DOI Artikel:
Leroi, Paul: Salon de Paris, 1879, [2]: Gravure et lithographie
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0151
LE SALON DE PARIS, 1879.
faut recommander un dessin plus se'vère.—M. Charles Courtry
n'a jamais fait aussi bien; son Milton aveugle dictant le Paradis
perdu à sa fille, d'après M. Munkacsy, est de beaucoup sa
meilleure planche et une très bonne planche dont les gris ont
des délicatesses d'harmonie extrême ; cela vous enchante ; mais
le diable soit du hideux encadrement rouge qui tue tout ce
qu'il entoure ! —MM. Emile Boilvin et Paul Le Rat ont l'un et
l'autre obtenu une me'daillede deuxième classe ; le premier est un
prodigue de fort jolis détails qu'il ne modère pas suffisamment
au profit de l'ensemble ; le second, dessinateur de beaucoup de
talent, restait jusqu'ici par trop étranger à la magie du coloris ;
le voilà désensorcelé et c'est Fromentin qui a opéré ce miracle1.
Très réussi également son Horoscope, d'après Freudenberger 2.
M. Henry Lefort est aussi au nombre des [vainqueurs du
Salon ; un Jan Steen et un Berchem de la galerie de San Do-
nato, très artistement interprétés, se sont imposés à l'attention
du Jury. — M"1" Marie Duclos-Cahon témoigne dans son Hôtel
de l'amiral de Coligny (vieux Paris) de beaucoup d'habileté,
d'une facture croustillante et d'une entente brillante de l'effet.—
M. Ch. H. Toussaint compromet d'heureux dons par de la mo-
notonie ; pourquoi cette taille unique, et ces travaux partout
de même largeur ? Il ne manque au jeune artiste que de la sou-
plesse dans son faire; c'est un progrès qu'il aura à cœur d'accom-
plir. — L'Escamoteur, par Mlle Rachel Rhodon, d'après un des
Watteau de la collection Lacaze au Louvre, est grassement
traité et dans des conditions d'enveloppe dignes d'attention. —
Les improvisations de M. Paul Renouard sont d'un extrême
intérêt, mais il n'y a là de complet que le Charpentier de l'Opéra;
Namouna. Esquisse d'Henri Regnault.
Gravure de F. Méaulle. (Salon de 1879.)
tout le reste est par trop improvisation ; la gravure exige un
trait plus serré. — M. Achille Gilbert, auteur d'un bon Portrait
de M. C*** et d'une non moins bonne Tête de marin, d'après
M. Ribot, a sur la conscience un fort vilain péché : Motif déco-
ratif, d'après Paul Véronèse, qui se trouve excessivement mis à
mal. — M. Albert Gilli a beaucoup de talent, mais devrait l'em-
ployer à traduire des œuvres de plus sérieux mérite. — Avant-
hier M. Edmond Yon n'était qu'un excellent graveur sur bois ;
hier il ajoutait une seconde corde, et des meilleures, à son arc, et
l'on faisait tout accueil à sa palette de paysagiste d'une extrême
sincérité et d'infiniment de bon goût ; aujourd'hui il a vaillam-
ment conquis tous ses grades dans l'armée des aquafortistes. —
Un des généraux, M. Léopold Flameng sait aussi bien que moi,
mieux que moi, que son Turf, d'après M. Frith, et sa Partie de
cartes ne sont que des planches de commerce et qu'on est en
droit d'attendre de lui des œuvres d'un ordre infiniment plus
relevé. Si je suis bien renseigné, il nous réserve une de ces for-
tunées surprises. — Des cinq eaux-fortes de M. Maxime Lalanne
il en est une — Un Vieux Port — qui résume son talent sous ses
aspects les plus accomplis. — Les lecteurs de l'Art ont depuis
longtemps su apprécier chez M. Auguste Lançon le dessinateur et
l'aquafortiste qui se sont affirmés une fois de plus à ce Salon et de
la façon la plus brillante. Le sculpteur ne s'y est pas révélé avec
moins de succès. Si j'avais l'honneur d'être entendu par M. Tur-
quet, je lui conseillerais de commander sans retard à M. Lançon
quelque groupe important d'animaux. Je crois que Barye a
trouvé un digne héritier qui pratique admirablement la loi des
sacrifices, qualité maîtresse chez un statuaire. ■— M. Victor
1. M. Le Rat a gravé le Simoun, le Pays de la soif, le Lever du jour au campement, Fantasia et la Prière au campement, d'après Fromentin.
2. Voir l'Art, 5" année, tome II, page 306.
faut recommander un dessin plus se'vère.—M. Charles Courtry
n'a jamais fait aussi bien; son Milton aveugle dictant le Paradis
perdu à sa fille, d'après M. Munkacsy, est de beaucoup sa
meilleure planche et une très bonne planche dont les gris ont
des délicatesses d'harmonie extrême ; cela vous enchante ; mais
le diable soit du hideux encadrement rouge qui tue tout ce
qu'il entoure ! —MM. Emile Boilvin et Paul Le Rat ont l'un et
l'autre obtenu une me'daillede deuxième classe ; le premier est un
prodigue de fort jolis détails qu'il ne modère pas suffisamment
au profit de l'ensemble ; le second, dessinateur de beaucoup de
talent, restait jusqu'ici par trop étranger à la magie du coloris ;
le voilà désensorcelé et c'est Fromentin qui a opéré ce miracle1.
Très réussi également son Horoscope, d'après Freudenberger 2.
M. Henry Lefort est aussi au nombre des [vainqueurs du
Salon ; un Jan Steen et un Berchem de la galerie de San Do-
nato, très artistement interprétés, se sont imposés à l'attention
du Jury. — M"1" Marie Duclos-Cahon témoigne dans son Hôtel
de l'amiral de Coligny (vieux Paris) de beaucoup d'habileté,
d'une facture croustillante et d'une entente brillante de l'effet.—
M. Ch. H. Toussaint compromet d'heureux dons par de la mo-
notonie ; pourquoi cette taille unique, et ces travaux partout
de même largeur ? Il ne manque au jeune artiste que de la sou-
plesse dans son faire; c'est un progrès qu'il aura à cœur d'accom-
plir. — L'Escamoteur, par Mlle Rachel Rhodon, d'après un des
Watteau de la collection Lacaze au Louvre, est grassement
traité et dans des conditions d'enveloppe dignes d'attention. —
Les improvisations de M. Paul Renouard sont d'un extrême
intérêt, mais il n'y a là de complet que le Charpentier de l'Opéra;
Namouna. Esquisse d'Henri Regnault.
Gravure de F. Méaulle. (Salon de 1879.)
tout le reste est par trop improvisation ; la gravure exige un
trait plus serré. — M. Achille Gilbert, auteur d'un bon Portrait
de M. C*** et d'une non moins bonne Tête de marin, d'après
M. Ribot, a sur la conscience un fort vilain péché : Motif déco-
ratif, d'après Paul Véronèse, qui se trouve excessivement mis à
mal. — M. Albert Gilli a beaucoup de talent, mais devrait l'em-
ployer à traduire des œuvres de plus sérieux mérite. — Avant-
hier M. Edmond Yon n'était qu'un excellent graveur sur bois ;
hier il ajoutait une seconde corde, et des meilleures, à son arc, et
l'on faisait tout accueil à sa palette de paysagiste d'une extrême
sincérité et d'infiniment de bon goût ; aujourd'hui il a vaillam-
ment conquis tous ses grades dans l'armée des aquafortistes. —
Un des généraux, M. Léopold Flameng sait aussi bien que moi,
mieux que moi, que son Turf, d'après M. Frith, et sa Partie de
cartes ne sont que des planches de commerce et qu'on est en
droit d'attendre de lui des œuvres d'un ordre infiniment plus
relevé. Si je suis bien renseigné, il nous réserve une de ces for-
tunées surprises. — Des cinq eaux-fortes de M. Maxime Lalanne
il en est une — Un Vieux Port — qui résume son talent sous ses
aspects les plus accomplis. — Les lecteurs de l'Art ont depuis
longtemps su apprécier chez M. Auguste Lançon le dessinateur et
l'aquafortiste qui se sont affirmés une fois de plus à ce Salon et de
la façon la plus brillante. Le sculpteur ne s'y est pas révélé avec
moins de succès. Si j'avais l'honneur d'être entendu par M. Tur-
quet, je lui conseillerais de commander sans retard à M. Lançon
quelque groupe important d'animaux. Je crois que Barye a
trouvé un digne héritier qui pratique admirablement la loi des
sacrifices, qualité maîtresse chez un statuaire. ■— M. Victor
1. M. Le Rat a gravé le Simoun, le Pays de la soif, le Lever du jour au campement, Fantasia et la Prière au campement, d'après Fromentin.
2. Voir l'Art, 5" année, tome II, page 306.