--1269

Je ne m’arrêterai pas ici à vous énumérer une foule de vexations
secondaires qui empoisonnèrent successivement l’existence du mal-
heureux abonné, comme par exemple la production des veaux à huit
pattes qui lui emporta vainement deux années de son revenu, et la
substitution d’un banc d’huîtres à son vieux fauteuil, qu’il brûla, etc.

Il vous suffira de savoir qu’ayant 1 imagination continuellement
exaspérée par l’idée de la femme grecque, marquée par la nature au
type des statues de Phidias, il se remaria le mois dernier avec sa cui-
sinière, laquelle a le nez camus.

Vous sentez qu’après de si cruels déboires, l’abonné devait pren-
dre un parti extrême contre le malencontreux journal qui les lui at-
tirait. C’est ce qu’il fit, et c’est ce que je vous dirai plus tard.

Lem......

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

*

V 1 1

ŒUVRES COMPLÈTES DE BÉRANGER.

Nous avons beaucoup trop tardé à recommander à nos lecteurs cette nouvelle édition
des OEUVRES COMPLÈTES DE Béranger, que publie en ce marnent le libraire Per-
rotin, et qui, par son luxe, son bon marché et son mode de publication, nous semble
destinée à un immense succès. Cette édition paraît par livraison , tous les jeudis , et
chaque livraison, composée de 32 pages de texte et de 2 vignettes, ne coûte que 50 c.
Les 2 vignettes seules vaudraient trois fois cette somme; elles surpassent souvent tout
ce que les Anglais ont fait de mieux en ce genre. On peut, sur ce point, s’en rapporter
à nous : notre spécialité nous autorise à donner, au plus grand nombre de ces déli-
cieuses gravures, des éloges sans restriction, et qui n’étonneront personne quand nous
dirons qu’elles sont dues à Gudin, Deveria, Johannot, Rafïet, Scheiï'er, Horace Vernet,
Eugène Delacroix , Isabey, Grandville , enfin à toutes les illustrations de l’école mo-
derne. Cette nouvelle édition se recommande en outre par quelques pièces inédites de
Béranger, et surtout par une épître à Lucien Bonaparte, dont la censure impériale
empêcha dans le temps la publication.

La huitième livraison a paru aujourd’hui ; l’ouvrage entier en aura 52, qui formeront
\ beaux volumes ornés de 104 vignettes.

RÊVEUSE.

PAR Mlle HERMANCE SANDRIN.

Nous soiïiïftes hetireuï d’annoiicer à Ceux de nos lecteurs qui sont restés fidèles au
culte de la poésie un recueil digne, à tous égards, de leur estime. On ne trouvera point
dans les vers de Mlle Sandrin cette reproduction, aujourd’hui si facile, des vieilles
formes, soi-disant poétiques, et cette facture triviale qui n’ont pas peu contribué à dé-
goûter le public de tout ce qui porte le nom de poésie. Tout ce qu’il y a dans l’ouvrage
de Mlle Sandrin est à elle, ses défauts comme ses qualités ; en un mot, elle est originale,
et son début nous donne plus que des espérances.

1 vol. in-18 : chez Just. Tessier et Mame-Delaunay.

D’TJFE AITECDCTE

QUI M’ÉTAIT ÉCHAPPÉE ET QUE JE RATTRAPPE.

Nous vous avons dit comme quoi l’enthousiasme dynastique avait
rendu, pour une demi-heure, an bal de l’Opéra, la voix de M.
Dabadie fraîche, juste, sonore, harmonieuse, enfin tout ce qu’elle
n’est pas ordinairement. Etonnante influence de l’ordre de Chose,
qui donne de la voix à M. Dabadie, et qui lui procure des applaudis-
semens !

Mais quand les chants eurent cessé, dit le journal de la lune, M.
le maréchal de Tricanule eut l’honneur d’offrir à LL. MM. quelques
exemplaires satinés des strophes qu’elles venaient d’entendre ; la jeune
reine, après les avoir lues, n’ayant rien pu y comprendre, engagea
le maréchal à se rendre le lendemain matin près d’elle, ce que le
maréchal fit avec un empressement tout national. La jeune reine le
pria alors de lui lire les vers de M. Dupaty et de les lui expliquer.

— Mais je me permettrai de rappeler à V. M. que la cantate est en
français.

— En êtes-vous bien sûr, M. le maréchal ?

*— Mais, je crois que oui, princesse.... Ecoutez plutôt. (Lisant :)

De la France fille chérie,

Le ciel vous rend à notre amour ;

Vous paraissez , et la patrie
S’embellit de votre retour !

1270-a

— Hé ! quoi M. le maréchal, est-ce qu’il est vrai que la patrie soit
embellie depuis mon retour ?

— Absolument parlant, non ; mais c’est une fiction poétique. Au
surplus je continue :

De vos grandeurs quittez le faite 9
La grâce seule et la beauté
Vous rendront reine de la fête
Que vous offre la liberté.

— La liberté qui m’offre une fête ? Je croyais, M. le maréchal, que
c’étaient cinq cents souscripteurs de la garde nationale ?

— En effet, princesse—; mais c’est une fiction poétique. Au sur-
plus, je continue :

Nous avons banni les alarmes
Par nos efforts persévérans.

—■ Comprenez-vous, AI. le maréchal ? Et quels efforts avez-vous
donc faits ?

— Ah ! princesse.... je pourrais vous citer les remèdes violens que
j’ai employés sur la place Vendôme pour faire évacuer.... mais par-
don.... la modestie m’empêche de continuer.... Au surplus, c’est en-
core une fiction poétique....; je continue. (Lisant.)

Et l’amour , qui n’a pu se taire ,

Vous a mille fois attesté....

— Oh ! mille fois ! M. le maréchal ! Il y a certainement erreur
de chiffre ; c’est deux ou trois fois qu’il eût fallu dire, et non pas
mille.

— Il est de fait, princesse, que si l’on comptait exactement le nom-
bre des gens qui ont crié.... Mais c’est encore une fiction poétique ;
c’est prendre la partie pour le tout. Je continue :

Que les plus grands rois de la terra
Sont ceux que fait la liberté.

— Ah ! M. le maréchal ! la liberté renverse plus de rois qu’elle
n’en fait !

— Hélas oui, princesse....; mais c’est encore une fiction poétique.
Je continue. (Lisant.)

Despote, que poursuit la haine,

Tu verrais ici, transporté...

— Quel despote parle-t-il donc de nous transporter ici, M. Du-
paly?

—Je ne sais pas ; mais c'est probablement encore une fiction
poétique. Je continue :

Qu’on peut adorer une reine,

En adorant la liberté.

— Adorer une reine, M. le maréchal! Comment se fait-il qu’on
puisse me dire en face qu’on m’adore?... Ces choses-là se disent tout
bas ; et il n’y a pas une femme honnête à qui l’on se permît d’adresser
tout haut de pareilles choses....

— Que voulez-vous, Madame? c’est encore une fiction poétique.

—Dites que c’est une licence...

—J’en conviens; mais je continue:

A sa sœur , la France fidèle
Fréta ses plus nobles guerriers...

— Mais, M. le maréchal, je crois que les soldats qui sont restés for-
cément en France sont aussi nobles que ceux que votre Roâ nous a
prêtés.

— A coup sûr, princesse, et ce vers est assez désagréable pour
notre armée.... Mais je continue :

Lui donna sa fleur la plus belle.

De Philippe , aux lieux où nous sammes,

Notre amour fit la royauté.

— Comment , aux lieux où nous sommes? Eh! quoi, à l’Opéra?...
Mon père serait donc un roi d’opéra?... Et d’ailleurs, est-ce que c’est
l’Amour qui l’a fait roi? Je croyais que c’étaient M. Mahul, M. Kéra-
try, M. Coco Lacour, vous, M. le maréchal, et plusieurs autres.

— Vous avez parfaitement raison, princesse; et certainement nous

LA CARICATURE
 
Annotationen