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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Hugonnet, Leon: La vérité dans l'orientalisme
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La distribution des récompenses
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0161

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LA DISTRIBUTION DES

été Égyptienne. Le corps est bien dessiné, mais la couleur n'y
est pas. C'est du soleil et de l'or qu'il faut sur ces chairs et non
de l'encre. L'Arnaute albanais et le cosaque russe se communi-
quant le feu de leurs cigarettes, et que M. F. D. Millet appelle, par
ironie probablement, les Pacificateurs à San Stephano, ressem-
blent assez à ceux que j'ai vus l'année dernière, au moment de
la signature de la paix, au quartier-général russe.

J'ai sans doute, dans cette rapide énumération, commis bien
des oublis1. J'en ai dit assez pour permettre de distinguer le bon
grain de l'ivraie dans cet immense champ que je me suis borné
à parcourir rapidement. Je terminerai en disant que, dans la
section de sculpture, les deux bustes en bronze de M. Emile
Guillemin, qui représentent une Jeune fille kurde et un Zevbek,

RÉCOMPENSES. 119

sont de toute exactitude. Le bachi-bouzouk surtout est bien
semblable à ceux que nous ayons vus arriver en Roumélie,
venant de Gu^el-Hissar (belle forteresse), montagne des envi-
rons de Smyrne. En Turquie, les irréguliers de chaque province
ont des costumes un peu différents. Les Arnautes albanais ne
s'habillent pas comme les Zeybeks. Avec notre tendance à tout
synthétiser, nous pourrions commettre une petite confusion,
si je ne faisais cette remarque. Je bornerai là ces réflexions,
beaucoup trop courtes, mais suffisantes, je l'espère, pour rendre
justice aux véritables orientalistes et pour démasquer ceux qui,
en les parodiant, pourraient fausser le goût du public, ou tout
au moins lui enlever la confiance.

Léon Hugoxnet.

LA DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES

La cérémonie de la distribution des récompenses a eu lieu
le dimanche 27 juillet à l'école des beaux-arts , dans la salle
Melpomène.

Nombreuse et très brillante assistance. Quantité d'artistes en
habit noir, le visage illuminé de toutes les joies du triomphe.
Les parents et amis, juchés sur les banquettes du fond de la salle,
ne ménagent point leurs applaudissements. M. Jules Ferry pré-
sidait, ayant à ses côtés M. Turquet, sous-secrétaire d'Etat des
beaux-arts, M. Paul Dubois, directeur de l'école des beaux-arts,
MM. Eugène Guillaume et Robert-Fleury, membres de l'Insti-
tut, et M. Rivet, chef de cabinet de M. Turquet.

L'honorable ministre a pris la parole.

« Mesdames et messieurs, a-t-il dit en substance, c'est un
usage constant que le ministre des beaux-arts se rende à cette
cérémonie annuelle pour s'entretenir quelques instants de ce
que le gouvernement veut faire pour les arts, je me conforme à
cette coutume, mais je lui trouve aujourd'hui quelque injustice
quand je vois assis à mes côtés M. Turquet, sous-secrétaire d'État,
dont vous avez, depuis six mois, pu apprécier les efforts, l'acti-
vité et l'initiative intelligente pour vos intérêts. Eh bien ! j'ai
pensé que puisqu'il avait été à la peine, il était juste qu'il fût à
l'honneur. Il ne l'a pas voulu.

« Permettez-moi donc de vous dire ce que je pense des
beaux-arts. Je crois que le gouvernement peut beaucoup pour
les arts, mais il ne doit pas songer à les diriger ; son rôle est de
se contenter de les propager, et il le peut de deux façons : d'abord
par l'enseignement, ensuite par les musées. Dans ce double
domaine, nous devons et nous pouvons beaucoup.

« Démocratie oblige, et dans une société démocratique, l'en-
seignement artistique ne doit pas viser que l'élite ; il doit péné-
trer dans les couches profondes de l'industrie nationale. Pour
que l'art industriel entre en communication avec l'art que vous
représentez ici, le gouvernement a voulu que l'enseignement du
dessin fût développé et relevé dans les écoles primaires du pays
tout entier. M. Bardoux, mon prédécesseur, avait indiqué déjà
cette voie, je l'y ai suivi, en faisant entrer le dessin dans l'ensei-
gnement secondaire.

c Après cet enseignement oral, ai-je dit, il faut celui des
musées. Or, à Paris, qui en contient de si nombreux, il en man-
quait un : le Musée de la sculpture française. Grâce à cette
grande commission historique, qui a rendu et rend tous les jours
à notre pays de si utiles services, et que personnifie un nom
illustre, celui de M. Viollet-le-Duc, nous établirons au Troca-

déro ce nouveau musée. Il contiendra les moulages des œuvres
si peu connus de nos artistes du Moyen-Age et de la Renaissance,
oeuvres admirables que nos glorieux aînés ont légués à notre
ingratitude.

« Nous nous occuperons enfin de la province et des décora-
tions de nos monuments civils. Nous avons commencé par
Belfort, par Blois ; nous continuerons par Grenoble, Nancy,
Toul, Châteaudun, Lyon. Il y a dans notre histoire nationale
une nouvelle et féconde source d'inspiration. Étudiez-la. Faites
de l'art la glorification de la patrie, ce qui est pour l'art et la
patrie le dernier degré de la grandeur. »

Ce discours, dont nous ne donnons ici qu'un rapide résumé,
a été vivement applaudi à plusieurs reprises. C'est que M. Jules
Ferry s'est plu à appuyer sur les deux notes que le public aime
le mieux, la note patriotique et la note moderne. Il n'a pas même
reculé devant les personnalités. On a beaucoup remarqué, par
exemple, le passage où, comparant M. Henner à Léonard de Vinci,
il a crânement déclaré que le premier avait su retrouver les
secrets et la profondeur du maître italien. Il a risqué aussi l'éloge
de l'école du plein air « dont j'ai voulu, a-t-il dit, récompenser,
malgré son extrême jeunesse, un des représentants les plus
brillants ». Tous les regards se sont tournés à ces mots vers
M. Bastien-Lepage. Mais où M. Jules Ferry a le plus ouverte-
ment rompu avec les traditions officielles des discours d'apparat,
c'est quand il a eu le courage, en face de l'Institut qui remplissait
l'estrade, de condamner les tendances absolutistes de l'Académie
des beaux-arts. « Oh ! pas celle-ci, l'ancienne ! » a-t-il repris
aussitôt, afin que personne ne pût s'y méprendre. Plusieurs têtes
se sont baissées; M/Cabanel manquait à la fête.

Nous avons publié précédemment la liste des récompenses
du Salon. (Voir 50 année, tome II, page 239.)

Voici les nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur,
proclamées à l'issue de la cérémonie par le ministre des beaux-arts :
Au grade d'officier : M. Antonin Mercié, sculpteur.
Au grade de chevalier : MM. Louis de Ronchaud, secrétaire
général au sous-secrétariat des beaux-arts ; Fr. Ehrmann ;
J. Bastien-Lepage; H. Fantin-La-Tour et Gustave Jacquet,
peintres, et Théophile Chauvel, graveur et lithographe.

D'accord avec le nombreux auditoire qui assistait à la séance,
nous applaudissons de tout cœur à ces nominations, et l'on nous
permettra de féliciter tout particulièrement notre collaborateur
M. Chauvel d'une distinction méritée à plus d'un titre, de l'aveu
*de tous.

1. Par exemple les Bords dti Cheliff, de M. Huguet, dont l'Art a déjà fiit ressortir les qualités (;e année, tome II, page 176), et les Cavaliers arabes de
M. Washington, dont cette revue a publié un dessin. (Ibidem, page 209.)

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