DOI Heft:
Chronique française
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0291
CHRONIQUE
FRANÇAISE
L'Académie des beaux-arts vient de décerner le prix Bordin
(de 3,000 francs) à M. Eugène Muntz, le savant bibliothe'caire
de l'École des beaux-arts, pour son remarquable ouvrage : les
Arts à la cowrdes Papes.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres rappelle aux
inte'resse's qu'elle de'cernera pour la première fois en 1S81 le prix
Louis Fould pour lequel le fondateur a mis à la disposition de
l'Académie une somme de 20,000 francs. Le sujet est l'Histoire
des arts du dessin jusqu'au siècle de Périclès. Par les arts du
dessin, il faut entendre la sculpture, la peinture, la gravure,
l'architecture, ainsi que les arts industriels dans leurs rapports
avec les premiers.
Les ouvrages envoyés au concours seraient jugés par une
commission composée de cinq membres, trois de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, un de celle des sciences et un de
celle des beaux-arts.
La qualité de Français n'est pas nécessaire pour être admis
à prendre part au concours.
École des beaux-arts. — Le jury de l'école vient de juger
le concours préparatoire du prix fondé par M. d'Attainville :
ce prix, de 1,000 francs, est décerné à la peinture historique et
au paysage. Après une délibération de trois heures, le jury a
désigné les noms des dix concurrents de chacun des deux con-
cours et l'ordre dans lequel ils sont admis à entrer en loges.
L'exposition des œuvres aura lieu au mois d'octobre et le juge-
ment définitif sera rendu à la même date.
Bibliothèque de l'École des beaux-arts. — M. Victor
Schœlcher, sénateur, vient de faire à cette bibliothèque un don
très important qui se compose d'environ cinq cents ouvrages
relatifs à l'histoire de l'art et à l'archéologie. M. Schœlcher, qui
est un érudit passionné et délicat, a écrit jadis de savants articles
dans le Cabinet de l'Amateur, de M. Eug. Piot, et nous nous
rappelons notamment son étude si exacte sur les primitifs Van
Eyck, Memling, etc. M. Schœlcher est un collectionneur tout à
fait exceptionnel. En effet, ayant réuni dans ses nombreux
voyages une quantité d'ouvrages précieux et remplis de gravu-
res, au lieu de les ranger méthodiquement dans sa bibliothèque,
après les avoir revêtus de belles reliures, comme il arrive d'ordi-
naire, il les a courageusement découpés et taillés, suivant un
ordre topographique ou ethnographique, de manière à se com-
poser des albums uniques et de la plus rare valeur. C'est ainsi
qu'il a pu donner à la bibliothèque de l'Ecole des beaux-arts une
douzaine de volumes grand in-folio contenant chacun plusieurs
centaines de gravures propres à illustrer les sites, les monuments,
les mœurs, les costumes des principaux pays de l'Europe. Pour
citer un exemple, la ville de Munich, pour elle seule, a son
album de plus de 500 pages, dans lequel se trouvent les repro-
ductions anciennes ou modernes de ses monuments, de ses habi-
tants, des principaux tableaux de ses musées, etc. Les artistes
pourront trouver dans cette collection les renseignements les
plus complets pour obtenir la « couleur locale » à peu de frais.
Cette section topographique est complétée par 60 ou 80 cata-
logues de musées ou de collections particulières de la France, de
la Belgique, de l'Angleterre, de l'Espagne, etc., par des Guides
artistiques de toute sorte, et par un très grand choix de biogra-
phies des maîtres italiens. L'histoire de la gravure, qui était
extrêmement pauvre à la bibliothèque de l'École, se trouve
représentée maintenant, grâce à M. Schœlcher, par plus de
soixante-dix ouvrages. Signalons encore la série des livres illus-
trés depuis les éditions hollandaises du xvnc siècle jusqu'au
Faust de Delacroix ; les recueils de l'œuvre de plusieurs maîtres
célèbres, notamment de Hogarth et de Goya ; de très curieux
albums de caricatures de George Cruickshank, de Gavarni, et
surtout le Musée de la caricature ou recueil des caricatures les
plus remarquables publiées en France depuis le xiv° siècle jusqu'à
nos jours pour servir de complément à toutes les collections de
mémoires. N'oublions pas la collection complète de l'Art journal,
la seule qui existe à Paris, dans les dépôts publics.
Parmi les ouvrages rares et particulièrement intéressants au
point de vue bibliographique ou iconographique, nous devons
citer un vénérable petit in-4" imprimé à Florence en 1564; c'est
l'Orapone funerale di M. Benedetto Varchi, fatte e recitate da
Lui pubblicamente nell' essegni di Michel Agnolo Buonarroti in
Firen^e nella chiesa di San Lorenço. A mentionner encore ce
petit volume rempli de figures charmantes et qui est le récit d'un
dialogue entre un sénateur vénitien et un professeur de peinture
(Venise, 1660, in-8"). Et ces deux albums, qui ont pour titre
le Maraviglie delï Arte, et qui sont datés 1648! On n'en finirait
pas si l'on devait s'abandonner au plaisir de feuilleter ces pré-
cieuses reliques. Il faut se borner. On voit d'ailleurs que le don
fait par M. Victor Schœlcher à la bibliothèque de l'École des
beaux-arts réserve aux travailleurs et aux curieux mainte sur-
prise agréable.
Ville de Paris. — Des œuvres importantes de peinture et
de sculpture, à exécuter pour le compte de la Ville de Paris, vont
être mises au concours, en vertu d'une décision du conseil
municipal :
i° Neuf tableaux destinés à décorer les salles de mariage
des IIe et XIXe arrondissements. (Ces tableaux devront se rap-
porter à l'industrie, à l'histoire ou à la topographie de l'arron-
dissement.)
20 La décoration de deux écoles, en frise, représentant des
travaux champêtres ou industriels, des scènes patriotiques ou
historiques, ou des actes importants de la vie civile.
3° Deux plafonds, l'un pour la mairie du XIIe arrondisse-
ment, l'autre pour celle du XIXe.
4" Trois dessus de porte pour cette dernière mairie.
50 Un carton destiné à être reproduit en tapisserie pour
l'escalier de la mairie du XIIIe arrondissement.
En sculpture : un buste de la République pour la mairie du
XIIIe arrondissement; une statue équestre d'Étienne Marcel,
destinée à la place de l'Hôtel-de-Ville, et une statue de Voltaire,
qui sera érigée sur la place de ce nom, en face la mairie du
XIe arrondissement.
Les inscriptions parisiennes. — On sait que le préfet de la
Seine a institué récemment une commission chargée de donner
son avis sur toutes les inscriptions historiques, plaques commé-
moratives, etc., relatives à l'histoire de Paris.
Ce comité vient de signaler plusieurs inscriptions d'un grand
intérêt déposées actuellement dans les édifices dépendants du
ministère des beaux-arts. Il s'en trouve plusieurs notamment à
l'École des beaux-arts, où elles ont été placées par les soins
d'Alexandre Lenoir lorsqu'on s'occupait de la fondation du
musée des monuments français. Ce sont des dalles funéraires
des xve et xvie siècles et plusieurs inscriptions, dont l'une est
surmontée d'un bas-relief commémorant de l'amende honorable
faite aux religieux des Grands-Augustins par les sergents de
l'Université en 1440. Depuis plus de quatre-vingts ans ces mo-
numents sont restés exposés aux intempéries de l'air et ont
beaucoup souffert.
D'autres inscriptions, parmi lesquelles on remarque celle de
dom Mabillon, provenant de l'abbaye de Saint-Germain-des-
Prés, sont déposées depuis la disparition du musée des monu-
ments français, dans les magasins de l'abbaye de Saint-Denis,
FRANÇAISE
L'Académie des beaux-arts vient de décerner le prix Bordin
(de 3,000 francs) à M. Eugène Muntz, le savant bibliothe'caire
de l'École des beaux-arts, pour son remarquable ouvrage : les
Arts à la cowrdes Papes.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres rappelle aux
inte'resse's qu'elle de'cernera pour la première fois en 1S81 le prix
Louis Fould pour lequel le fondateur a mis à la disposition de
l'Académie une somme de 20,000 francs. Le sujet est l'Histoire
des arts du dessin jusqu'au siècle de Périclès. Par les arts du
dessin, il faut entendre la sculpture, la peinture, la gravure,
l'architecture, ainsi que les arts industriels dans leurs rapports
avec les premiers.
Les ouvrages envoyés au concours seraient jugés par une
commission composée de cinq membres, trois de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, un de celle des sciences et un de
celle des beaux-arts.
La qualité de Français n'est pas nécessaire pour être admis
à prendre part au concours.
École des beaux-arts. — Le jury de l'école vient de juger
le concours préparatoire du prix fondé par M. d'Attainville :
ce prix, de 1,000 francs, est décerné à la peinture historique et
au paysage. Après une délibération de trois heures, le jury a
désigné les noms des dix concurrents de chacun des deux con-
cours et l'ordre dans lequel ils sont admis à entrer en loges.
L'exposition des œuvres aura lieu au mois d'octobre et le juge-
ment définitif sera rendu à la même date.
Bibliothèque de l'École des beaux-arts. — M. Victor
Schœlcher, sénateur, vient de faire à cette bibliothèque un don
très important qui se compose d'environ cinq cents ouvrages
relatifs à l'histoire de l'art et à l'archéologie. M. Schœlcher, qui
est un érudit passionné et délicat, a écrit jadis de savants articles
dans le Cabinet de l'Amateur, de M. Eug. Piot, et nous nous
rappelons notamment son étude si exacte sur les primitifs Van
Eyck, Memling, etc. M. Schœlcher est un collectionneur tout à
fait exceptionnel. En effet, ayant réuni dans ses nombreux
voyages une quantité d'ouvrages précieux et remplis de gravu-
res, au lieu de les ranger méthodiquement dans sa bibliothèque,
après les avoir revêtus de belles reliures, comme il arrive d'ordi-
naire, il les a courageusement découpés et taillés, suivant un
ordre topographique ou ethnographique, de manière à se com-
poser des albums uniques et de la plus rare valeur. C'est ainsi
qu'il a pu donner à la bibliothèque de l'Ecole des beaux-arts une
douzaine de volumes grand in-folio contenant chacun plusieurs
centaines de gravures propres à illustrer les sites, les monuments,
les mœurs, les costumes des principaux pays de l'Europe. Pour
citer un exemple, la ville de Munich, pour elle seule, a son
album de plus de 500 pages, dans lequel se trouvent les repro-
ductions anciennes ou modernes de ses monuments, de ses habi-
tants, des principaux tableaux de ses musées, etc. Les artistes
pourront trouver dans cette collection les renseignements les
plus complets pour obtenir la « couleur locale » à peu de frais.
Cette section topographique est complétée par 60 ou 80 cata-
logues de musées ou de collections particulières de la France, de
la Belgique, de l'Angleterre, de l'Espagne, etc., par des Guides
artistiques de toute sorte, et par un très grand choix de biogra-
phies des maîtres italiens. L'histoire de la gravure, qui était
extrêmement pauvre à la bibliothèque de l'École, se trouve
représentée maintenant, grâce à M. Schœlcher, par plus de
soixante-dix ouvrages. Signalons encore la série des livres illus-
trés depuis les éditions hollandaises du xvnc siècle jusqu'au
Faust de Delacroix ; les recueils de l'œuvre de plusieurs maîtres
célèbres, notamment de Hogarth et de Goya ; de très curieux
albums de caricatures de George Cruickshank, de Gavarni, et
surtout le Musée de la caricature ou recueil des caricatures les
plus remarquables publiées en France depuis le xiv° siècle jusqu'à
nos jours pour servir de complément à toutes les collections de
mémoires. N'oublions pas la collection complète de l'Art journal,
la seule qui existe à Paris, dans les dépôts publics.
Parmi les ouvrages rares et particulièrement intéressants au
point de vue bibliographique ou iconographique, nous devons
citer un vénérable petit in-4" imprimé à Florence en 1564; c'est
l'Orapone funerale di M. Benedetto Varchi, fatte e recitate da
Lui pubblicamente nell' essegni di Michel Agnolo Buonarroti in
Firen^e nella chiesa di San Lorenço. A mentionner encore ce
petit volume rempli de figures charmantes et qui est le récit d'un
dialogue entre un sénateur vénitien et un professeur de peinture
(Venise, 1660, in-8"). Et ces deux albums, qui ont pour titre
le Maraviglie delï Arte, et qui sont datés 1648! On n'en finirait
pas si l'on devait s'abandonner au plaisir de feuilleter ces pré-
cieuses reliques. Il faut se borner. On voit d'ailleurs que le don
fait par M. Victor Schœlcher à la bibliothèque de l'École des
beaux-arts réserve aux travailleurs et aux curieux mainte sur-
prise agréable.
Ville de Paris. — Des œuvres importantes de peinture et
de sculpture, à exécuter pour le compte de la Ville de Paris, vont
être mises au concours, en vertu d'une décision du conseil
municipal :
i° Neuf tableaux destinés à décorer les salles de mariage
des IIe et XIXe arrondissements. (Ces tableaux devront se rap-
porter à l'industrie, à l'histoire ou à la topographie de l'arron-
dissement.)
20 La décoration de deux écoles, en frise, représentant des
travaux champêtres ou industriels, des scènes patriotiques ou
historiques, ou des actes importants de la vie civile.
3° Deux plafonds, l'un pour la mairie du XIIe arrondisse-
ment, l'autre pour celle du XIXe.
4" Trois dessus de porte pour cette dernière mairie.
50 Un carton destiné à être reproduit en tapisserie pour
l'escalier de la mairie du XIIIe arrondissement.
En sculpture : un buste de la République pour la mairie du
XIIIe arrondissement; une statue équestre d'Étienne Marcel,
destinée à la place de l'Hôtel-de-Ville, et une statue de Voltaire,
qui sera érigée sur la place de ce nom, en face la mairie du
XIe arrondissement.
Les inscriptions parisiennes. — On sait que le préfet de la
Seine a institué récemment une commission chargée de donner
son avis sur toutes les inscriptions historiques, plaques commé-
moratives, etc., relatives à l'histoire de Paris.
Ce comité vient de signaler plusieurs inscriptions d'un grand
intérêt déposées actuellement dans les édifices dépendants du
ministère des beaux-arts. Il s'en trouve plusieurs notamment à
l'École des beaux-arts, où elles ont été placées par les soins
d'Alexandre Lenoir lorsqu'on s'occupait de la fondation du
musée des monuments français. Ce sont des dalles funéraires
des xve et xvie siècles et plusieurs inscriptions, dont l'une est
surmontée d'un bas-relief commémorant de l'amende honorable
faite aux religieux des Grands-Augustins par les sergents de
l'Université en 1440. Depuis plus de quatre-vingts ans ces mo-
numents sont restés exposés aux intempéries de l'air et ont
beaucoup souffert.
D'autres inscriptions, parmi lesquelles on remarque celle de
dom Mabillon, provenant de l'abbaye de Saint-Germain-des-
Prés, sont déposées depuis la disparition du musée des monu-
ments français, dans les magasins de l'abbaye de Saint-Denis,