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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Raimondi, Luigi: La nouvelle pinacothèque de Pérouse et l'exposition rétrospective de L'Ombrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0340

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LA NOUVELLE PINACOTHEQUE DE PEROUSE

et

L'EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L'OMBRIE

Il y a trois semaines environ on a ouvert à Pérouse une
exposition géne'rale de tous les produits artistiques, industriels
et agricoles de la province de l'Ombrie. Cette exposition com-
prend aussi une partie réservée à l'art ancien et elle coïncide avec
l'inauguration de la nouvelle Pinacothèque.

1 ,e peu d'heures que nous avons pu passer à Pérouse et le
manque de catalogue ne nous permettent qu'un examen très
sommaire de l'exposition.

La partie rétrospective est la seule qui offre un intérêt réel,
mais elle est malheureusement très restreinte et ne peut donner
qu'une faible idée des trésors d'art religieux du xmc. du xive et
du xve siècle qui sont encore cachés dans les églises, les monas-
tères et même les municipes de cette riche province. Il est
regrettable que beaucoup d'objets, et des principaux, n'aient
pas été envoyés à l'exposition. Parmi ceux qui y figurent il
faut signaler surtout les objets d'orfèvrerie religieuse et les
armes.

Notre attention est particulièrement attirée par un calice en
or de grande dimension avec sa patène, précieusement ornés de
réserves en émail translucide d'une grande beauté, par Todino.
Cette pièce, d'une conservation admirable, appartenait au pape
Benoît XI. Les artistes produisaient ces choses-là en Italie à
l'époque où Dante aimait Béatrice ! Ce calice appartient
actuellement à la ville de Pérouse et sera désormais exposé
dans une annexe du musée de peinture destinée aux objets
d'art.

Dans la même vitrine nous trouvons une superbe croix de
procession en orémaillé, par Rochetto, une paix en vermeil avec
des figures d'un grand caractère, un calice émaillé et une autre
croix d'une belle conservation.

Voici dans une autre vitrine une crosse pastorale de 1250 ;
elle est en ivoire de style gothique et montée en or et pierres
précieuses. Elle appartient aux religieuses de Sainte-Julienne à
Pérouse. A côté trois paires de beaux chandeliers de bronze du
xve siècle et un encrier en bronze doré d'une époque un peu
plus récente. Une statuette en bronze de Danti, élève de Michel-
Ange, mérite d'être signalée. La ville d'Orvieto a envoyé un de
ses grands reliquaires en or émaillé d'une forme si élancée et si
élégante. Ce n'est pas la pièce principale du trésor d'Orvieto,
mais elle a néanmoins une grande valeur artistique.

Les armes exposées par le comte Meniconi-Bracceschi
(victime tout récemment d'un accident qui lui a fait perdre le
bras droit) forment une importante collection. Parmi de nom-
breuses pièces intéressantes, il faut surtout remarquer un fusil
extraordinairement beau, tout chargé d'ornements ciselés de la
meilleure époque, et deux autres fusils avec ornements d'argent.

Deux petits canons de bronze cannelés et armoriés, sur leurs
affûts, sont des pièces très fines.

Quelques tableaux, dessins et majoliques complètent cette
partie de l'exposition installée dans une des salles de l'imposant
palais communal du xme siècle.

C'est au second étage de cet édifice que l'on a tout récem-
ment transporté et habilement classé les tableaux qui étaient si
mal arrangés dans le local de l'université. Ce nouveau musée,
composé de vingt salles bien éclairées, porte le nom de « Musée
Pietro Vannucci ». C'est là un juste hommage rendu à celui qui,
sous le nom de Perugino, nous est si connu comme le chef de
l'école de l'Ombrie et une des gloires de la peinture italienne,
sans distinction d'époque ni d'école.

En parcourant ce musée, on suit chronologiquement toute
l'histoire de l'école de l'Ombrie et de ceux qui s'en sont inspirés.
Nousvoyons là depuis les premiers efforts des initiateurs de l'art,
alors que la forme ne s'associait pas encore à la pureté du sentiment,
jusqu'aux tristes élucubrations des éclectiques d'une trop pré-
coce décadence où la forme recherchée et prétentieuse semble
s'évertuer à dissimuler le vide absolu de l'inspiration. Après les
fresques si belles de dessin, mais, hélas ! si mal conservées de Buon-
ligli, il nous faut négliger de très bonnes choses pour arriver à la
poétique et angélique peinture de Fra Beato Angelico, puis au
grand maître lui-même, au Pérugin qui est représenté ici par
quelques-unes de ses meilleures œuvres et certaines petites figu-
res dont la grâce et le charme sont impérissables ! Puis nous
passons à Pinturicchio, grand maître lui aussi, et supérieur encore
à sa renommée. Ce n'est pas à Pérouse qu'il faut le juger; ses
chefs-d'œuvre sont ailleurs. Nous trouvons également ici quel-
ques travaux de la jeunesse de Raphaël, exécutés sous l'influence
du maître, influence qu'il subit d'ailleurs jusqu'à la fin de sa
glorieuse carrière.

Après quoi nous tombons tout d'un coup dans les Dono
Doni, les Alfani, etc., et nous fermons les yeux pour ne pas gâter
nos souvenirs.

Que dirai-je en sortant de là de l'exposition d'art moderne !
J'admire le courage et même le talent d'une phalange de jeunes
artistes pleins de cœur qui luttent vaillamment sous le poids
écrasant de la gloire de leurs aïeux ; mais j'ai l'âme si pleine des
parfums de cette pure et simple grandeur du passé, j'ai une
admiration si profonde pour le sentiment de leurs pères, qu'ils
me pardonneront si je me crois incapable en ce moment de por-
ter sur eux un jugement aussi impartial que je le voudrais.

L'exposition industrielle et agricole n'offre qu'un intérêt
purement local.

Luigi Raimondi.
 
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