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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Courrier de musées
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72

L'ART.

pour un musée tel que le Musée royal de Belgique où l'on a
commis la déplorable faute de ne pas construire des cabinets
pour les infiniment petits de la peinture ; — le Buveur que l'on
vient d'acquérir, — piètre, très piètre acquisition, — est d'une
extrême mollesse, et la lumière qui se joue soi-disant dans son
verre, est représentée par un blanc d'une dureté accomplie ; —
3° les quatre tableaux achetés l'an dernier à Anvers à la vente
après décès de M. J. P. Geelhand de Labistràte : un fort joli
Moucheron adjugé pour la somme insignifiante de 550 fr.; un
Abraham Mignon (2,400 fr.), — le maître n'était pas représenté à
Bruxelles ; — un vaste paysage de Wildens que Jordaens a orné
un peu à la diable de l'épisode de Rébecca et Elié\er (3,600 fr.).—
Ce prix en dit long sur la qualité ; c'est en effet une peinture qui
a sérieusement souffert, on ne s'en aperçoit que trop maintenant
que cette toile est placée à la cimaise. •— On peut ne pas aimer
Mignon et on a même grandement raison de détester ce porce-
lainier, mais c'est une note dans l'histoire de l'art qu'un musée
n'a pas le droit de supprimer ; cela étant, le Musée de Bruxelles
a très bien fait de se donner un spécimen qui est indiscutablement
l'un des meilleurs du peintre francfortois. Il est sous tous rap-
ports fâcheux qu'on n'en puisse dire autant de l'œuvre due à
la collaboration de Wildens et du grand Jordaens que Bruxelles
possède si splendidement représenté, sauf dans un seul genre.
Jordaens portraitiste, et portraitiste éminent, manque seul au
Musée de Bruxelles qui eut la malechance de refuser fort sotte-
ment deux de ses plus beaux portraits que ie Musée de Cologne
a eu l'esprit de s'empresser de conquérir et d'accrocher à des
places d'honneur à la droite et à la gauche d'un Rubens dont ils
soutiennent brillamment le terrible voisinage. Ce sont les por-
traits d'un négociant d'Anvers et de sa femme. Cela eût fait sin-
gulièrement mieux au Musée de Bruxelles que cet étoffage bâclé
d'un Wildens, étoffage dont le groupe principal, Rébecca et
Eliézer, est aussi négligé que possible et déplorablement com-
mun. Ce n'est que dans le groupe de gauche qu'on retrouve des
traces de griffes de lion. Heureusement qu'un achat excellent
comme qualité, et d'un extrême bon marché, ce qui ne gâte rien,
est venu compenser cette erreur. Le quatrième tableau, grand
triptyque de Martin van Heemskerk, qui n'était jusqu'ici repré-
senté à Bruxelles que par une fausse attribution, n'a été payé
que 5,800 fr., et il est cependant presque aussi beau que celui
que la ville de Delft commit, il y a peu d'années, le vandalisme
de faire vendre publiquement et dont M. Six van Hillegom se
rendit acquéreur pour en faire généreusement cadeau au Musée
de Harlem. L'envers des volets du triptyque qui appartenait à
M. Geelhand de Labistràte, est fort remarquable, les figures sont
d'un grand caractère. Pourquoi ne ferait-on pas scier ces volets
de manière à exposer ces figures à droite et à gauche du triptyque,
comme cela existe déjà pour l'important Bernard van Orley
du Musée de Bruxelles, un des joyaux de l'ancienne galerie
du roi Guillaume à La Haye ?

A cette vente Geelhand de Labistràte le Musée d'Anvers a eu la
main infiniment moins heureuse que son rival bruxellois. Il s'est
donné un petit Teniers de 1,000 fr., — ce prix dit ce qu'en vaut
l'aune; —un Daniel Mytens, de 3,200 fr., — ce n'est pas pour
rien, — et un Pieter Gysels qui vaudrait à lui seul mieux que les
deux autres, si cette Nature morte, payée 6,500 fr., n'avait souffert.

Le Musée d'Anvers qui d'habitude apporte moins de légèreté
dans ses acquisitions, a cru devoir aussi augmenter sa série d'œu-
vres de Rubens, d'un Portrait d'homme dont les mains laissent
fort à désirer, ce qui n'a pas empêché le vendeur de réussir à se

1. Voir l'Art, 5e année, tome Ier, page 20,.

2. Voir l'Art, y année, tome Iet, page 274.

le faire très habilement payer 30,000 fr. C'est simplement la ba-
gatelle de 21,000 fr. de plus que le prix auquel ce même portrait
était à vendre à Bruxelles à n'importe qui, depuis des années, à
cause du défaut qui le dépare et qui en a fait échouer la vente
à Paris lorsqu'elle y a été tentée.

Le magnifique Musée anversois a droit à de plus sincères
félicitations pour s'être donné en fort belle qualité un Salomon
van Ruisdael, maître si intéressant que ne possédait aucun Musée
belge. Le Musée de Bruxelles avait eu l'occasion qu'il laissa
échapper, d'acquérir une œuvre capitale de Salomon, la plus
parfaite que connût M. Etienne Le Roy; aussi l'éminent expert
en recommandait-il vivement l'achat ; on s'empressa de ne tenir
aucun compte de son patriotique avis, et cette belle toile ne tarda
pas à entrer dans une des collections particulières les plus riches
en œuvres de choix.

— M. Eugène Van Vinkeroy vient d'être nommé chef de
la section des armures au Musée royal d'Antiquités et d'Armures,
à Bruxelles. On sait que M. Eugène Van Vinkeroy, officier
de l'armée, a publié dans la Revue belge des sciences militaires un
article critique qui, sous ce titre « Une visite aux armures de la
Porte de Hal », relevait les bévues dont le catalogue de ce Musée
est trop abondamment illustré, et nos lecteurs se rappellent
peut-être que nous avons signalé le fait1 non sans effaroucher
quelque peu la susceptibilité du directeur-conservateur de l'éta-
blissement, M. Théodore Juste. Il y a déjà quelque temps que
nous avons inséré les « explications » de M. Juste et que nous
y avons répondu4. Nous tenons à le féliciter aujourd'hui de la
nomination de M. Van Vinkeroy, d'abord parce qu'elle lui assure
un concours précieux dont la nécessité se faisait grandement
sentir, en second lieu parce que, si nous sommes bien informés,
M. Juste en aurait été le principal artisan. Non seulement, édifié
par la lecture de la Revue belge des sciences militaires, il aurait
spontanément sollicité et obtenu cette nomination, mais il lais-
serait carte blanche à son collègue pour le classement des collec-
tions d'armes. Voilà ce qui s'appelle se conduire en homme
d'esprit. Donc M. Van Vinkeroy a quitté l'Institut cartologique
militaire où il collaborait à la confection de la carte du pays,
sous les ordres de M. le lieutenant-colonel d'état-major Adan,
savant distingué, directeur très-compétent de ce grand et impor-
tant travail ; et il s'est installé au Musée des antiquités. Il va sans
dire qu'il a trouvé sa section en désarroi, mais nous sommes
persuadés qu'il ne tardera pas à la mettre en ordre. Déjà le nou-
veau chef de section a pris diverses mesures auxquelles on ne
saurait trop applaudir. Désormais des étiquettes explicatives
seront placées sur les objets, en attendant la refonte du catalogue,
tissu d'erreurs qui exigent un remaniement complet. Il y a
mieux : dans la salle des armures, le public trouvera une table,
des chaises, un registre spécial sur lequel chacun est invité à
inscrire ses observations critiques, scientifiques ou autres, et tous
les jours, de dix à quatre heures, le chef de section se tient à la
disposition des amateurs qui le feront appeler par l'huissier de
salle. Est-ce que par hasard M. Van Vinkeroy serait d'avis que
les Musées sont faits pour le public et non pas seulement pour

les spécialistes ? Il est certain qu'en principe..... Mais dans la

pratique cependant, c'est là évidemment une sorte d'innovation
bien qu'il y en ait quelques autres exemples. D'aucuns la jugeront
peut-être dangereuse. Dût-on nous taxer de naïveté, avouons
qu'elle nous paraît louable, et faisons des vœux pour qu'elle se
maintienne au Musée de la Porte de Hal, ne fût-ce qu'à titre de
curiosité.

ERRATUM

Page 24, Nécrologie, 2e colonne, ligne 8, au lieu de Avillon, il faut lire Haviland.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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