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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: De la décoration appliquée aux édifices, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0187

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DE LA DÉCORATION

APPLIQUÉE AUX ÉDIFICES

vin

joutons encore quelques mots à ce que nous
avons dit des procédés adoptés par les artistes
byzantins. Les fonds d'or, obtenus au moyen de
petits cubes de pâte de verre dorés, prennent
une tonalité bien autrement chaude que celle
donnée par les fonds simplement dorés à plat
sur enduit; ces millions de petits cubes sont
retenus par un ciment brun qui laisse un joint
entre chacun d'eux ; puis ceux-ci ne sauraient
être si correctement posés, que leurs surfaces
dorées se présentent absolument tangentes aux
sphéroïdes ou sur un plan parfaitement droit. Il
en résulte des incidences de reflets qui font
chatoyer ces paillettes d'or juxtaposées et qui
produisent un effet d'une harmonie singulière et
d'une grande intensité de coloration, et c'est
pour cela que les marbres très chauds ou bril-
lants de ton sont les seules matières qui puissent
lutter avec ce mode de décoration.

Quand les artistes byzantins ne pouvaient
employer la mosaïque, mais qu'ils recouraient à
la peinture, leurs décorations sont au contraire
très claires et sobres, les fonds blancs y tiennent
une grande place, et les ornements ou figures, colorés de tons rompus, se détachent en vigueur.
Tout ceci prouve que ces artistes byzantins étaient des coloristes dans la véritable acception du
mot, et c'est à propos de cette qualité qu'on me permettra d'émettre quelques appréciations
théoriques confirmées par la pratique; d'autant qu'aujourd'hui, quand nous appliquons la peinture
à nos édifices, c'est un peu au hasard et sans se rendre compte des conditions de cette
application; aussi, malgré des efforts très louables et l'emploi d'artistes d'une grande valeur, les
résultats sont généralement peu satisfaisants.

On ne redevient pas coloriste (en fait de décoration monumentale) du jour au lendemain
quand on a cessé d'observer les lois générales imposées à cette branche de l'art, et même en
s'adressant à des artistes qui ont appliqué les qualités de coloriste sur des toiles isolées. Et les
Paul Véronèse, les Tintoret, les Tiepolo, n'ont pas procédé dans la décoration appliquée aux
édifices, comme ils procédaient s'il s'agissait d'un tableau. Ces maîtres, bien qu'on ne puisse
comparer leurs œuvres décoratives à celles des Byzantins, par exemple, ont, au fond, appliqué
les lois, d'origine évidemment orientale, que ces artistes byzantins avaient si bien su observer.

l. Voir l'Art, 5» année, tome III, pages 49, y), 107 et 121.

Tome XVIII. 19

Lettre composée pour l'Art par François Ehrmanii,
gravée par Smeeton et Tilly.
 
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