Planche cinquième.—Scène de Déluge ; par M. Girodet
Il est impossible d’imaginer une scène à la fois plus
terrible et plus attachante que celle que M. Girodet a
offerte dans cet admirable tableau dont les figures sont
d’une proportion au dessus de nature.
Une famille entière gravit sur la cime d’un roc escarpé,
pour échapper au danger d’une inondation subite. Le chef
de cette famille, dans la vigueur de l’âge, porte son Père
sur ses épaules; et le Vieillard, glacé par les années et
par l’épouvante, semble n’avoir plus de force que dans
les bras pour s’attacher à son Fils. Celui-ci tient de la;
main droite son Epouse, qui presse sur son sein un jeune
Enfant qu’elle a enveloppé dans son manteau. Un Enfant
plus âgé se tient suspendu à la chevelure de sa mère.
Ces cinq infortunés sont près d’atteindre le lieu quî
doit leur servir de réfuge,et l’Homme a déjà saisi une
branche d’arbre pour l’aider à gagner le haut du rocher :
mais la branche sc rompt; il va tomber en arrière; la
Femme s’évanouit, et son corps se renverse par les
efforts que fait son Fils aîné qui n’a plus qu’un pied sur
le sol : ils restent fous suspendus au dessus de l’abyme....
Près d’eux roule dans les flots le corps d’une jeune Fille
expirante.
Si le but le plus sublime de l’art est d’agrandir la na-
ture, en représentant l’homme dans des situations où il
puisse déployer toute la force physique et morale dont il
est doué, M. Girodet peut se flatter de l’avoir atteint. En
effet,cet Homme qui, seul chargé du poids de quatre in-
dividus , et dans le bouleversement de la nature, ne s’oc-
cupe que de la conservation de ceux qui lui sont chers,
Il est impossible d’imaginer une scène à la fois plus
terrible et plus attachante que celle que M. Girodet a
offerte dans cet admirable tableau dont les figures sont
d’une proportion au dessus de nature.
Une famille entière gravit sur la cime d’un roc escarpé,
pour échapper au danger d’une inondation subite. Le chef
de cette famille, dans la vigueur de l’âge, porte son Père
sur ses épaules; et le Vieillard, glacé par les années et
par l’épouvante, semble n’avoir plus de force que dans
les bras pour s’attacher à son Fils. Celui-ci tient de la;
main droite son Epouse, qui presse sur son sein un jeune
Enfant qu’elle a enveloppé dans son manteau. Un Enfant
plus âgé se tient suspendu à la chevelure de sa mère.
Ces cinq infortunés sont près d’atteindre le lieu quî
doit leur servir de réfuge,et l’Homme a déjà saisi une
branche d’arbre pour l’aider à gagner le haut du rocher :
mais la branche sc rompt; il va tomber en arrière; la
Femme s’évanouit, et son corps se renverse par les
efforts que fait son Fils aîné qui n’a plus qu’un pied sur
le sol : ils restent fous suspendus au dessus de l’abyme....
Près d’eux roule dans les flots le corps d’une jeune Fille
expirante.
Si le but le plus sublime de l’art est d’agrandir la na-
ture, en représentant l’homme dans des situations où il
puisse déployer toute la force physique et morale dont il
est doué, M. Girodet peut se flatter de l’avoir atteint. En
effet,cet Homme qui, seul chargé du poids de quatre in-
dividus , et dans le bouleversement de la nature, ne s’oc-
cupe que de la conservation de ceux qui lui sont chers,