18 CHRONOLOGIE HISTORIQÜE
•continuer la guerre : l’événement lui prouva qu’il ne
pouvoit être plus mal remplacé. Ce jeune Prince ,
séduit par Mathilde, arbore l’étendard de la révolte,
& se fait couronner Roi des Romains, en 1093 , à
Monza , puis à Milan. Le prétexte dont il couvroit
l’atrocité de cette conduite , étoit les outrages que
l’Empereur faisoit à l’Impératrice Praxede, sa se-
conde femme, qu’ii tenoit en prison , & maltrai-
toit au point, disoit-on , de permettre à ses fivoris
de l’inmlter 8c de lui faire violence. Pour s’afermir
sur le trône , Conrad cpouse Mathilde , filie de
Roger I, Comte de Sicile. II a ensuite une entrevue
! à Crémone avec ie Pape Urbain 11, qui iui promet
| de le couronner Empereur à condition qu’il renon-
1 cera aux Investitures eccléhastiques. Vers la fin cle
| l’an 1098 , l’Empereur, son pere , étant à la Diete
j d’Aix-la-Chapelle, le fait mettre au ban de i’Em-
| pire , 8c déclare son succesteur Henri, son 2" fiis ,
après lui avoir fait jurer qu’il nes’ingéreroit, du vivant
j de son pere, dans le gouvernement que par ses or-
I dres. La suite fera voir comment il tint parole. Con-
j rad meurt, l’an 1 i 0 s, à Florence au mois de Juiliet,
| méprisé de la Comteste Mathiide , sa tante, qui
i avoit porté à se révolter. Le bruit se répandit qu’il
j ! r voi: été empoisonné, 8c un zele outré fic publier
j| qu’il s’étoit opéré des miracles à ses funérailles, sans
jj doute pour faire accroire au peuple ignorant que le
jj Ciei avoit autorisé la rcvolte de ce fils dénaturé.
j L Empereur Henri trouva depuis un nouvel ennemi
|j dans celui qui lui restoit. L’an 1104, Henri, ceder-
|j nier fils, étant avec lui à Fritzlar pour aller combat-
ji tre les Saxons, s’échappe de nuit le 11 Décembre ,
j & paste en Baviere où la Nobleste révoltée du pays
1 le reçoit avec emprestement. De Ratisbonne il dé-
sii pure quelques jours après au Pape Pascal pour le
J consulter sur le serment qu’il avoit fait à son pere
|| de ne jamais prendre la couronne sans son aveu. Le
j i Pape l’absout de cet engagement, 8c le confirme
1 dans l’abominable destein où il est de détrôner l’au-
j teur de ses jours. L’année suivante, il se met à la
! tète des rebelles, 8c prend le titre de Roi des Ro-
J mains. L’Empereur , après l’avoir fait inutilement
solliciter de rentrer dans son devoir, après avoir
temporisé autant que la prudence le permettoit,
j marche enfin contre lui pour le réduire par ia force.
[ Les deux armées se trouvent en présence au mois
| d’Août, séparées par la riviere de Régen , prês de
| Ratisbonne. Le jeune Henri vient à bout de cor-
j rornpre les Chefs de l’armée de son pere. 'ur le
J point de livrer bataille , ils déclarent qu’ils ne veu-
lent point en venir aux mains avec leurs freres. Le
13 Decembre suivant, entrevue du pere 8c du fils à
j Binghen. Ils conviennent de tenir une conférence à
| Mayence le jour de Noëi, pour aviser aux rnoyens
I d’appaiser Rome , 8c de mettre fin aux troubles de
l’Empire. L’Empereur croyant alors n’avoir plus be-
J soin de son armée , la congédie. S’étant rendu en-
j suite à Binghen en s’acheminant vers Mayence , son
| fils vient encore l’y trouver un vendredi, 2 2 Décem-
1 bre, pour lui dire qu’excommunié comme il est ,
I l’Evèque de Mayence ne le souftrira point dans sa
[ ville pendant ia soletnnité prochaine } sous ce pré-
1 texte ii i’emmene dans un Château voisin où il le
J laiste renfermé avec trois personnes seulement de
J sa suite. Un Prince de l’Empire, nommé Wigbert,
J vient le lendemain de la part de ce fils perfide lui re-
J demander les ornemens impériaux sur peine de la
I vie. 11 les rend parce qu’ii n’est pas en force pour les
refuser. La Diete s’astèmble après les fctes de Noël !
à Ingelheim. On y fait venir l’Empereur , 8c aussi- j
tôt qu’il paroît on le somme avec de grandes mena- i
ces de renoncer à l’Empire. Si je le fais, dit-il , 1
« aurai-je au moins la vie sauve ? » Le Légac ciu ,
Pape , qui étoit présent, lui répond qu’il n’y a point j
de sûreté pour lui à espérer , à moins qu’ii ne re- ■
connoilse avoir injustement persécuté Crégoire T’ rII 1
8c mis à sa place l’AnL.pape Guibert. 11 piomet de j
s’en rapporter là-destus au jugement des Princes de !
l’Empire , astemblés en lieu 8c jour indiqués, après j
qu’iis auront oui ses moyens de détense. Le Légat
refuse de lui astigner une autre Astemblée que celle 1
où il se trouve , pour satisfaire le S, Siége. » Hé j
» bien, dit-il, si je confeste dès à présent tous mes
5» torts prétendus, m’accorderez-vous l’absolurion?
» Je n’en ai pas le pouvoir, replique le Légat 3 c’est
15 à Rome qu’il faut que vous alliez pour vous faire
15 absoudre par le S. Pere. n Là-destus la Diete se
sépare, 8c le fils en partant prie son pere de l’atten-
dre dans ce mème iieu où il doit venir le rejoindre
sous quelques jours. Mais des amis de l’Empereur
viennent l’avertir que s’il reste là, le parti est pris de
l’y retenir en prison le reste de ses jours , ou même
de lui trancher la tète. Le malheureux pere ayant
trouvé le moyen de s’évader, va chercher un asyle à
Cologne , puis à Lié^e , d’où il écrit au Roi de
France, son fidele allie, une longue lettre pour lui
faire le récit de ses malheurs. ( C’est de là que nous
avons tiré les dernieres circonstances que nous ve-
nons de rapporter. ) L’hypocrisie manifeste du fils,
8c son inssexible dureté, rendirent quelques parti !
sans au pere. La guerre recommence 3 mais après
avoir remporté quelques avantages , l’Empereur ,
battu sans ressource, voit son parti entièrement dis-
sipé. Réduit à l’excès de la misere , il demande , si
l’on en croit Helmoide , à l’Evêque de Spire une pré-
bende qui lui est refusée. Enfin il meurt à Liége le
7 Août j 106, âgé de 5 6 ans, après un régne de
près de 50 ans. Peu de jours avant sa mort parut
une comete terrible, qui, au jugement de nos As-
tronomes modernes, étoit la même qui avoit paru
l’an 531 oli 5 3 2 , du tems de l’Empereur Justinien ,
qui précédemment avoit encore été observée immé-
diatement après la mort de Jules César , 8c qui re-
parut enfin l’an i6"8i , de maniere qu’on voit tou-
jours le mème espace de 5 7 5 ans 8c demi entre ces
différentes apparitions. Mais du tems de Henri IV
une comete ne passoit pas dans l’esprit des peuples
pour un phénomene naturei, 8c l’apparition de celle-
ci fut regardée comme l’annonce de la mort. La haine
de ses ennemis le poursuivit au-delà du trcpas. L’E-
vêque de Liége l’ayant inhumé dans sa Cathédrale
avec pompe, fut obligé de l’exhumer 8c de le trans-
porter dans une Chapelle non consacrée du Mont-
Corneille près de cette ville, où il resta sans sépul-
ture , à cause de son excommunication , jusqu’au
mois de Septembre suivant *, après quoi il fut porté
à Spire, où il demeura encore près de deux ans avant
d’y ètre déposé dans le caveau de ses ancêtres. ( Chron.
Hddesheïm. ) On grava ce vers sur sa tombe ;
Patrem & avum, proavumque atavumque hoc contînet antrum.
( Albéric. )
Ce Prince à de grands défauts 8c des vices qu’on
ne peut excuser , réunissbit d’éminentes qualités,
dont la principale étoit une valeur singuliere. 11
avoit toujours commandé ses armées , 8c s’étoit
•continuer la guerre : l’événement lui prouva qu’il ne
pouvoit être plus mal remplacé. Ce jeune Prince ,
séduit par Mathilde, arbore l’étendard de la révolte,
& se fait couronner Roi des Romains, en 1093 , à
Monza , puis à Milan. Le prétexte dont il couvroit
l’atrocité de cette conduite , étoit les outrages que
l’Empereur faisoit à l’Impératrice Praxede, sa se-
conde femme, qu’ii tenoit en prison , & maltrai-
toit au point, disoit-on , de permettre à ses fivoris
de l’inmlter 8c de lui faire violence. Pour s’afermir
sur le trône , Conrad cpouse Mathilde , filie de
Roger I, Comte de Sicile. II a ensuite une entrevue
! à Crémone avec ie Pape Urbain 11, qui iui promet
| de le couronner Empereur à condition qu’il renon-
1 cera aux Investitures eccléhastiques. Vers la fin cle
| l’an 1098 , l’Empereur, son pere , étant à la Diete
j d’Aix-la-Chapelle, le fait mettre au ban de i’Em-
| pire , 8c déclare son succesteur Henri, son 2" fiis ,
après lui avoir fait jurer qu’il nes’ingéreroit, du vivant
j de son pere, dans le gouvernement que par ses or-
I dres. La suite fera voir comment il tint parole. Con-
j rad meurt, l’an 1 i 0 s, à Florence au mois de Juiliet,
| méprisé de la Comteste Mathiide , sa tante, qui
i avoit porté à se révolter. Le bruit se répandit qu’il
j ! r voi: été empoisonné, 8c un zele outré fic publier
j| qu’il s’étoit opéré des miracles à ses funérailles, sans
jj doute pour faire accroire au peuple ignorant que le
jj Ciei avoit autorisé la rcvolte de ce fils dénaturé.
j L Empereur Henri trouva depuis un nouvel ennemi
|j dans celui qui lui restoit. L’an 1104, Henri, ceder-
|j nier fils, étant avec lui à Fritzlar pour aller combat-
ji tre les Saxons, s’échappe de nuit le 11 Décembre ,
j & paste en Baviere où la Nobleste révoltée du pays
1 le reçoit avec emprestement. De Ratisbonne il dé-
sii pure quelques jours après au Pape Pascal pour le
J consulter sur le serment qu’il avoit fait à son pere
|| de ne jamais prendre la couronne sans son aveu. Le
j i Pape l’absout de cet engagement, 8c le confirme
1 dans l’abominable destein où il est de détrôner l’au-
j teur de ses jours. L’année suivante, il se met à la
! tète des rebelles, 8c prend le titre de Roi des Ro-
J mains. L’Empereur , après l’avoir fait inutilement
solliciter de rentrer dans son devoir, après avoir
temporisé autant que la prudence le permettoit,
j marche enfin contre lui pour le réduire par ia force.
[ Les deux armées se trouvent en présence au mois
| d’Août, séparées par la riviere de Régen , prês de
| Ratisbonne. Le jeune Henri vient à bout de cor-
j rornpre les Chefs de l’armée de son pere. 'ur le
J point de livrer bataille , ils déclarent qu’ils ne veu-
lent point en venir aux mains avec leurs freres. Le
13 Decembre suivant, entrevue du pere 8c du fils à
j Binghen. Ils conviennent de tenir une conférence à
| Mayence le jour de Noëi, pour aviser aux rnoyens
I d’appaiser Rome , 8c de mettre fin aux troubles de
l’Empire. L’Empereur croyant alors n’avoir plus be-
J soin de son armée , la congédie. S’étant rendu en-
j suite à Binghen en s’acheminant vers Mayence , son
| fils vient encore l’y trouver un vendredi, 2 2 Décem-
1 bre, pour lui dire qu’excommunié comme il est ,
I l’Evèque de Mayence ne le souftrira point dans sa
[ ville pendant ia soletnnité prochaine } sous ce pré-
1 texte ii i’emmene dans un Château voisin où il le
J laiste renfermé avec trois personnes seulement de
J sa suite. Un Prince de l’Empire, nommé Wigbert,
J vient le lendemain de la part de ce fils perfide lui re-
J demander les ornemens impériaux sur peine de la
I vie. 11 les rend parce qu’ii n’est pas en force pour les
refuser. La Diete s’astèmble après les fctes de Noël !
à Ingelheim. On y fait venir l’Empereur , 8c aussi- j
tôt qu’il paroît on le somme avec de grandes mena- i
ces de renoncer à l’Empire. Si je le fais, dit-il , 1
« aurai-je au moins la vie sauve ? » Le Légac ciu ,
Pape , qui étoit présent, lui répond qu’il n’y a point j
de sûreté pour lui à espérer , à moins qu’ii ne re- ■
connoilse avoir injustement persécuté Crégoire T’ rII 1
8c mis à sa place l’AnL.pape Guibert. 11 piomet de j
s’en rapporter là-destus au jugement des Princes de !
l’Empire , astemblés en lieu 8c jour indiqués, après j
qu’iis auront oui ses moyens de détense. Le Légat
refuse de lui astigner une autre Astemblée que celle 1
où il se trouve , pour satisfaire le S, Siége. » Hé j
» bien, dit-il, si je confeste dès à présent tous mes
5» torts prétendus, m’accorderez-vous l’absolurion?
» Je n’en ai pas le pouvoir, replique le Légat 3 c’est
15 à Rome qu’il faut que vous alliez pour vous faire
15 absoudre par le S. Pere. n Là-destus la Diete se
sépare, 8c le fils en partant prie son pere de l’atten-
dre dans ce mème iieu où il doit venir le rejoindre
sous quelques jours. Mais des amis de l’Empereur
viennent l’avertir que s’il reste là, le parti est pris de
l’y retenir en prison le reste de ses jours , ou même
de lui trancher la tète. Le malheureux pere ayant
trouvé le moyen de s’évader, va chercher un asyle à
Cologne , puis à Lié^e , d’où il écrit au Roi de
France, son fidele allie, une longue lettre pour lui
faire le récit de ses malheurs. ( C’est de là que nous
avons tiré les dernieres circonstances que nous ve-
nons de rapporter. ) L’hypocrisie manifeste du fils,
8c son inssexible dureté, rendirent quelques parti !
sans au pere. La guerre recommence 3 mais après
avoir remporté quelques avantages , l’Empereur ,
battu sans ressource, voit son parti entièrement dis-
sipé. Réduit à l’excès de la misere , il demande , si
l’on en croit Helmoide , à l’Evêque de Spire une pré-
bende qui lui est refusée. Enfin il meurt à Liége le
7 Août j 106, âgé de 5 6 ans, après un régne de
près de 50 ans. Peu de jours avant sa mort parut
une comete terrible, qui, au jugement de nos As-
tronomes modernes, étoit la même qui avoit paru
l’an 531 oli 5 3 2 , du tems de l’Empereur Justinien ,
qui précédemment avoit encore été observée immé-
diatement après la mort de Jules César , 8c qui re-
parut enfin l’an i6"8i , de maniere qu’on voit tou-
jours le mème espace de 5 7 5 ans 8c demi entre ces
différentes apparitions. Mais du tems de Henri IV
une comete ne passoit pas dans l’esprit des peuples
pour un phénomene naturei, 8c l’apparition de celle-
ci fut regardée comme l’annonce de la mort. La haine
de ses ennemis le poursuivit au-delà du trcpas. L’E-
vêque de Liége l’ayant inhumé dans sa Cathédrale
avec pompe, fut obligé de l’exhumer 8c de le trans-
porter dans une Chapelle non consacrée du Mont-
Corneille près de cette ville, où il resta sans sépul-
ture , à cause de son excommunication , jusqu’au
mois de Septembre suivant *, après quoi il fut porté
à Spire, où il demeura encore près de deux ans avant
d’y ètre déposé dans le caveau de ses ancêtres. ( Chron.
Hddesheïm. ) On grava ce vers sur sa tombe ;
Patrem & avum, proavumque atavumque hoc contînet antrum.
( Albéric. )
Ce Prince à de grands défauts 8c des vices qu’on
ne peut excuser , réunissbit d’éminentes qualités,
dont la principale étoit une valeur singuliere. 11
avoit toujours commandé ses armées , 8c s’étoit