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Planche trente-deuxième.— Massinissa prenant Sopho-
nisbe sous sa protection ; par M. Beaunier.
Massinissa, prince africain, prit les armes en faveur
des Carthaginois dans les guerres puniques ; mais, tou-
ché de la générosité de Scipion qui lui renvoya sans
rançon l’un de ses neveux fait prisonnier par les Ro-
mains, il se déclara pour ces derniers, et devint lieute-
nant de leur général qui conçut pour lui une grande
estime. Quelque temps après, Scipion porta la guerre
dans les états de Syphax,roi numide, ennemi de Rome
et de Massinissa à qui il avait enlevé plusieurs provinces,
Syphax avait épousé Sophonisbe, fille d’Asdrubal Giscon,
promise d’abord à Massinissa qui l’avait aimée éperdu-
ment. Syphax fut vaincu près de Cyrthe où l’armée
d’Asdrubal fut entièrement défaite par Scipion ; et So-
phonisbe, pour ne pas tomber au pouvoir des Romains,
recourut à la générosité de Massinissa; celui-ci sentant
son amour se réveiller lui promit de la protéger contre
les vainqueurs. Il l’épousa même quelques jours après,
au risque de mécontenter Scipion qui lui avait dit:
« Croyez-moi, Massinissa, nous n’avons pas tant à crain-
« dre, pour notre âge, des ennemis armés que des pas-
« sions qui nous assiègent de toutes parts. Celui qui par
« sa sagesse a su leur mettre un frein et les dompter,
« s’est acquis en vérité beaucoup pins d’honneur, et a
« remporté une victoire beaucoup plus glorieuse que
celle que nous venons de gagner sur Syphax. »
Ce nouvel hymen ne fit qu’accroître les malheurs de
Sophonisbe. Scipion ayant insisté pour que Massinissa
abandonnât cette Carthaginoise ennemie de Rome, il
Planche trente-deuxième.— Massinissa prenant Sopho-
nisbe sous sa protection ; par M. Beaunier.
Massinissa, prince africain, prit les armes en faveur
des Carthaginois dans les guerres puniques ; mais, tou-
ché de la générosité de Scipion qui lui renvoya sans
rançon l’un de ses neveux fait prisonnier par les Ro-
mains, il se déclara pour ces derniers, et devint lieute-
nant de leur général qui conçut pour lui une grande
estime. Quelque temps après, Scipion porta la guerre
dans les états de Syphax,roi numide, ennemi de Rome
et de Massinissa à qui il avait enlevé plusieurs provinces,
Syphax avait épousé Sophonisbe, fille d’Asdrubal Giscon,
promise d’abord à Massinissa qui l’avait aimée éperdu-
ment. Syphax fut vaincu près de Cyrthe où l’armée
d’Asdrubal fut entièrement défaite par Scipion ; et So-
phonisbe, pour ne pas tomber au pouvoir des Romains,
recourut à la générosité de Massinissa; celui-ci sentant
son amour se réveiller lui promit de la protéger contre
les vainqueurs. Il l’épousa même quelques jours après,
au risque de mécontenter Scipion qui lui avait dit:
« Croyez-moi, Massinissa, nous n’avons pas tant à crain-
« dre, pour notre âge, des ennemis armés que des pas-
« sions qui nous assiègent de toutes parts. Celui qui par
« sa sagesse a su leur mettre un frein et les dompter,
« s’est acquis en vérité beaucoup pins d’honneur, et a
« remporté une victoire beaucoup plus glorieuse que
celle que nous venons de gagner sur Syphax. »
Ce nouvel hymen ne fit qu’accroître les malheurs de
Sophonisbe. Scipion ayant insisté pour que Massinissa
abandonnât cette Carthaginoise ennemie de Rome, il