VASES PEINTS DE LA GRÈCE PROPRE.
loi
dirions orientales dont le sens pour lui ne devait plus être précis. Le
céramiste, en peignant des lécythus, met aussi, mais par exception, sur
la tête du personnage principal une hirondelle, comme s’il voulait par
cette image traduire une pensée philosophique; il est probable que
nous avons alors une variante de la figure de l’âme représentée d’ordi-
naire sous la forme d’un petit idôlon nu et voltigeant près du corps
qu’elle vient d’abandonner. Mais dans la plupart des cas, sur les vases
polychromes comme sur les stèles, l’oiseau, qui tenait une si grande
place dans les distractions de la vie antique, puisque les jeunes gens et
les jeunes femmes le portaient même à la promenade, comme nous le
savons par la grave autorité d’Aristote, rappelle seulement les préfé-
rences du mort. Il figure ici au même titre que le chien sur les tombeaux.
L’artiste s’est préoccupé de peindre une scène élégante entre toutes,
celle qui se prête aux expressions les plus séduisantes, et que les céra-
mistes ont traitée à l’envi. L’idée de la mort est exprimée avec une grande
discrétion par la stèle placée au fond du tableau, peut-être par les deux
vases que tiennent les femmes, — cette Athénienne se pare de ses vête-
ments préférés, mais pour un voyage; et l’adieu que lui diront ses com-
pagnes est le xa*f£ habituel des marbres et des cérémonies funèbres.
Aucun tableau n’est plus conforme à l’esprit grec, n’allie mieux le
charme et la gravité, la tristesse et la grâce, comme si cette douleur trou-
vait dans l’harmonie des lignes et des figures, dans la beauté des
formes, dans l’art enfin, la seule consolation à laquelle elle voulût se
rattacher.
Les figures sont traitées avec une habileté consommée ; mais cette
perfection est peut-être plus sensible encore dans la seconde peinture.
L’attitude des deux génies ailés, l’attention avec laquelle ils tiennent le
corps et qu’indiquent non-seulement les yeux, mais les bras et tous les
mouvements, le tranquille sommeil de la femme qui ne se réveillera plus,
l’abandon si complet des membres que les porteurs soutiennent avec tant
de délicatesse, l’élégance de la stèle, la distinction du jeune homme qui
regarde la mise au tombeau, cet ensemble, d’une religieuse tristesse, est
un chef-d’œuvre; l’imitation idéale de la nature ne peut être ni plus vraie
ni plus belle; la science profonde ne saurait se cacher sous une simplicité
qui paraisse plus facile, qui sache mieux dissimuler jusqu’aux apparences
de l’effort.
Les génies funèbres tels que nous les voyons sur ce lécythus, bien
que nous possédions un grand nombre de représentations d’IIypnos et de
Thanatos, sont une nouveauté sur les monuments grecs. Us figurent sur
d’autres vases inédits, où ils ont comme ici des caractères précis; l’un
loi
dirions orientales dont le sens pour lui ne devait plus être précis. Le
céramiste, en peignant des lécythus, met aussi, mais par exception, sur
la tête du personnage principal une hirondelle, comme s’il voulait par
cette image traduire une pensée philosophique; il est probable que
nous avons alors une variante de la figure de l’âme représentée d’ordi-
naire sous la forme d’un petit idôlon nu et voltigeant près du corps
qu’elle vient d’abandonner. Mais dans la plupart des cas, sur les vases
polychromes comme sur les stèles, l’oiseau, qui tenait une si grande
place dans les distractions de la vie antique, puisque les jeunes gens et
les jeunes femmes le portaient même à la promenade, comme nous le
savons par la grave autorité d’Aristote, rappelle seulement les préfé-
rences du mort. Il figure ici au même titre que le chien sur les tombeaux.
L’artiste s’est préoccupé de peindre une scène élégante entre toutes,
celle qui se prête aux expressions les plus séduisantes, et que les céra-
mistes ont traitée à l’envi. L’idée de la mort est exprimée avec une grande
discrétion par la stèle placée au fond du tableau, peut-être par les deux
vases que tiennent les femmes, — cette Athénienne se pare de ses vête-
ments préférés, mais pour un voyage; et l’adieu que lui diront ses com-
pagnes est le xa*f£ habituel des marbres et des cérémonies funèbres.
Aucun tableau n’est plus conforme à l’esprit grec, n’allie mieux le
charme et la gravité, la tristesse et la grâce, comme si cette douleur trou-
vait dans l’harmonie des lignes et des figures, dans la beauté des
formes, dans l’art enfin, la seule consolation à laquelle elle voulût se
rattacher.
Les figures sont traitées avec une habileté consommée ; mais cette
perfection est peut-être plus sensible encore dans la seconde peinture.
L’attitude des deux génies ailés, l’attention avec laquelle ils tiennent le
corps et qu’indiquent non-seulement les yeux, mais les bras et tous les
mouvements, le tranquille sommeil de la femme qui ne se réveillera plus,
l’abandon si complet des membres que les porteurs soutiennent avec tant
de délicatesse, l’élégance de la stèle, la distinction du jeune homme qui
regarde la mise au tombeau, cet ensemble, d’une religieuse tristesse, est
un chef-d’œuvre; l’imitation idéale de la nature ne peut être ni plus vraie
ni plus belle; la science profonde ne saurait se cacher sous une simplicité
qui paraisse plus facile, qui sache mieux dissimuler jusqu’aux apparences
de l’effort.
Les génies funèbres tels que nous les voyons sur ce lécythus, bien
que nous possédions un grand nombre de représentations d’IIypnos et de
Thanatos, sont une nouveauté sur les monuments grecs. Us figurent sur
d’autres vases inédits, où ils ont comme ici des caractères précis; l’un