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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Nécrologie
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Cartouche nécrologique composé pour « l'Art » pah John Watkins.

Le célèbre ténor Gustave Roger est mort le 12 septem-
bre, âgé de soixante-quatre ans. Il était né à La Chapelle-
Saint-Denis en 1815.

Roger fut l'un des plus charmants artistes lyriques de
ce temps. Chanteur habile, doué d'une jolie voix faite
pour les rôles de demi-caractère, mais à laquelle il sut
donner l'ampleur nécessaire aux grands effets dramatiques,
comédien intelligent, plein de goût, d'esprit et de naturel,
il avait assez de souplesse pour se plier aux interprétations
les plus variées; jeune premier incomparable, il fut pen-
dant une dizaine d'années le Bressant de l'Opéra-Comique,
où il a laissé aussi de piquants souvenirs dans certains
rôles bouffes, notamment dans l'étudiant d'Oxford de
l'Eclair, dont il fut aussi le Lionel, et dans Gibby la Cor-
nemuse de Grisar. Sa dernière création à ce théâtre, le
Lorédan Grimani à'Haydée, — succédant au Duc d'Olonne,
à la Part du diable, à la Sirène d'Auber et aux Mousque-
taires de la rei'ned'Halévy, sans parler de plusieurs reprises
triomphales telles que le Domino noir et surtout la Dame
blanche, le plus grand succès de Roger en Allemagne, —
lui ouvrit les portes de l'Opéra, où Meyerbeer lui confia
le rôle du Prophète (première représentation le 16 avril
1849). Jean de Leyde mit le sceau à la réputation de Roger
comme acteur et comme chanteur. Le ténor léger passait
fort ténor, le jeune premier grand premier rôle, mais cette
double transformation qui révélait en Roger un remarqua-
ble talent de tragédien lyrique, ne fut pas sans nuire à un
organe qui n'était pas assez vigoureusement trempé pour
supporter le poids du répertoire. L'artiste se maintint
cependant à l'Opéra pendant une nouvelle période de dix
ans, abordant avec aisance, mais sans les marquer du
cachet de sa personnalité, les rôles de Nourrit et de Du-
prez, et il est probable que sans le fatal accident qui, en
1859, vint briser sa carrière en plein succès, au beau milieu

des représentions d'Herculanum, le rôle d'Hélios n'eût
pas été sa dernière incarnation musicale. On sait que par
suite de cet accident de chasse, Roger dut subir l'amputa-
tion du bras gauche. Un bras postiche, chef-d'œuvre de
mécanique, lui permit de remonter sur les planches, et de
recueillir encore les applaudissements de la province et
de l'étranger, mais à Paris il dut renoncer à la scène. La
souffrance et le chagrin avaient usé sa voix. Une tentative
malheureuse à la Porte-Saint-Martin, où sous la direction
de Raphaël Félix il s'essaya dans le drame, aggravant de
son échec personnel l'insuccès du Cadio de George Sand,
le rejeta vers le professorat. Il était professeur au Con-
servatoire et avait institué chez lui, avenue Frochot, une
école de chant et de déclamation, où il a formé plusieurs
artistes distingués. Roger était un chanteur lettré. Il avait
poussé ses études jusqu'à la philosophie ; il possédait plu-
sieurs langues étrangères. En Allemagne, où il faisait
fureur, il disait en allemand les rôles qu'il avait créés ou
repris en français. On lui doit une traduction du livret des
Saisons de Haydn, et il a réuni sous ce titre, Mémoires
d'un ténor, ses souvenirs d'artiste agréablement racontés.

Gustave Roger a succombé à une anémie dégénérée
en affection diabétique.

— Un artiste de talent qui pendant plusieurs années
tint fort honorablement à l'Opéra l'emploi des premières
basses, Belval a précédé de quelques jours Roger dans la
tombe. Belval avait apporté à Paris une réputation de
province que le public parisien s'empressa de consacrer.
Il fit à l'Opéra plusieurs créations et reprit avec succès les
rôles de Levasseur, notamment Bertram et Marcel. Belval
ne s'est pas élevé au premier rang des maîtres chanteurs,
mais il avait une voix superbe, un beau physique de
théâtre, beaucoup de zèle et de conscience, et somme
toute il n'est pas encore remplacé.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VER ON.

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