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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Beraldi, Henri; Portalis, Roger: Charles-Étienne Gaucher
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0177

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Encadrement du portrait de Marie Leczinska.
Grave par Gaucher d'après Nattier, en 1767, pour l'Histoire de France du président Hénault.
D'après une épreuve d'eau-forte appartenant à MM. Béraldi.

CHARLES-ETIENNE GAUCHER1

Parmi les graveurs dont les travaux délicats font l'ornement
des livres publiés dans la seconde moitié du xvm* siècle, Gaucher
est peut-être celui qui charme le plus par la finesse et la dou-
ceur de son burin. Ses nombreuses productions, portraits,
adresses et vignettes, soutiennent facilement la comparaison
avec les meilleurs ouvrages de ce genre qu'exécutèrent ses
brillants rivaux, les Le Mire, les de Longueil, les Duclos, les
Prévost, les Saint-Aubin, les de Launay, les Masquelier. Moins
incisif, il est vrai, et moins spirituel que certains d'entre eux, il
se distingue cependant de tous par un modelé personnel, une
manière caressée qui font reconnaître ses œuvres à première
vue et lui constituent une véritable originalité. Si, vers le déclin
de sa carrière, il a consacré son talent bien diminué à la repro-
duction d'eeuvres médiocres, il n'en est pas moins vrai que,
dans le temps de son éclat, il est peu de graveurs qui puissent
le surpasser pour le charme et la grâce.

Charles-Etienne Gaucher est né à Paris, en 1741, dans une
famille de la bonne bourgeoisie. Ses parents désiraient le voir
devenir médecin, mais dès son enfance une vocation irrésistible
le poussa vers les arts ; une circonstance fortuite vint encore
développer sa vocation naissante. Placé chez un professeur, il
grandit auprès de sa fille qui gravait agréablement à l'eau-forte, et
le désir de plaire à sa jeune compagne développa encore chez le
jeune Gaucher la pratique et le goût des arts. Enfin, sa famille
se rendit à ses désirs et le lit entrer chez Basan, où les apprentis
graveurs pouvaient apprendre leur métier en exécutant des
planches pour ce grand éditeur d'estampes.

Ses premiers travaux sont des reproductions de maîtres
flamands pour la Galerie de Dresde, que Basan retouchait pour
les rendre dignes de figurer dans cette collection.

Gaucher abandonne ensuite ce maître pour entrer dans le
fameux atelier de Lebas, où tout graveur devait à cette époque
aller se perfectionner et où notre jeune artiste était sûr de trou-
ver une direction artistique supérieure. En faire partie était
presque une assurance de succès pour l'avenir. C'est donc dans
cette pépinière de talents naissants d'où vont bientôt sortir tant
de charmants artistes, Moreau, de Longueil, Godefroy, Cathe-
lin, Masquelier et tant d'autres, c'est dans cette véritable
académie de gravure que le futur auteur du gracieux portrait

de Mra0 du Barry va apprendre à piocher le cuivre et à indiquer,
d'une pointe de bonne heure habile, le fin tracé d'un délicat
portrait de femme; joyeux atelier habilement conduit par le
père Lebas, très fin dans sa bonhomie, n'épargnant ni ses soins
ni son argent, et qui corrigeait toujours ses élèves par quelque
plaisanterie bienveillante et inoffensive.

L'Après-dinée flamande, d'après Van Tilborch, doit être de
ce temps d'étude, car elle est dédiée à M. Lebas par son très
humble serviteur et élève Gaucher, ainsi que des copies curieuses
de neuf pièces des Contes de La Fontaine, de l'édition dite des
Fermiers généraux, et où le jeune graveur avait choisi pour
s'exercer quelques-unes des meilleures planches de Le Mire et
de Longueil.

Gaucher semble, malgré cet essai de vignettes, s'être dès
cette époque adonné surtout à la gravure des portraits de petite
dimension. Il s'essaye d'abord timidement dans ceux de Jean-
Jacques Rousseau (1763), de Pierre Corneille (1764) pour
l'édition patronnée par Voltaire, et dans celui de Racine, des-
tiné à ses Tragédies éditées par Luneau de Boisgermain : tout
à coup il grave ce petit chef-d'œuvre d'expression, de goût et
de finesse d'exécution, le portrait de Marie Lecpnska d'après
Nattier. L'élégant médaillon contenant la royale effigie entourée
d'une guirlande de lis. et de roses, que l'on jurerait, sans la
signature, exécutée par Choffard, était destiné à orner la dédi-
cace de l'Abrégé de l'Histoire de France que le président
Hénault adressait à la reine. La préparation à l'eau-forte de ce
bijou de gravure est certes fort agréable, mais elle ne fait pas
encore présager tout ce que l'artiste mettra ensuite, dans la
planche terminée, de charme et de délicatesse. Peut-être a-t-il
montré dans quelques travaux plus importants toutes les res-
sources de sa science et de son burin ; pour nous, il a donné là
sa mesure et il ne fera pas mieux.

Et pourtant, quelle plus charmante chose que l'élégante
image de cette grande impure, la Comtesse du Barry (1770),
que nombre d'amateurs préfèrent ! Cette gravure, d'une grande
finesse de pointe et d'un travail dans les chairs qui semble un
tour de force, est une ravissante pièce et l'une des mieux réus-
sies du graveur.

A présent Gaucher est célèbre, et sa réputation est faite

1. Cette étude est le résumé d'un volume intitulé Charles-Etienne Gaucher, graveur; Xotice et Catalogue. Paris, Morgani et Fatout, qui vient de paraître,
tiré seulement à ijo exemplaires. Les auteurs, MM. H. Béraldi et K. Portalis, ont bien voulu extraite cette notice de leur travail pour être offerte aux lecteurs de
l'Art. (X. D. L. R.)
 
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