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https://doi.org/10.11588/diglit.68672#0125
(63)
Planche vingt-huitième.— Domitien. Statue en marbre
de la galerie des Antiques.
Domitien naquit l’an 5i de J. C. Fils indigne de Ves-
pasien et plus indigne frère de Titus, il fut accusé d’avoir
avancé la mort de ce dernier, en le faisant plonger dans
un bain de neige,sous prétexte de dissiper le mal subit
dont ce vertueux Empereur fut saisi tout-à-coup ; mal
qui sans doute était aussi l’effet de quelque poison que
son propre frère lui avait fait donner. Domitien, par-
venu à l’empire qu’il avait souhaité avec tant d’ardeur,
commença comme Néron,par dissimuler ses vices, et sut
mettre un frein à sa cruauté, qu’il n’exerça d’abord que
sur les mouches, se faisant un plaisir d’en tuer un grand
nombre à coups de poinçon. Ses premières loix furent
dictées par la sagesse ; il embellit Rome, enrichit les
bibliothèques, et se montra surtout l’ennemi des délateurs.
Les Romains se crurent encore sous le gouvernement de
Titus: mais Domitien devint cruel et sanguinaire, dès qu’il
crut pouvoir l’être sans compromettre sa puissance. Les
Chrétiens furent ses premières victimes. Voulant ensuite
exercer ses vengeances sur les principaux personnages de
l’empire, il s’attacha à avilir le Sénat, et c’est à ce dessein
sans doute qu’il le convoqua une fois pour lui faire décider
à quelle sauce il fallait mettre un turbot énorme destiné
, pour sa table. On rapporte qu’il faisait sa lecture favorite
des mémoires que Tibère avait laissés et où il trouvait les
principes odieux de tyrannie dont il usa pendant la plus
grande partie de son règne. Aussi a-t-on dit que Domi-
tien avait beaucoup de ressemblance avec le second César.
Rongé de noirs soupçons, tourmenté par des craintes su-
perstitieuses , il prit en vain les plus grandes précautions
Planche vingt-huitième.— Domitien. Statue en marbre
de la galerie des Antiques.
Domitien naquit l’an 5i de J. C. Fils indigne de Ves-
pasien et plus indigne frère de Titus, il fut accusé d’avoir
avancé la mort de ce dernier, en le faisant plonger dans
un bain de neige,sous prétexte de dissiper le mal subit
dont ce vertueux Empereur fut saisi tout-à-coup ; mal
qui sans doute était aussi l’effet de quelque poison que
son propre frère lui avait fait donner. Domitien, par-
venu à l’empire qu’il avait souhaité avec tant d’ardeur,
commença comme Néron,par dissimuler ses vices, et sut
mettre un frein à sa cruauté, qu’il n’exerça d’abord que
sur les mouches, se faisant un plaisir d’en tuer un grand
nombre à coups de poinçon. Ses premières loix furent
dictées par la sagesse ; il embellit Rome, enrichit les
bibliothèques, et se montra surtout l’ennemi des délateurs.
Les Romains se crurent encore sous le gouvernement de
Titus: mais Domitien devint cruel et sanguinaire, dès qu’il
crut pouvoir l’être sans compromettre sa puissance. Les
Chrétiens furent ses premières victimes. Voulant ensuite
exercer ses vengeances sur les principaux personnages de
l’empire, il s’attacha à avilir le Sénat, et c’est à ce dessein
sans doute qu’il le convoqua une fois pour lui faire décider
à quelle sauce il fallait mettre un turbot énorme destiné
, pour sa table. On rapporte qu’il faisait sa lecture favorite
des mémoires que Tibère avait laissés et où il trouvait les
principes odieux de tyrannie dont il usa pendant la plus
grande partie de son règne. Aussi a-t-on dit que Domi-
tien avait beaucoup de ressemblance avec le second César.
Rongé de noirs soupçons, tourmenté par des craintes su-
perstitieuses , il prit en vain les plus grandes précautions