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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0038

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24

L'ART.

L'exposition des tableaux et sculptures de M"' Sarah
Bernhardt. — Il ne semble pas que cette exposition ait fait à
Londres une sensation profonde.

Le catalogue comprenait vingt-huit œuvres, dont quatre de
M110 Louise Abbema.

UAthenœum en rendait compte en ces termes dans son
numéro du 21 juin : « Samedi dernier 1, nous avons e'té admis
à voir les esquisses à l'huile et les sculptures de Mllc S. Bern-
hardt , œuvres dont l'exposition est maintenant ouverte au
public. Parmi les peintures, il n'en est pas une qui soit suffi-
samment pousse'e pour prêter à une appréciation sérieuse, et la
critique est obligée d'attendre quelque échantillon plus complet
et plus important de l'habileté de la brillante actrice dans le
maniement du pinceau, avant de pouvoir dire qu'à part une
certaine richesse de coloris, à la fois doux et chaud, et une cer-
taine hardiesse de pinceau, ces esquisses témoignent à un degré
quelconque de « capacités » de quelque valeur, pour employer
le mot de Johnson2. Les sculptures au contraire, et surtout
deux bustes en bronze, témoignent d'une véritable maestria
dans cet art difficile, et l'on ne peut hésiter à reconnaître que ce
sont là des œuvres très remarquables. Le buste de M. Emile de
Girardin 3, admirable de ressemblance, et modelé avec une
habileté peu commune, pourrait être attribué à un vétéran de
l'école réaliste. »

U Academy préfère le buste de M. William Busnach à celui
de M. de Girardin 4. « Considérées comme œuvres d'art, dit ce
journal, les peintures exposées ne méritent pas beaucoup d'é-
loges, mais à titre d'essais un esprit non prévenu doit admettre
qu'il y a là de grandes promesses et beaucoup d'effet produit,
bien que le peintre manque de science et de pratique.... Le
tableau qui est le plus près d'être satisfaisant est intitulé Fan-
taisie, une étude de femme, à mi-corps, enveloppée d'ombres
d'un gris chaud, 'plus solidement peinte que les autres, et sur
laquelle le regard a plaisir à se reposer. Il est certainement
merveilleux que M110 Sarah Bernhardt trouve le temps de déve-
lopper dans tous les sens ses aptitudes artistiques, et cela prouve
une énergie et une adresse bien rares. »

Comparés à ces appréciations , les correspondances et les
articles des journaux de Paris sont d'une rigueur extrême. On
remarquera que la presse artistique anglaise rend pleine justice
au talent de M"° Sarah Bernhardt, sculpteur, et même à ses pro-
messes de talent comme peintre. A ce dernier point de vue
Y Athenœum est plus sévère que Y Academy, mais tous deux discu-
tent, ce qui est encore un hommage rendu à l'artiste. Intelligente
comme elle est, — car « elle n'est pas bête », elle en donne même
sa parole d'honneur, ce qui n'était pas nécessaire, — Mlle Sarah
Bernhardt doit préférer cette critique attentive et judicieuse à
des appréciations de pure courtoisie.

1. Le 14 juin, privale view.

2. Le mot de Johnson est potcnîialities, que nous traduisons par un à peu près

1. Voir dans l'Art, 4" année, tome III; page 255, un croquis de l'artiste d'après ce buste.
4. Ces deux bustes ont été exposés à Paris, au Salon de 1878.

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NÉCROLOGIE

Le paysagiste Jules Héreau vient de mourir victime
d'un épouvantable accident. Le jeudi, 26 juin, vers trois
heures, le train venant d'Auteuil rentrait à Paris par la
ligne de ceinture. Jules Héreau se trouvait sur l'impériale.
A l'entrée du tunnel des Batignolles, il commit l'impru-
dence de changer de place en se tenant à la main-courante
qui fait le tour de la toiture de l'impériale. Son crâne alla
se heurter et se briser contre la voûte du tunnel, et le
corps fut précipité dans une des fosses qui sont ménagées
le long de la maçonnerie pour que les ouvriers travaillant
à l'intérieur du tunnel puissent se garer au premier signal.
On le relevait peu d'instants après le passage du train.
La tète avait été tranchée à la hauteur de l'oreille. Le
cadavre fut immédiatement reconnu par un voyageur qui
se trouvait dans le même train, M. Léon Duez, frère du
peintre. Du reste, on trouva sur lui des papiers qui établi-
rent immédiatement son identité.

M. Léon Duez obtint de MM. Abit, chef de gare prin-
cipal de Saint-Lazare, et Braver, commissaire de police
intérieure, que, contrairement aux dispositions du règle-
ment en pareil cas, le corps de Jules Héreau ne lût pas
immédiatement transporté à son domicile, 53, boulevard
Rochechouart.

Il fallait avoir le temps de préparer la famille de la
victime à apprendre cette terrible nouvelle. Ce furent

MM. Duez, Bœtzel et Feyen-Perrin qui se chargèrent de
cette douloureuse mission. Tous trois sont des amis intimes
de la famille. Il est impossible de décrire la douleur de
Mmc Héreau à la nouvelle de cette mort inattendue, qui
la laisse veuve avec deux enfants, dans une situation très
précaire. La pauvre femme, qui est elle-même un peintre
sur porcelaine de grand talent ', revenait précisément
d'Auteuil, où elle travaille dans les ateliers de M. Avillon.

Jules Héreau était né à Paris en 1831. Il avait obtenu
la médaille au Salon de 1865 et au Salon de 1868.
Pendant son séjour en Angleterre il avait peint de remar-
quables vues de la Tamise. Au Salon de cette année,
il avait deux tableaux qui, pour n'être pas de son meilleur
faire, n'en témoignent pas moins d'un talent réel, et qui
d'ailleurs gagnent beaucoup à être revus. Nous avons
donné un dessin de lui d'après un de ces tableaux, Rives
de la Meuse (Voir l'Art, 5e année, tome II, page 188).

Sa mort tragique a consterné le monde artistique, mais
déjà l'on annonce que les confrères de Jules Héreau s;
proposent de faire pour la veuve et les enfants de l'infor-
tuné paysagiste ce qu'ils ont fait, avec un éclatant succès,
pour la famille de L. Mouchot. Une vente serait organisée
à leur bénéfice.

Les obsèques de Jules Héreau ont été célébrées le
28 juin, à midi, à Notre-Dame-de-Lorette.

1 M™ Héreau a également un certain mérite comme peintre de fleurs. Au Salon de 1879, on a remarqué le tableau qu'elle a exposé sous son
nom de jeune fille, Louise Darru, la Valse djs roses, dont nous avons donni un dessin (je année, tome Iï, page 18S).

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.

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