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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Molmenti, Pompeo: Les travaux de restauration du Palais des Doges à Venise
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0126

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94 L'A

peu d'années, moyennant une dépense complémentaire de trois
cent mille francs. La taxe annuelle d'entrée produit, vérification
faite, plus de 40,000 francs. Il faudra donc un peu moins de huit
années pour terminer ce travail.

En attendant, il paraît qu'on va commencer par sauver les
bords des puits en défendant de continuer à y puiser de l'eau.
Les parapets circulaires des citernes dans la cour du Palais Ducal
sont des bronzes admirablement coulés, modelés avec une mer-
veilleuse franchise, des chefs-d'œuvre d'invention ornementale.
Le puits vers la face interne septentrionale de la cour fut fondu
en bronze en 1546, par Nicolo deConti, fondeur des pièces d'ar-
tillerie de la République ; l'autre, vers l'escalier des Géants, est
l'œuvre d'Alphonse Alberghetti (15 59).

RT.

A force d'y puiser de l'eau, on a gâté et usé ces beaux puits.
Pour les arracher à une ruine complète, il n'est pas trop tard,
mais il n'est que temps.

Outre cela, on remplacera sur la porte dite délia Carta le
grand lion ailé, et la statue du doge Foscari dont la tète est con-
servée. Ensuite on rouvrira quelques-unes des anciennes salles
historiques, ordinairement fermées au public. Les tableaux et
les plafonds seront restaurés avec soin. Ils sont du reste en très
bon état de conservation.

On voit que si la cité des Doges tend à se moderniser, elle
n'a pas complètement perdu le culte de ses anciennes gloires et
des monuments de son art.

P. G. Molmenti.

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CXLIV

Titian : his life and tinte with some account of his family from
new and impublished records ', by J. A. Crowe and G. B. Ca-
valcaselle. 2 vol. London, John Murray.

Jamais l'histoire de l'art et la critique n'ont fait à Titien la
place que semblait lui assurer son immense valeur comme pein-
tre. Les merveilleux résultats de sa longue carrière ont été
acceptés avec enthousiasme, mais ils n'ont pas excité cette curio-
sité d'analyse qui a fait merveille au profit de tant d'autres
maîtres. C'est dans son génie même, ou plutôt dans son caractère
qu'il faut chercher l'explication de cette négligence manifeste.
Comparé à quelques-uns des principaux artistes de l'Italie, il est
certain qu'il manque à Titien cette séduction de personnalité
qui inspire les biographies ; ou plutôt nous dirions volontiers que
sa personnalité trouve dans son œuvre même une expression si
franche et si complète qu'elle décourage le biographe, persuadé
qu'il n'a plus rien à faire. Les conceptions de Léonard, de
Michel-Ange et même de Raphaël nous laissent inquiets, impa-
tients de pénétrer plus intimement dans l'individualité de l'artiste.
La signification profondément psychologique de leurs œuvres
nous fait sentir la nécessité de pousser plus avant nos recherches
dans l'histoire de leur vie et des événements de leur époque.
Mais devant un chef-d'œuvre de Titien nous devinons d'instinct
que la vie privée d'un tel peintre est moins étroitement associée
aux triomphes de son art. L'œuvre est à la fois plus complète et
moins personnelle, et elle ne porte pas trace de cet idéal cons-
tamment poursuivi, jamais atteint, qui se révèle toujours dans
l'art plus hautement spiritualiste des grands Florentins. La sou-
mission à la nature est plus absolue, et le cachet individuel de
l'artiste tient moins à la conception intellectuelle qu'au caractère
de l'exécution. N'est-ce pas là que gît la distinction fondamen-
tale entre l'art réaliste et l'art d'imagination, et Titien avec les
prodigieuses ressources de sa faculté d'imitation ne s'impose-t-il
pas à nous comme le créateur du style réaliste de l'école mo-
derne ?

Gardons-nous donc d'en vouloir à MM. Crowe et Cavalca-
selle, si leur biographie, quelque soin qu'ils y aient mis, et bien
qu'elle épuise le sujet, cause au lecteur une sorte de déception.
Titien vivait dans son art ; toute la poésie de sa nature se déga-
geait pour se fixer sur la toile, et nous n'avons pas à nous plain-
dre si derrière le peintre incomparable nous ne découvrons
qu'un homme habile et fin, et un courtisan obséquieux. Il ne
nous appartient pas non plus de chercher querelle à ses biogra-
phes pour n'avoir pas tiré des matériaux dont ils disposaient un
portrait qui pût nous fasciner. Ils ont soigneusement recueilli

tous les faits connus, en les agrémentant de quelques détails
ignorés ; ils ont publié pour la première fois un grand nombre
de lettres authentiques, mais ils ont beau se dévouer à leur sujet,
ils ne sauraient inspirer au lecteur une vive sympathie pour le
caractère de l'homme. La plupart des lettres de Titien ressem-
blent à des extraits des registres d'un négociant bien achalandé.
Elles retracent ses incessants travaux ; elles laissent transparaître
à chaque instant ses irrésistibles instincts d'homme d'affaires, et
nous fournissent quantité de petites indications sur ce tempéra-
ment particulier qui l'aida si efficacement à s'élever et à se main-
tenir dans la faveur de ses patrons. En résumé elles nous
apportent la confirmation et l'explication de ses succès univer-
sels, mais c'est à peine si elles ajoutent quelque chose à ce que
nous savions de son caractère d'artiste, et elles ne nous donnent
pas le moindre lien qui nous permette de rattacher la personna-
lité de l'homme à la beauté de son œuvre.

Dans une courte préface, MM. Crowe et Cavalcaselle pren-
nent soin de rendre justice aux travaux des biographes qui les
ont précédés, et l'on a bientôt fait de constater qu'ils ne doivent
pas grand'chose à leurs devanciers. Vasari, contemporain de
Titien, est nécessairement incomplet, et Ridolfi qui aurait pu
accomplir la besogne une fois pour toutes ne nous a donné
qu'une faible esquisse. De notre temps, un descendant des
Vecelli, le docteur Taddeo Jacobi a recueilli un grand nombre
de matériaux importants dont la valeur a été peu appréciée par
Ticozzi, à qui ils avaient été confiés. MM. Crowe et Cacalcaselle
accordent une mention au travail de l'abbé Cadorni, et parmi
les travaux plus récents ils rendent hommage à l'excellente
notice ajoutée au catalogue du musée de Madrid par Don Pedro
de Madrazo, ainsi qu'à l'étude enthousiaste que mon compatriote,
M. Josiah Gilbert,a consacrée aux paysages de Titien. Quant à
eux, ils ne se sont épargné aucune peine pour épuiser les sources
et mettre à contribution les autorités originales. Tous les maté-
riaux réunis par le docteur Jacobi ont été mis à leur disposition ;
il leur a été donné de lire et de publier la correspondance de
Titien avec les Gonzague ; enfin ils ont extrait des archives de
Simancas les innombrables lettres échangées entre Titien,
Charles-Quint, Philippe II et leurs ministres.

Le résultat de ces recherches est une biographie qui peut
être considérée comme définitive. Après avoir pris lecture de ces
deux volumes, il nous faut reconnaître que la vie de Titien
n'avait pas été écrite avant les auteurs de cet ouvrage, et que
très probablement il sera désormais inutile de la récrire. Non
pas que ce livre soit un modèle achevé de composition littéraire,
ni même que l'analyse de l'art du Titien soit toujours satisfaisante
et complète. On pourrait signaler à cet égard quelques lacunes,

i. < Titien, sa vie et son temps, avec quelques renseignements sur sa famille d'après des documents nouveaux et inédits.
 
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