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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0074

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COURRIER

DES MUSÉES

VIII

France. — Une curieuse collection d'aquarelles représentant
les différents uniformes de la garde nationale, depuis l'e'poque de
son institution, en 1789, jusqu'à celle de sa suppression, a récem-
ment été' offerte au Musée de la ville de Paris.

Cette collection avait été formée par le conseil d'administra-
tion de la onzième légion, devenue plus tard la cinquième subdi-
vision ; elle était restée jusqu'à ce jour dans une des salles de la
mairie du VI" arrondissement, où le conseil se réunissait. Les
anciens officiers survivants ont pensé qu'ils ne pouvaient mieux
assurer la conservation de cette suite intéressante de l'histoire de
la milice parisienne qu'en l'offrant au préfet de la Seine, pour la
placer à l'hôtel Carnavalet, et cette proposition a été accueillie
avec empressement.

La dernière série de ces aquarelles a été exécutée en 1852
par M. de Moraine; on y reconnaît les portraits de plusieurs
notabilités politiques et artistiques qui figuraient dans les cadres
de la cinquième subdivision.

Le musée de Coutances. — (Correspondance particulière de
l'Art.) — Ouvert depuis 1874, le musée de Coutances vient de
s'enrichir, grâce à l'État, d'un nouveau tableau, Jésus ressuscite
la fille de Jaïre, par Cormon (Salon de 1877). Ce musée, qui
mérite d'être plus largement encouragé, a vu ses collections
prendre une importance réelle et ses locaux devenir rapidement
insuffisants. Aussi la municipalité, préoccupée de cette situation,
a-t-elle voté l'étude d'agrandissements sérieux.

Le local actuel, au centre de la ville, est l'hôtel du jardin
public. Ce jardin est l'un des plus riches, des plus beaux et des
mieux situés qu'il y ait en province. Le monument n'a par lui-
même rien de remarquable, si ce n'est le salon, richement décoré
et du meilleur goût. Le plafond, les voussures, les vases décora-
tifs et le plan général sont de Bichue, artiste coutançais, mort en
1789, auteur d'une belle gravure de notre cathédrale (1747), fort
recherchée des amateurs. Le musée possède un portrait de cet
artiste peint par lui-môme, don de M. Foulon, avocat à Valognes,
une scène de Bacchantes et Satyres, un portrait d'un juge au
présidial de Coutances, don du docteur Bassereau. La peinture
et le dessin de cet artiste sont sages et sévères, ce n'est pas léché,
on sent la main d'un maître. Nombre d'églises du pays sont enri-
chies de ses œuvres, très largement traitées.

Une société, dite du Cotentin, s'occupe d'une histoire locale
des artistes du pays. Ses recherches ont été heureuses ; ainsi
deux portraits par les deux Asselin lui ont été confiés pour être
copiés ; c'est de la belle et bonne peinture. Asselin père et fils,
artistes coutançais, appartiennent à l'école de Greuze.

Parmi les toiles remarquables de cette collection nous signa-
lerons : Un Robert Lefèvre, portrait historique grandeur nature,
du prince Lebrun, duc de Plaisance ; c'est le chef-d'œuvre de

ce maître. Un Rubens, esquisse d'une chasse au lion. Un Roos
de Tivoli. Une des bonnes marines de Joseph Vernet. Le chef-
d'œuvre d'Auguste Belle, inspecteur des Gobelins (1790), Périclès
et Anaxagore. Un Perrin, la Mort de Cyrus. Un Antoine Coypel.
Jacob se plaignant à Laban. Des paysages de Quinard (ire mé-
daille, Salon de 1822), de Lefournier (on dirait des Bertin),
d'Enguerrand de Mortemard (Salon de 1874), de P. Collin
(Salon de 1877), etc. Des fleurs de de Serres; des tableaux histori-
ques, entre autres, i83o, allégorie (Salon de 1831), par Baptiste
Quesnel, artiste coutançais, mort à Caen en 1867. Des portraits
du duc de Choiseul et Louis XV, par Louis Van Loo. Une toile
de Rigo (Salon de 1863), la Batterie des hommes sans peur. Des
portraits locaux, par Blaizot, Quesnel aîné, Quesnel jeune, etc.,etc.

Pour les dessins et gravures nous n'avons remarqué qu'une
belle eau-forte, la Cathédrale de Reims (Salon de 1877), par
Delauney, né à Gouville, à 10 kilomètres de Coutances; deux
belles aquarelles de M. Minel, auteur du jardin public; des
dessins de l'école italienne; un Fragonard, don de M. Léon
Lemuet; un Paul Delaroche, don de M. Durier, avocat à la cour
d'appel de Paris; un fusain (Salon de 1873), de Courroye du
Parc, des dessins, des gravures, des aquarelles d'artistes locaux
dont la trop longue nomenclature ne pourrait intéresser les
lecteurs.

Dans la sculpture, le musée possède peut-être le plus beau
bronze antique qui soit en France. Il a un peu souffert, ayant
été depuis 1830, époque où il fut acquis, relégué dans un coin
où on l'a fort malmené. Il a été remarqué à l'Exposition univer-
selle, galerie de l'art rétrospectif. Ce splendide buste du musée
de Coutances provient du musée de Torigny, collection des
princes de Monaco. Citons encore un autre antique, provenant
des fouilles de l'Esquilin, des figurines du xvie siècle, un reste
de statue, Chevalier de Malte, draperies bien comprises et lar-
gement traitées, un buste de Leverrier par Le Duc, qui a figuré
au Salon de 1878, quelques morceaux archéologiques et nous
aurons vu le dessus du panier de cette collection.

Je n'entre pas dans le détail des autres collections entreprises
par la direction du musée : géologie, minéralogie, zoologie,
ethnographie, numismatique ; je ne m'occupe même pas des
manuscrits du moyen âge, bien qu'il y en ait de fort beaux. Je
crois vous en avoir dit assez pour vous prouver que ce musée,
qui n'a que cinq ans d'existence, est dans une excellente voie.
Ce musée comble une lacune qui se faisait vivement sentir à
Coutances, centre du département de la Manche, ville essentiel-
lement universitaire, dont la population, instruite et lettrée, a
de sérieuses aspirations artistiques. Il faut espérer que les efforts
de cette petite localité n'échapperont pas longtemps à l'attention
et à la sollicitude de l'État. Il est du devoir de l'administration
centrale d'aider Coutances dans sa tâche artistique et hautement
civilisatrice.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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