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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0127

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CHRONIQUE

FRANÇAISE.

quelques défectuosités, mais elles ne sont pas assez graves pour
faire tort aux mérites substantiels et solides de ce travail considé-
rable. D'après ce que nous avons dit plus haut, on comprend que
l'écrivain le plus habile, le plus artiste, serait embarrassé de
peindre d'après une telle figure un portrait brillant et plein
d'effet. Aussi ne regrettons-nous pas trop ici l'absence de ces
qualités littéraires, de cette philosophie critique, dont nous ne
pourrions pas nous passer s'il s'agissait d'une biographie de
Léonard ou de Michel-Ange.

L'espace dont nous disposons ne nous permet pas de suivre
nos auteurs dans les détails d'une existence qui a rempli près
d'un siècle. Il nous faut nous borner à indiquer brièvement
quelques-unes des qualités caractéristiques de leur œuvre. En
thèse générale, cette vie du Titien est digne des plus grands
éloges, et l'on ne saurait imaginer un répertoire de faits plus
complet. Il y a là réponse à tous les points d'interrogation.
L'exactitude a été la préoccupation dominante de MM. Crowe
et Cavalcaselle qui, depuis longtemps passés maîtres en érudition,
n'ont rien négligé pour que ce nouvel ouvrage fût à la hauteur
de leurs précédents travaux. Personne n'étant infaillible, il se
peut qu'ils aient commis quelques erreurs, mais il est assurément
peu de critiques qui puissent se flatter de posséder l'érudition
nécessaire pour les prendre en défaut. De plus, il y a lieu de
constater que dans l'ensemble MM. Crowe et Cavalcaselle ont
parfaitement saisi les caractères de l'art du Titien. S'agit-il de
comparer les tendances opposées des deux grandes écoles de Flo-
rence et de Venise, ils tiennent la balance d'une main équitable,
ils font preuve de discernement et d'impartialité. Mais malheu-
reusement, ils ne sont pas toujours conséquents avec eux-mêmes,
leur critique a des écarts de logique, et lorsqu'ils en arrivent aux
œuvres du maître ils se laissent parfois entraîner à revendiquer
pour son talent une sorte de suprématie que leurs prémisses

semblaient lui refuser. Ils vont ainsi à l'encontre de leur but,
car, loin de nous associer à leurs louanges exagérées, nous nous
sentons troublés dans notre admiration pour les chefs-d'œuvre
qu'ils prisent avec le plus de raison ; et à force d'entendre vanter
chez Titien certains mérites d'imagination et de composition,
très secondaires dans son art, notre attention se détourne des
qualités puissantes qui en font l'originalité réelle. Son génie est
assurément la plus haute expression des principes de l'école
vénitienne , mais il en marque aussi très nettement les infran-
chissables limites. C'est par lui que nous mesurons la distance
énorme qui sépare Venise de Florence. Avant lui les éléments
inconciliables qui devaient aboutir à un antagonisme manifeste
ne s'étaient pas franchement dégagés, mais la force de son indi-
vidualité les fit éclater en pleine lumière et pour toujours.

Un des chapitres les plus intéressants de ces deux volumes
est celui qui nous montre le développement graduel de cette
individualité, issue de l'influence des Bellini, des Giorgione, des
Palma Vecchio. MM. Crowe et Cavalcaselle insistent sur l'auto-
rité que ce dernier prit sur le style de la jeunesse de Titien. Et
ils ont raison de lui rendre justice, car Palma est parmi les pré-
décesseurs de Titien le seul artiste chez lequel on trouve dans
l'expression des formes féminines cette volupté sensuelle que
Titien était appelé à développer. Très intéressants au point de
vue historiques les récits détaillés du séjour de Titien à Mantoue
et de ses relations subséquentes avec Charles-Quint et Philippe II.

Nous n'avons qu'un reproche sérieux à adresser aux auteurs
de cet excellent ouvrage : il porte sur les illustrations. Pas
d'illustrations du tout, cela pouvait aller, mais du moment que
les auteurs jugeaient à propos d'illustrer leur livre on a peine
à concevoir que d'aussi faibles, d'aussi pauvres gravures sur
boisaient trouvé grâce devant eux.

J. W. comyns carr.

CHRONIQUE FRANÇAISE

Salon de 1879. — Les entrées au Salon ont produit une
somme totale de 214,694 francs. A ce renseignement nous pou-
vons ajouter celui-ci que les recettes du soir ont été de 83,000 fr.
pour le mois durant lequel les salles ont été éclairées à la lumière
Jablochkoff. Conformément au traité intervenu avec la société,
l'État a abandonné à celle-ci les quatre cinquièmes de cette
somme.

— La distribution des récompenses décernées aux artistes
exposants aura lieu à l'école des beaux-arts le dimanche 27 juillet,
à deux heures, sous la présidence de M. le ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts. On se rappelle que l'an dernier
cette cérémonie eut lieu dans le salon carré du palais de l'Indus-
trie ; cette mesure avait été prise en souvenir du tumulte causé
par les élèves de l'école des beaux-arts, en 1877, à la salle Mel-
pomène, sous le ministère Joseph Brunet.

Les envois de Rome. — Nous avons donné, dans notre pré-
cédente chronique, la liste des œuvres envoyées par les élèves
de la Villa Medicis. Ce que nous n'avons pas dit, c'est la déso-
lante impression produite par l'exposition de ces œuvres à
l'école durant la première quinzaine de juillet. Si la sculpture
continue à se maintenir dans une assez bonne moyenne, si les
dessins d'architecture se montrent plus remarquables encore
que d'habitude, en revanche les tableaux sont d'une faiblesse
qui dépasse vraiment la permission et appelle une immédiate
réforme. Ne jugera-t-on pas bientôt qu'il est temps de ne pas
enfermer durant quatre années dans les murs de la Villa Medi-
cis les artistes qui ont conquis le prix de Rome ? M. Turquet,
l'honorable sous-secrétaire d'État, qui vient de prendre l'excel-
lente initiative de faire voyager désormais à travers les plus

importants musées de 'l'Europe les artistes qui obtiennent le
Prix du Salon, ne voudra-t-il pas compléter cette mesure en
ordonnant qu'à l'avenir les lauréats du Prix de Rome devront
employer au moins deux années du temps réglementaire à
visiter les pays illustrés par les grands maîtres? Ce serait la
seule tentative qui pourrait peut-être rajeunir une institution
aujourd'hui à peu près abandonnée par ses plus chauds partisans
d'autrefois.

La décoration du Théâtre-Français. — Les travaux que
l'on exécute dans la salle du Théâtre-Français, et qui ont motivé
le fameux voyage de la troupe à Londres, sont à peu près ter-
minés. Depuis plus de soixante ans, la salle de la rue Richelieu
n'avait guère subi que des restaurations partielles. Cette fois, on
a vidé d'un seul coup l'arriéré et on a accompli presque une
métamorphose. L'Art devant publier prochainement une étude
sur ce sujet, nous n'avons pas aujourd'hui à en parler. Nous
nous contenterons de dire que le plafond de M. Mazerolle, qui
va remplacer celui que M. Barrias avait peint en 1858, est achevé
et qu'on s'accorde parmi les artistes à le trouver tout à fait réussi.
Neuf baignoires ont été ajoutées, à la place du parterre ; le plan-
cher de l'orchestre a été relevé de façon à ce qu'on puisse mieux
voir la scène qu'auparavant des fauteuils avancés. Enfin M. Rubé
s'est absolument surpassé dans l'exécution d'un rideau qui est
un chef-d'œuvre.

— On connaît l'inestimable valeur artistique et historique
des bustes et statues de la Comédie-Française. Un incendie
aurait détruit cette admirable collection, qu'il n'en serait pour
ainsi dire pas resté de traces. C'est dans cette pensée de pré-
voyance que la direction des beaux-arts profite de la remise à
 
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