Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

DOI Heft:
Courrier des musées
DOI Heft:
Chronique française et étrangère
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0037

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE.

23

éminent que la Belgique a perdu et que tous les pays lui enviaient.
C'est ainsi que sont entrés dans le Musée qu'ils déshonorent,
ce faux Pérugin, insulte permanente au génie de ce maître ces
deux pauvrissimes porcelaines de Poelenburg dont ne voudrait
pas un collectionneur de quatrième ordre, ce méchant pot de
roses, papillotage féroce aussi piètrement peint qu'affreusement
composé, chef-d'œuvre dont l'auteur est inconnu — c'est heureux
pour sa mémoire ! — cet Hobbema plus que frelaté 2, payé son
pesant d'or3, auquel il ne reste d'Hobbema que le nom, et que la
maladroite et ignorante vanité de la majorité de la Commission
directrice maintient sur la cymaise malgré toutes les protestations
indignées des connaisseurs. L'histoire du Pérugin, du soi-disant
Pérugin, est tout à fait curieuse et serait vraiment réjouissante si
elle n'était si triste et pour le Musée où cette croûte prête à rire
et pour le pays dont les deniers ont été si sottement dilapidés.
Feu M. Emmanuel Sano faisait justement autorité pour l'école
italienne ; aussi le prince Napoléon eut-il raison de le charger de la
formation au Palais-Royal d'un cabinet composé de morceaux de
choixdes maîtresduxv" siècle surtout. Ceux-ci ont peint sur cèdre
et leurs panneaux sont d'une épaisseur exceptionnelle. Ils se prê-
tent en conséquence fort aisément à une friponnerie qui se prati-
que sur une vaste échelle ; on scie ces panneaux en deux, l'œuvre
originale reste sur la partie dont l'envers est la plupart du temps
vierge de trous de vers dont se trouve au contraire criblé le
morceau sur lequel opère le faussaire. Celui-ci spécule naturelle-
ment sur les niais afin de leur faire prendre sa copie pour l'ori-
ginal et vice versa. C'est précisément ce qui est arrivé pour le
Pérugin de rencontre du Musée de Bruxelles. Bien qu'on eût
eu l'habileté de le placer dans un cadre en majolique d'une indis-
cutable authenticité, — il vaut à lui seul dix fois le tableau, —
M. Sano ne s'y laissa point prendre lorsque voyageant en Italie
avec le prince, on leur proposa audacieusement cette piètre copie
saucée, cuisinée cependant à point pour lui donner un faux air
de vétusté. A peine l'Altesse Impériale avait-elle répondu par un
refus catégorique que survint un membre de la Commission
directrice du Musée royal de Belgique, un peintre qui se croit la
science infuse, ce qui lui permet de patauger à l'unisson à propos

des italiens, des hollandais, des flamands ou de n'importe quelle
école. Il n'eut rien de plus pressé que de conquérir ce que le
prince Napoléon avait sagement dédaigné et le voilà ramenant
triomphalement à Bruxelles ce qu'il se figure être un Pérugin.
La Commission avait son devoir tout tracé : laisser pour compte
à l'infortuné ses chères illusions, très chères en effet. Elle s'en
garda bien. La majorité ne se compose-t-elle pas de peintres,
non moins connaisseurs que lui ! Il est juste de dire qu'il s'est
montré reconnaissant du procédé en ayant soin de voter plus
tard avec eux l'acquisition d'un autre faux tableau, le fameux
Hobbema, en dépit de l'opposition énergique de collègues —
non peintres, il est vrai, et par conséquent ignares à ses yeux
éclairés.

L'excellent Etienne Le Roy avait la passion de la bonne
renommée du Musée belge qu'il avait plus que personne contri-
bué à enrichir; il ne pouvait entendre parler du Pérugin et de
l'Hobbema sans indignation; il eut avant sa mort la joie devoir
disparaître des galeries le premier pour être enfin, prétendait-on,
relégué au grenier, sa place naturelle, mais le cadre qui restait
accroché vide, entre les deux beaux portraits d'homme de Cra-
nach et d'Amberger, prenait des airs d'oiseau de mauvais augure.
L'événement s'est chargé de prouver qu'on s'était beaucoup trop
pressé de se réjouir. Le faux Pérugin avait tout simplement été
donné à restaurer!!! — ceci n'est-il pas le bouquet? — et l'on
vient, hélas! de le réintégrer dans son cadre, et la majorité de la
Commission — tous peintres profonds connaisseurs ! — continuera
à ne pas rougir de ses deux lamentables exploits, barbouillages
sans pudeur auxquels elle inflige les grands noms de Pérugin et
d'Hobbema.

Il y a un directeur des Beaux-Arts en Belgique et des plus
compétents. N'est-il pas grand temps pour lui d'intervenir et de
mettre un terme à ce double scandale par trop prolongé ?

— La partie moderne du Musée royal de Belgique vient de
s'enrichir — elle en a terriblement besoin — d'une œuvre vrai-
ment remarquable. Nous voulons parler du Portrait de feu
M. Barthélémy Dumortier dont ses héritiers ont fait don à l'État.
C'est de beaucoup le meilleur portrait qu'ait peint M. Gallait.

CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE

France. — Salon de i8jg. — Les portes du Salon ont été
fermées, ainsi qu'on l'avait annoncé, le lundi 30 juin, à minuit.

Beauvais. — L'exposition des beaux-arts, dont l'ouverture
a été fixée le 28 juin, a réuni plus de 800 adhésions. Le comité
d'organisation a décidé qu'elle durerait jusqu'au 15 juillet.
A cette occasion la ville prépare des fêtes exceptionnelles.

Limoges. — Depuis le 15 mai, l'exposition est ouverte et
obtient le plus éclatant succès. La commission d'organisation,
présidée par l'homme aussi infatigable que généreux qui se
nomme M. Adrien Dubouché, a accompli des merveilles. Le
catalogue des peintures, sculptures, dessins, aquarelles, etc.,
comprend 580 numéros. L'arrangement est on ne peut plus
heureux. Quant à la section de céramique, elle est aussi brillante
que l'on pouvait s'y attendre, grâce aux trésors du musée
Dubouché. On y trouve les plus belles œuvres ayant figuré à
l'Exposition universelle et qui, avec une promptitude si cruelle
pour bon nombre d'amateurs, avaient été achetées par le fonda-
teur de l'école de Limoges. No-us aurons bientôt l'occasion de
revenir sur cette très intéressante exposition qu'étudie en ce
moment à notre intention un de nos collaborateurs.

Nancy. — La statue de M. Thiers, qui doit être inaugurée
le 3 août, à Nancy, a été coulée en bronze le 14 juin, à la fon-
derie Rolland, en présence de Mme Thiers, de M. Guilbert,
l'auteur de la statue, de M. Bernard, sénateur, maire de la ville
de Nancy, de plusieurs conseillers municipaux, et d'un grand
nombre de curieux. Le bronze est resté dans le moule pendant
deux jours, et l'extraction en a été faite avec un plein succès.
La statue a trois mètres quarante centimètres de hauteur, non
compris le socle.

Disons, à ce propos, que M. Turquet, sous-secrétaire d'Etat
des beaux-arts, vient de confier à M. Guilbert l'exécution d'un
monument qui sera élevé à Bône (Algérie), en l'honneur de
M. Thiers, d'après le modèle de celui qu'il vient d'exécuter pour
Nancy.

Allemagne. — M. le Dr Bode, le savant conservateur du
Musée de Berlin, prépare un catalogue raisonné des peintures
de Rembrandt.

Angleterre. — M. L. Alma-Tadema vient d'être élu mem-
bre de la Royal Academy de Londres. MM. J. H. Bougton et
Herkomer ont été nommés associés.

1. N° 334. de la quatrième édition du Catalogue descriptif et historique du Musée royal de Belgique [Bruxelles), par notre éminent collaborateur,
M. Edouard Fétis.

2. N° 419 du même Catalogue. Les Poelenburg et les Roses attribuées à l'école italienne — quel cadeau! — ont été acquis après la publication de la
dernière édition.

3. 60,000 francs!!!
 
Annotationen