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flanche cinquante-sixième.— Suzanne au bain. Tableau
de la galerie du Musée; par le Tintoret.
Aucun artiste ne fut moins propre que le Tintoret à
traiter le genre gracieux: livré à son génie fougueux, il
paraît souvent bizarre, et toujours il est loin de cette sim-
plicité dont le charme équivaut en quelque sorte à la grâce»,
le plus grand talent ne peut sortir impunément des bornes
que la nature lui a marquées. Le Tintoret dut s’en convain-
cre, si après avoir terminé ce tableau il sut en reconnaître
les défauts. N’est-il pas ridicule que les deux Vieillards
soyent représentés à table, au moment où ils épient l’instant
âe s’approcher d e Suzanne? Mais ce qui choque davantage,
c’est le peu d’élégance que l’artiste a mis dans le dessin de
la figure principale ; les formes en sont trop prononcées et
d’un style lourd et ignoble. La tête n’a pas ce caractère à la
fois modeste et séduisant qu’on doit supposer à Suzanne, à
cette femme vertueuse qui faillit être victime de l’effet que
§es charmes avaient produit sur deux cœurs endurcis dans
le crime. On doit surtout être étonné de ne pas retrouver
dans cet ouvrage la liberté de pinceau qui distingue le
Tintoret. Quant au coloris, il est digne d’un maître vénitien
et réunit la vigueur et la finesse du ton ; on ne peut desirer
qu’un peu plus de fraîcheur dans les carnations.
Ce tableau, dont les figures sont de grandeur naturelle
feùsait partie de l’ancienne collection.
flanche cinquante-sixième.— Suzanne au bain. Tableau
de la galerie du Musée; par le Tintoret.
Aucun artiste ne fut moins propre que le Tintoret à
traiter le genre gracieux: livré à son génie fougueux, il
paraît souvent bizarre, et toujours il est loin de cette sim-
plicité dont le charme équivaut en quelque sorte à la grâce»,
le plus grand talent ne peut sortir impunément des bornes
que la nature lui a marquées. Le Tintoret dut s’en convain-
cre, si après avoir terminé ce tableau il sut en reconnaître
les défauts. N’est-il pas ridicule que les deux Vieillards
soyent représentés à table, au moment où ils épient l’instant
âe s’approcher d e Suzanne? Mais ce qui choque davantage,
c’est le peu d’élégance que l’artiste a mis dans le dessin de
la figure principale ; les formes en sont trop prononcées et
d’un style lourd et ignoble. La tête n’a pas ce caractère à la
fois modeste et séduisant qu’on doit supposer à Suzanne, à
cette femme vertueuse qui faillit être victime de l’effet que
§es charmes avaient produit sur deux cœurs endurcis dans
le crime. On doit surtout être étonné de ne pas retrouver
dans cet ouvrage la liberté de pinceau qui distingue le
Tintoret. Quant au coloris, il est digne d’un maître vénitien
et réunit la vigueur et la finesse du ton ; on ne peut desirer
qu’un peu plus de fraîcheur dans les carnations.
Ce tableau, dont les figures sont de grandeur naturelle
feùsait partie de l’ancienne collection.