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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Saint-Yrieix, ...: Les expositions de province: l'exposition des Beaux-Arts de Limoges
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L'ART.

preuves dans l'installation du Musée céramique ; il a exposé trois
paysages lumineux d'une touche vigoureuse et délicate à la fois.

M. Guillaume!, un orientaliste à qui on reproche de se sou-
venir de Marilhat, ce qui ne serait, à mon avis, pas un crime :
VOue&Nfi, et un Arabe labourant , deux toiles d'un grand
caractère. La dernière appartient à la ville de Limoges.

M. de Nittis : un Paysan espagnol, d'une finesse qui n'est
malheureusement plus dans les habitudes de ce peintre.

M. Henncr : un admirable portrait de femme, plein de vie,
d'un relief extraordinaire et d'une transparence merveilleuse,
qui le rapproche de plus en plus des Vénitiens.

Un autre beau portrait est celui de M. Alexandre Lafond,
ancien professeur de l'Ecole des beaux-arts de Limoges, peint
par lui-môme, d'une couleur un peu sombre, un peu triste, mais
solide et sincère, d'un dessin sévère et correct.

Voilà une énumération déjà bien longue et qui dépasse la
mesure d'une lettre; je ne puis pourtant me dispenser de nom-
mer M. Roybet, représenté par deux toiles importantes ; M. Pe-
louzc avec deux beaux paysages ; M. Stevens dont YOphélie ne
rend peut-être pas absolument le type de Shakespeare, mais
n'en a pas moins un charme étrangement poétique ; M. Vollon,
avec une marine et une nature morte; M. Schreyer, M. Clairin,
M. Hermann, etc.

Je m'arrête avec le regret de laisser de côté bien des noms
et bien des œuvres dignes d'attention. Mais je ne puis, étant en
pays limousin, ne pas dire quelques mots de la partie céramique
de l'Exposition. Ils seront brefs ; la presque totalité des pièces
exposées ayant déjà figuré à l'Exposition universelle du Champ-
de-Mars, puis, au pavillon de Flore, à l'Exposition d'art contem-
porain du Musée des arts décoratifs, je me trouve dispensé de

dont les produits se font remorquer par une originalité de bon
goût; ses vases décorés de plumes de paon en sont un des types
les plus heureux ; Mmc Moreau-Nélaton prouve une fois de plus
qu'on peut être à la fois une femme du monde et une grande
artiste ; M. Lœbnitz a envoyé des frises décoratives; M. Ulysse
et M. Tortat, de Blois, de beaux spécimens de faïences à émail
stannifère; M. Doulton, de Londres, ses grès si intéressants, si
artistiques, et qui ont été un des succès de l'Exposition univer-
selle.

J'en passe et des meilleurs, et j'arrive à la porcelaine :

A tout seigneur, tout honneur ! Sèvres est représenté par
un grand vase cylindrique, décoré au grand feu de four, de
fleurs en relief, des tons les plus extraordinairement variés et
du plus grand style. Cette pièce, hors ligne à tous les points de
vue, est un don de l'État au Musée céramique de Limoges,
où elle sera dignement placée.

M. Dubreuil, qui dirige actuellement la maison Pouyat, se
maintient à la tète du bataillon limousin. Son beau service
blanc, décoré de jours rebouchés à l'émail, excite à Limoges,
comme à Paris, l'admiration générale. Il expose également des
assiettes peintes au grand feu par M. Donzel et qui sont de
véritables perles d'élégante originalité.

MM. Gibus et Cie ont de charmantes pièces décorées en
pâtes rapportées; M. H. Ardant, de beaux biscuits dont la
blancheur et la finesse surpassent le marbre ; M. Peyrusson, le
savant chimiste, expose des vases dont les couvertes agatisées
aux tons chatoyants sont cuites à 1,800 degrés; enfin, pour clore
cette liste, l'atelier d'application de l'École des beaux-arts de
Limoges donne, par les nombreuses et intéressantes pièces qu'il
a exposées, la preuve et de l'utilité de son institution et de l'in-

longs commentaires et de descriptions détaillées. telligente et habile direction de ses professeurs ; une bonne part

Des deux salles consacrées à la céramique, l'une appartient
principalement à la faïence, l'autre à la porcelaine.

Dans la première, la place d'honneur a été justement attri-
buée aux belles pièces de M. Th. Deck, un maître qui ne se
repose pas sur ses lauriers , et sait faire mentir le proverbe qui
affirme que le mieux est l'ennemi du bien, et en justifier un
autre : il cherche et il trouve. Ses fonds d'or sous émail sont sa
plus récente trouvaille et non celle qui lui fait le moins d'hon-
neur. Il n'abandonne pas d'ailleurs ses anciens errements. Le
beau portrait de Henri IV, par M. Anker, la belle vasque persane

le mérite du résultat obtenu revient à M. Grenaud qui est à
leur tète.

L'art de l'émaillerie était mort à Limoges ; je dois constater
en finissant les patriotiques efforts qui sont faits pour le faire
revivre : M. Lot cherche à retrouver les anciens procédés; il y
arrivera, je n'en doute pas, et je n'en veux d'autre preuve que
les grisailles déjà très remarquables, un portrait de Rembrandt
entre autres, qu'il a exposées. A côté de lui, M. Bourdery, un
amateur, nous montre une suite de plaques à sujet d'un archaïsme
un peu cherché et où je signalerai un abus des tons rouges ; mais

sont là pour le prouver. il y a là aussi un eflort qui mérite d'être encouragé.

M. Haviland, un autre chercheur, a aussi une très remar- L'émail cloisonné a aussi ses adeptes : M. Thesmar a, dans

quable exposition, où la barbotine, que j'ai toujours jugée une
erreur céramique, domine un peu trop peut-être, mais qui se
relève singulièrement par la variété et la qualité des couvertes ;
je citerai surtout un rose vif et des bleus turquoise qui sont de
toute beauté.

Après ces maîtres, il convient de nommer M. Optât Milet,
de Sèvres, qui se distingue par l'ingéniosité des décors et qui
expose entre autres un très beau plat peint par M"10 Escalier;
MM. Beau et Porquier, de Quimper; M. Sazerat, de Limoges,

ce genre, un plat à fond jaune et décor de style japonais qui est
une pièce de première ordre.

J'ai fini, Monsieur le Rédacteur en chef, et je ne chercherai
pas d'autre excuse à la longueur abusive de cette lettre que
cette formule connue et toujours vraie : je n'ai pas eu le temps
d'être court.

S A I N T - Y R I E 1 X .

Limoges, juin 1879.

Cul-de-lampe composé pour l'Art par Marius (Michel) fils.
 
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