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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Leroi, Paul: Salon de Paris, 1879, [2]: Gravure et lithographie
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0145

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SALON DE PARIS, 1879

GRAVURE ET

Il faut une terrible dose de très robustes illusions ou des
trésors d'inépuisable indulgence pour ne pas reconnaître que la
gravure au burin, autrefois l'honneur de l'école française, fait
de plus en plus piètre figure au Salon. M. Gaillard — un vrai
maître, une glorieuse exception — s'abstient, et nous sommes
tristement réduits au plus que modeste régime de graveurs qui
ne rappellent en rien leurs illustres devanciers. La Société
française de Gravure, créée pour remédier à cette terrible déca-
dence, se contente d'être pavée de bonnes intentions et précipite
en réalité le mal qu'elle s'est chargée d'enrayer, grâce à ses
commandes de plus en plus malencontreuses. Son comité direc-
teur accepte avec la plus surprenante facilité des planches que
pas un collectionneur qui se respecte n'admettrait dans ses porte-
feuilles ; c'est un encouragement perpétuel à la médiocrité.

Voici du reste le bilan de la gravure au burin au dernier
Salon des Champs-Elysées ; il n'est pas précisément favorable
à la Société française de Gravure.

— C. P. A. Bellay : la Jurisprudence, d'après Raphaël —
pour la Société française de Gravure — ne se recommande que
par un ensemble de travaux inintelligents, pauvrissimes et irri-
tants ; on dirait l'œuvre d'un enfant d'après un dessin de demoi-
selle, rond, mince, maigre, petiot et sec.

— Gustave Biot : Aglaé, d'après M. Cabane!. Une bonne
planche, mais quel tableau ! N'y être pas condamné et graver
Cabanel !

— Auguste Danse : la Folie de Hugues Van der Goes,
d'après M. Wauters. Un homme d'un talent sérieux à qui je
n'adresserai qu'un reproche : cette importante planche a un
certain air lithographique sur lequel il est utile d'appeler l'atten-
tion de l'artiste.

—■ Alphonse Lamotte : Pêcheur et jeune fille de l'île de
Procida (golfe de Naples), d'après Léopold Robert — pour la
Société française de Gravure, — planche détestable; rien que
des défauts. La Mignon, d'après M. Jules Lefebvre, ne vaut pas
mieux; c'est dur, sec, pénible, insignifiant et noir, et le graveur
avait à rendre un tableau clair !

La Chalcographie du Louvre a chargé M. Gustave Lévy de
reproduire, d'après la Rosalba, la Jeune Fille à la Couronne ; ce
n'est guère l'affaire du burin ; cette réserve faite, il n'est que
juste de reconnaître que M. Lévy est très habile et possède une
grande douceur d'outil.

A propos de la Chalcographie, je ne sais si quelqu'un est
disposé à lui pardonner d'avoir songé à M. Morse pour le Béné-
dicité de Nicolas Maes ; en tout cas ce n'est pas moi.

— E. N. Varin : Son Pèlerinage à Naples, d'après Dalbono,
lui a vaillamment conquis une seconde médaille ; c'est charmant,
très brillant, très lumineux, très réussi, du burin le plus souple,
le plus séduisant. Si ce n'est pas de l'art austère, c'est de l'art
agréable dans le sens le plus artiste du mot.

M. Henri Vion est mieux déjà qu'une sérieuse espérance ;
l'Art se devait d'encourager d'aussi heureux débuts. Un jeune
seigneur, d'après Lucas Cranach, a obtenu une mention hono-
rable ; c'est d'un burin sévère et bien autrement fort que ce que
produisent les Bellay et Tes Lamotte, ces étranges favoris de la
Société française de Gravure.

1. Voir l'Art, 4» année, tome III, page 25c.

2. Voir l'Art, 5" année, tome II, pages 104, ioj, 107 et 10?.
j. Voir l'Art, 4.0 année, tome IV, page 189,

4. Voir l'Art, 40 année, tome II, page 219.

Tome XVIII.

LITHOGRAPHIE

Si les burinistes occupaient très modestement leur place au
Salon, les aquafortistes y triomphaient plus que jamais sur toute
la ligne, et les graveurs sur bois y ont fait florès ! A-t-on assez
enterré la gravure sur bois ! La photographie était venue sonner
bien définitivement son glas funèbre ; on était unanime sur ce
point et on était certain de ne pas se tromper en prononçant le
Hic jacet.

Surgisse cependant un artiste hors pair et une renaissance
de se produire bientôt à sa suite, la renaissance la plus inatten-
due. C'est à M. Stéphane Pannemaker que revient tout l'honneur
de cette révolution inespérée. Il a victorieusement réussi à faire
parler à la gravure sur bois un langage nouveau ; il ne l'a pas
seulement relevée de l'état d'abandon dans lequel elle était tom-
bée ; il l'a grandie et transformée en un art bien autrement
important que par le passé, et, j'insiste sur ce point, bien autre-
ment respecté. Il y avait en effet par trop du menuisier dans le
graveur sur bois et l'on ne se faisait pas faute de le dire. Grâce
à M. Pannemaker, il n'est plus question de ce dédain ; on est de
nouveau en présence d'artistes.

Puisque médailles et récompenses il y a, le jury s'est honoré
en rompant avec de vieux préjugés et en n'hésitant pas à décer-
ner une première médaille à M. Stéphane Pannemaker, un
maître dans son genre et qui a fait une fois de plus œuvre de
maître dans ce Portrait de M11' Sabine, d'après M. Carolus Duran ;
c'est d'une exécution superbe à laquelle en cherchant bien on ne
trouverait à reprocher qu'un tantinet de bouffissure dans la tête.
M. Pannemaker est Belge ; Bruxelles, sa ville natale, a tout droit
de s'enorgueillir d'un tel artiste. Ceci à l'adresse de mon ami
Jean Rousseau, de notre excellent collaborateur qui est à la tête
de la direction des Beaux-Arts en Belgique.

Après M. Pannemaker, le plus fort pour la figure est sans
discussion M. H. A. Thiriat ; puis M. Ch. J. Robert qui a très
bien gravé un Portrait de Victor Hugo — peut-être légèrement
trop blanc et noir; — M. J. M. Vallette — deuxième médaille —
très fort, très coloriste, — sa Pierrette, d'après M. de Madrazo,
son délicieux Baptême, d'après M. Kaemmerer, sont d'une tona-
lité qui tient vraiment du prodige ; — M. Léon Rousseau dont
la mention honorable méritait d'être transformée en médaille —
il se recommande par de remarquables qualités de dessin dans
l'Amour et l'Argent, d'après M. Vély, et sa Folie de Hugues van
der Goes, d'après M. Wauters, entre sérieusement en lutte avec
le burin ; — M. Puyplat qui a reproduit avec tant de succès le
Lion de Belfort ', d'après M. Bartholdi, et d'adorables fresques de
ce magicien qui a nom Tiepolo, publiées dans l'Art*; — M. Per-
richon qui a fort bien rendu un dessin de M. E. M'orin : le Dé-
sastre, — c'est de la gravure pleine de caractère ; — MM. Auguste
et Emile Tilly dont le talent est si apprécié des lecteurs de l'Art :
la Halle au poisson à Saint-Malo, d'après M. Lhermitte3,
A la cour d'assises, d'après Daumier4; — M. Leveillé qui a tra-
duit avec un charme extrême une Idylle, dessin d'Enrique Serra,
un jeune artiste espagnol dont nous aurons bientôt l'occasion de
nous occuper plus au long ; bornons-nous aujourd'hui à le
signaler et à constater qu'il marie les mérites les plus séduisants
aux qualités les plus sérieuses; —• M. Langeval, l'heureux inter-
prète de MM. Bernier, Guillemet et Yon; — M. Eugène Froment,

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