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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Pougin, Arthur: Madame Favart
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0245

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Frise dessinée par Pierre, gravée par Watelet.

MADAME FAVART

ucune actrice n'a jamais mieux répondu à l'idée qu'exprimait en 175:4
un admirateur enthousiaste de Mme Favart et de son incomparable
talent :

Nature un jour épousa l'Art.
De leur amour naquit Favart,
Qui semble tenir de son père
Tout ce qu'elle doit à sa mère.

La comédienne était alors dans tout l'éclat de sa jeunesse,
puisqu'elle comptait à peine vingt-sept ans ; et pourtant, adorée
déjà du public, elle venait de mettre le comble à sa renommée en
créant à la Comédie-Italienne, avec une supériorité incontestée, ce joli rôle de Zerbine, de la
Servante maîtresse, grâce auquel elle avait attiré la foule pendant plusieurs mois. Combien
d'autres lui furent aussi favorables, et que d'applaudissements ne recueillit-elle pas dans tous
ces jolis ouvrages auxquels elle prêta l'appui de sa science du théâtre et le charme de sa grâce
séduisante : la Fée Urgèle, Bastien et Bastienne, les Trois Sultanes, Ninette à la cour, la Fille
mal gardée, Isabelle et Gertrude, Annette et Litbin, la Chercheuse d'esprit, etc. !

Quel souvenir à évoquer que celui de cette actrice inimitable, qui fut la gloire et la joie d'un
temps si fertile en excellents acteurs de toutes sortes, qui fut la Favart, après avoir été la Chantilly,
c'est-à-dire tout à la fois la grâce, l'esprit, la malice, la naïveté, la tendresse, la finesse et
l'élégance ! Type aimable, enchanteur et séduisant, artiste sans seconde et sans héritière, qui fut
simultanément danseuse, comédienne, chanteuse, virtuose, auteur et compositeur, et qui excellait
dans toutes les choses auxquelles il lui plaisait de toucher. La grâce de la Comédie-Italienne,
l'enfant gâtée du public, la favorite de la cour, l'esclave de son art, qu'elle respectait comme elle
se respectait elle-même ; avec cela bonne fille, bonne épouse, bonne mère, bonne amie,
compatissante aux maux d'autrui, toujours prête à faire le bien, l'oreille et la main tendues à
toutes les misères, et joignant, on peut le dire, les qualités exquises du cœur le plus généreux
aux qualités charmantes de l'esprit le plus aimable.

Svelte et légère, mignonne et élégante, Mme Favart, sans être précisément et correctement
jolie, réunissait, on peut le dire, toutes les séductions. Faite au tour, avec la taille fine et les
épaules développées, elle avait le col admirablement attaché ; avec cela un bras irréprochable, la
main fine, le pied petit et cambré, et une jambe merveilleuse. Quant au visage, si le nez était

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