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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Chronique française et étrangère
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0244

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192

L'ART.

maîtres produira une impression plus vive, plus salutaire que
toutes les leçons, si éloquentes qu'elles puissent être, sur l'esprit
de tant d'élèves appartenant aux classes laborieuses qui consa-
crent dans la semaine leurs rares loisirs à suivre des cours de
dessin et n'ont réellement que le dimanche pour se donner
l'instructive distraction de visiter et étudier les Musées. L'état
de choses actuel est d'autant plus intolérable que si l'accès des
chefs-d'œuvre est interdit au public, on trouve tout naturel de
lui corrompre le goût en lui permettant tous les dimanches la
visite du palais de Hampton Court où l'on rencontre de temps
en temps un rare, très rare, bon tableau noyé, au milieu de
centaines d'affreuses croûtes et d'infectes copies.

Le succès éclatant des Suniay Art Exhibitions, dont la
Sunday Society a pris l'an dernier l'initiative, a décidé le Comité
directeur à développer sa propagande en organisant dans le
quartier essentiellement populaire de Londres — East End —
une Exposition d'œuvres d'art prêtées qui s'ouvrira cet automne
ou au commencement de l'hiver pour rester ouverte tous les
jours sans exception durant un mois. La Société fait appel à
tous les artistes, à tous les amateurs, en faveur de son entre-
prise si moralisatrice. Notre publicité lui est tout acquise, et
nous espérons que les artistes étrangers auront à cœur de pren-
dre, eux aussi, une part sérieuse au triomphe des nouveaux
efforts de la Sunday Society.

La preuve du reste qu'elle a utilement semé, c'est qu'elle
n'est déjà plus seule à poursuivre son but émancipateur. Ne
voyons-nous pas cette année l'Exposition de Peinture organisée
dans Royal Albert Hall, sous le patronage même de la Reine,
ouvrir ses portes tous les dimanches de quatre à cinq heures ?

— M. Jules Dalou , l'éminent artiste français qui est
professeur de sculpture au South Kensington Muséum, vient
de terminer deux œuvres d'une rare distinction et de beau-
coup de caractère : un groupe en terre cuite représentant un
ange emportant dans ses bras l'enfant que perdit la Princesse
Alice peu de jours avant de succomber elle-même, — ce groupe
est une commande de la Reine pour sa chapelle particulière à
Windsor Castle, — et la Charité, groupe en marbre destiné à
une fontaine qui va être érigée dans la Cité, derrière le Royal
Exchange, près de la statue en bronze de George Peabody.

— La Fine-Art Society prépare pour le mois de novembre
une exposition de cent aquarelles de Samuel Prout et de cent
aquarelles de William Hunt. Elle s'est assuré le concours de
M. Ruskin qui non seulement collaborera à la rédaction du
Catalogue, mais a en outre accepté de se charger en réalité de
l'organisation de l'exposition qui aura lieu dans les galeries de la
Société, New Bond Street, n° 148. Le célèbre critique aura seul
le droit de faire un choix parmi les aquarelles que proposeront
les collectionneurs à qui il est fait appel.

— New Bond Street devient de plus en plus le centre artis-
tique à la mode à Londres ; presque en face dep bureaux de l'Art,
au coin de Maddox Street on transforme les magasins de feu
M. S. Pratt, l'antiquaire bien connu, en une vaste galerie qui
prendra le titre d'Académie française des Beaux-Arts.

— Une Exposition de Trésors d'Art a été organisée à Chester
pour développer l'école d'art de cette ville (School 0/ Art) et
restera ouverte pendant les mois d'août et de septembre.

Bavière. — M. Cari Piloty vient de terminer la décoration
de la grande salie de l'Hôtel de Ville de Munich, travail consi-
dérable qui l'a absorbé pendant plusieurs années. C'est une
sorte d'apothéose des grands hommes nés à Munich.

Belgique. — Nous trouvons dans le Précurseur d'Anvers le
fort intéressant article suivant :

« Le Musée Plantin-Moretus vient d'acquérir deux gravures
des plus remarquables : l'une représente la Flagellation du
Christ, l'autre le Couronnement d'épines. Toutes deux sont de
dimensions colossales : 1 , 15 de haut et i"',5i de large; les

figures entières n'ont pas moins d'un mètre de hauteur. Chacune
des estampes se compose de six feuilles.

« D'après les inscriptions, la Flagellation est composée par
Rubens et dessinée par Pierre van Lint. Le sujet est emprunté
au tableau que possède l'église Saint-Paul de notre ville, mais le
dessinateur a notablement élargi la composition originale et y a
introduit une figure accessoire que n'a pas l'œuvre de Rubens.
Le Couronnement d'épines porte que Jean Thomas, d'Ypres,
ancien élève de Rubens, l'a dessiné en 1654. Les deux planches
eurent Gaspar Huberti pour imprimeur-éditeur; toutes deux
sont tirées sur le revers de six almanachs de l'année 1675, ce
qui permet de supposer qu'elles furent gravées et publiées vers
cette époque.

« Le Couronnement d'épines a une dédicace qui nous
apprend que le graveur Mathieu Borrekens fait hommage de ce
travail au doyen et au chapitre de Notre-Dame d'Anvers.
Comme les deux planches sont évidemment du môme burin et
forment pendant, il n'y a pas de doute qu'elles n'aient toutes
deux Borrekens pour auteur. Comme on pouvait l'attendre de
cet artiste, un des meilleurs de la seconde génération des gra-
veurs sortis de l'école de Rubens, la taille est pleine de coloris
et de moelleux.

« Considérées comme œuvres d'art, ces gravures sont des
plus remarquables ; à ce mérite intrinsèque elles joignent l'at-
trait de leurs dimensions tout à fait exceptionnelles, et, ce qui
en augmente singulièrement la valeur, elles sont d'une rareté
extrême.

« Elles étaient depuis de longues années la propriété de feu
M. van Hemeleer, le graveur anversois, et nos plus anciens
collectionneurs, ainsi que les élèves de cet artiste, se rappellent
encore parfaitement de les avoir vues dans son atelier et de ne
les avoir jamais rencontrées ailleurs. M. van Hemeleer y tenait
beaucoup et eut plus d'une fois l'occasion de les vendre. Il les
laissa à sa veuve après avoir exprimé le désir qu'elle ne les
vendît qu'à la ville d'Anvers.

« Ce qui a été fait. En effet, la ville a acquis au prix de
300 fr., pour le Musée Plantin-Moretus, les deux superbes pièces
qui sont actuellement montées sur tcile, encadrées et exposées
dans la salle des bois gravés de ce musée. Elles y forment les
dignes pendants des pièces également rarissimes ou plutôt uni-
ques : le grand plan de la ville d'Anvers, de 1565, et la carte de
Flandre, par Gérard Mercator, de 1540. »

Italie.— Une Exposition des Beaux-Arts aura lieu à Milan
au Palais Brera, du i01' septembre au 6 octobre. Elle se composera
exclusivement d'œuvres d'artistes italiens vivants.

— On vient de fondre à l'arsenal de Turin la statue en bronze
qui doit être placée au sommet du monument élevé place du
Statuto en souvenir du percement des Alpes.

Cette statue représente le Génie de la Science, qui tient
encore dans la main droite la plume avec laquelle il trace sur un
bloc de rocher les noms des ingénieurs Grattoni, Grandis et
Sommeiller. Il va prendre son vol sans se soucier des géants qui,
grimpant le long des rochers sans pouvoir monter, représentent
la force brutale vaincue et domptée par l'esprit.

La statue mesure plus de 4 mètres de hauteur et pèse près
de 6,000 kilog.

Pays-Bas. — La Hollandsche Teeken Maalschappy a inau-
guré le 7 août, dans une des salles de l'Académie des Beaux-Arts
de La Haye, sa quatrième Exposition d'Aquarelles.

Le Comité de direction se compose de trois artistes dont le
grand mérite n'est pas moins apprécié à l'étranger qu'en Hol-
lande: MM. H. W. Mesdag, A. Mauve et Willem Maris.

La clôture de l'Exposition est fixée au 11 septembre.

Les membres effectifs de la Société sont au nombre de 31,
y compris les 15 fondateurs. Il y a en outre 34 membres hono-
raires, la plupart étrangers.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VER ON.
 
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