JANINA WIERCIŃSKA
occultes. En 1892, lors d’un de ses sejours parisiens,
il a probablement connu les manifestes et les enon-
ciatiions occuilistes de Sar Peladan qui oecupaient les
esprits. Kamieński avait une predilection nette pour
des scenes de cimetiere, que traitait avant lui un
certain W. Motty, dessinateur polonais peu connu,
jadis illustrateur chez Flammarion, admirateur de
R. Bresdin et de A. Wiertz. Les motifs funebres et
le style lugubre de Motty ont feconde 1’imagination
de Henryk Sienkiewicz qui, dans sa nouvelle La
Troisieme de 1888 a fait de ce dessinateur un des
protagonistes du recit, destine d’ailleurs a rempor-
ter un succes considerable et a creer un cliche —
celui du costume typique d’un decadent. Le peintre
Władysław Podkowiński, auteur de plusieurs ta-
bleaux appartenant au meme courant „noir”, ami
intime de Kamieński, avait inspire par sa mort pre-
maturee deux cartons de Kamieński: Farceurs et
Oeuure Inachevee. Ce dernier ainsi que deux au-
tres cartons realises quelque temps apres et intitu-
les: Chant de 1’amour et Chant sur la Trentieme
Annee de Vie ont joue le role d’intervention perso-
nnelle de 1’artiste aux debats, orageux et passion-
nant le milieu artistique varsovien, sur la vocation
de 1’artiste dans la societe. Les destinees de W. Pod-
kowiński et du sculpteur A. Kurzawa sont devenues
une sorte de mythe faisant de 1’artiste un martyre
de Fart. Ce mythe dont on reconnait les traces dans
la nouvelle de H. Sienkiewicz Luz in Tenebris Lu-
cet <1890/1891) et dans les illustrations dont Kamień-
ski l’avait dotee, se retrouve aussi dans son carton
Oeuure inacheuee et dans son texte en prose Ma-
tinee de Printemps — espece de credo de 1’artiste.
Dans le milieu modernistę polonais Kamieński
occupe une place a part. Toute tendence, tellemenl
irdpanldue a l’epoque, d’utiliser dans Fart de motifs
nationaux, toute stylisation folklorique, tout pen-
chant pour une ornementation accentuee, lui etaient
etrangers. Excellent portraitiste, dessinateur qui,
sans sortir du cadre d’un realisme pur, desirait ex-
primer des contenus moraux dont vivait son epo-
que, Kamieński — comme ses peu nombreux tra-
vaux conserves le temoignent — etait un dessina-
teur ultra-sensible du paysage et une individualite
puissante dont Finfluence sur les artistes et sur les
ecrivains modernistes polonais a ete considerable.
II. 25. Mar Klinger, Woltyżerka, rys.
1877, wg W. Pastor, Mar Klinger, Berlin
2 wyd. 1918, tabl. 7. (Repr. T. Kaźmier-
ski)
occultes. En 1892, lors d’un de ses sejours parisiens,
il a probablement connu les manifestes et les enon-
ciatiions occuilistes de Sar Peladan qui oecupaient les
esprits. Kamieński avait une predilection nette pour
des scenes de cimetiere, que traitait avant lui un
certain W. Motty, dessinateur polonais peu connu,
jadis illustrateur chez Flammarion, admirateur de
R. Bresdin et de A. Wiertz. Les motifs funebres et
le style lugubre de Motty ont feconde 1’imagination
de Henryk Sienkiewicz qui, dans sa nouvelle La
Troisieme de 1888 a fait de ce dessinateur un des
protagonistes du recit, destine d’ailleurs a rempor-
ter un succes considerable et a creer un cliche —
celui du costume typique d’un decadent. Le peintre
Władysław Podkowiński, auteur de plusieurs ta-
bleaux appartenant au meme courant „noir”, ami
intime de Kamieński, avait inspire par sa mort pre-
maturee deux cartons de Kamieński: Farceurs et
Oeuure Inachevee. Ce dernier ainsi que deux au-
tres cartons realises quelque temps apres et intitu-
les: Chant de 1’amour et Chant sur la Trentieme
Annee de Vie ont joue le role d’intervention perso-
nnelle de 1’artiste aux debats, orageux et passion-
nant le milieu artistique varsovien, sur la vocation
de 1’artiste dans la societe. Les destinees de W. Pod-
kowiński et du sculpteur A. Kurzawa sont devenues
une sorte de mythe faisant de 1’artiste un martyre
de Fart. Ce mythe dont on reconnait les traces dans
la nouvelle de H. Sienkiewicz Luz in Tenebris Lu-
cet <1890/1891) et dans les illustrations dont Kamień-
ski l’avait dotee, se retrouve aussi dans son carton
Oeuure inacheuee et dans son texte en prose Ma-
tinee de Printemps — espece de credo de 1’artiste.
Dans le milieu modernistę polonais Kamieński
occupe une place a part. Toute tendence, tellemenl
irdpanldue a l’epoque, d’utiliser dans Fart de motifs
nationaux, toute stylisation folklorique, tout pen-
chant pour une ornementation accentuee, lui etaient
etrangers. Excellent portraitiste, dessinateur qui,
sans sortir du cadre d’un realisme pur, desirait ex-
primer des contenus moraux dont vivait son epo-
que, Kamieński — comme ses peu nombreux tra-
vaux conserves le temoignent — etait un dessina-
teur ultra-sensible du paysage et une individualite
puissante dont Finfluence sur les artistes et sur les
ecrivains modernistes polonais a ete considerable.
II. 25. Mar Klinger, Woltyżerka, rys.
1877, wg W. Pastor, Mar Klinger, Berlin
2 wyd. 1918, tabl. 7. (Repr. T. Kaźmier-
ski)