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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0416
sonne de Jean de Montfort , frere du Duc , lequel, étanc
venu à Limoges aussitôt après la mort de ce Prince, s’empara
des trésors qu’il y avoit mis en dépôt. Malgré les secours qu’ii
en tira, Charles de Beois , époux de Jeanne, vint à bout de
le battre & de le faire prisonnier. Mais, du fond de sa prison,
Montfort fit ses protestations contre la donation que Jeanne
avoit faite à son mari de la Vicomté de Limoges. Les affaires
changerent bien de face dans la suite. Charles, apres avoir e(-
suyé les plus grands revers, après avoir été fait prisonnier en
13 47, & emmené l’année suivante en Angleterre, finit par être
tué ie i6 Septembre 1364, à la bataille d’Aurai. L’an 1365,
Jeanne, saveuve, fit, Ie xi Avril (jour du Vendredi-Saint),
avec Jean de Montfortle fameux Traité de Guétrande, dont le
4 e article portoit qu’elle conserveroit la Vicomté de Limoges ,
& que le Duc de Bretagne emploieroit son crédit, ses prieres ,
& toutes les voies amiables, pour engager le Prince de Galles à
la laisser jouir de cette terre. Par le 8 - 8c Ie 9 e articles du même
Traité il étoit dit que, pour entretenir la paix entre les deux
Maisons, & ôter tout stijet de division, Jean de Bretagne, fils
aîné de la Damede Penthievre, cpouseroit Jeanne, (ceur du
Comte de Montfort; alliance en considération de laquelle la
Darne de Penthievre donneroit à son fils la Vicomté de Li-
moges en avancement d’hoirie ; que de son côté ie Comte de
Montfort donneroit à sa soeur la somme de cent mille livres
sur Ies Aides de Bretagne pour la délivrance de son mari. Enfin
le i3 earticle portoitqxxe, si Jean de Bretagne mouroit avant
Ja sœur du Comte de Montfort, la Vicomté de Limoges res-
teroit à sa veuve pour son douaire. Mais ce mariage n’eut point
lieu. L’an 1370, la Comtesse Jeanne remit, le 9 Juiilet, au
Roi Charles V sa Vicomté. Les citoyens de Limoges refusant
de changer de maître , les Ducs de Berri & de Bourbon vinrent
asiîéger cette ville. Ellc ouvrit ses portes, par le conseil de son
Evêque, lorsqu’elle vit arriver Bertrand duGuescIin. Le Prince de
Galles, dont lespertesaigrissoientle caraèlere, apprit avec une ex-
trême indignation l’espece de trahison quel’Evêque J ean de Cros,
qu’il appelloit son compere &son ami, venoit de lui faire. Eile
lui rendit odieux tous les gens d’Eglise; iI jura de s’en venger,
& il ne tint que trop fidèlement sa parole. Tandis que du Gues-
clin étoit occupé à soumettre d’auti'es places du Limosin, il
survint à Limoges, oü il fît un grand carnage, après quoi il ie-
para son année & se retira à Cognac. Limoges & le Limosin
resserent à la France, & du Guesclin, en partant au mois de
Septembre de la même année pour se rendre à Paris, laisia la
garde de ses conquêtes à son neveu Olivier de Mauni. II paroît
aue Charles V rendit à Jeanne de Penthievre la Vicomté de Li-
moges peu de tems après avoir enlevé ce pays à l’Anglois ; car,
en 1371, elle prenoitle titre de Vicomteise de Limoges. ( Mo-
rice, hist. de Bretagne, 1. 8, p. 39 1. ) Cette Princdse finit ses
jours le 10 Septembre 1384, 8c fut enterrée aux Cordeliers dc
Guingamp en Bretagne. Elle avoit eu de son mariage Jean,
qui suit; Henri, mort en 1400; Marguerite, Dame del’Aigle,
femme de Charles d’Espagne; & Marie, femme de Louis, Duc
d’Anjou, second fils du Roi Jean. (Voy. les Ducs de Bretagne
& les Comtes de Penthievre. )
JEAN D E BLOIS.
1384. Jean de Blois , dic de Bretagne , Comte de Pen-
thievre & de Goelio , Seigneur d’Avangour, d’Avênes, &c.,
fils de Charles de Blois & de Jeanne de Penthievre, succéda à sa
mere dans la Vicomté de Limoges. II étoit pour lors prison-
nier en Angleterre depuis i’an 1351, qu’il y avoit été conduit
pour tenir la place de son pere, jusqu’à ce qu’il eût acquitté sa
rançon qui étoit de izo mille livres. Incapable de payer de ses
propres fonds une somme si considérable , il eût vraisemblable-
ment fini ses jours dans la captivité sans la générosité d’Olivier
de Clisson , Connétable de France , qui satisfit pour lui en
1387, & lui procura par là sa liberté. Clisson fit plus, il lui
donna en mariage, l’année suivante, Marguerxte, sa fîlle
cadette, avec la terre de Chanteauceaux pour sa dot. Mais Ie
bonheur de Jean de Bretagne eut plus d’apparence que de réa-
lité. Ce Prince sembla n’être revenu en France que pour être
plongé dans les einbarras d’une vie continuellement agitée. Ins-
trument des vastes projets de son beau-pere , il eut presque tou-
jours Ies armes à lamaincontre le Duc de Bretagne. II avoit
pris possessîon de la Vicomté de Limoges peu de tems après son
retour en France. On ne voit pas qu’il ait rien fait de mémo-
rable pour cette portion de ses domaines. II termina sa vie à
Lamballe le 16 Janvier 1404 ( N. S. ) , 8c fut inhumé aux Cor-
deliers de Guingamp. Des quatre fils qu’il laissa de son ma-
riage, l’aîné, qui suit, fut son successeur dans la Vicomtéde
Limoges. ( Voy. Jean, Comte de Penthievre.)
HISTORIQUE
OLIVIER D E BLOIS.
1404. Olivier de Blois, dit de Bretagne, fîls aîné de
Jean de Blois & de Marguerite de Clisson, succéda à son pere
dans le Comté de Penthievre, la Vicomté de Limoges, & la Sei-
gneurie d’Avênes. II embrassa, l’an 1411, le parti du Duc d Or-
léans contre le Duc de Bourgogne, &, l’année suivante, il ac-
compagna le Duc d’Anjou au siege de Bourges. L an 1410,
après avoir fait la paix avec le Duc de Bretagne au sujet des
querelles qui s’étoient élevees entre lui & la Comtesie Douai- |
rierc de Penthievre, il invite ce Prince, de la part de sa mere |
& de ses freres, à venirles voir à Chanteauceaux. Le Dtxc s’étant I
mis en marche pour s’y rendre, les Penthievres viennent au de- 1
vant de Iui avec des troupes, l’arrêtent prisonnier avec son
frere au pont de la Troubade, & les amenent à la tour de Chan-
teauceaux, 011 ils les tiennent renfermès l’espace de cinq mois;
forcés ensuite de les relâcher, ils se voient eux-mêmes dépouil-
lès detous les domaines qu’ils poffèdoient en Bretagne, & pros-
crits par jugement des Etats de ce Duché, tenus à Vannes au
mois de Fèvrier 1411. Olivier, fugitif, se rctira d’abord dans
sa Vicomtè de Limoges. Après y avoir règlé ses asfàires , il se
rendit en sa terre d’Avênes dans le Hainaut, oxi il mourut le
z8 Septembre 143 3 , sans laisser d’enfans de ses depx femmes,
Isabelle, fille de Jean, Duc de Bourgogne, 8c Jeanne de 1
Lalain, Dame de Kievrein.
JEAN D E BLOIS.
143 3. Jean de Blois , Seigneur de l’Aigle , succèda à son
frere Olivier dans la Vicomté de Limoges. A cette succesiîon il
joignit, i’an 1437 , le Comté de Pèrigord qu’il acquit de Jean
d’Orlèans. ( Voy. ies Comtes de Pe'rigord. ) L’an 1448 , il en-
tra en possessîon du Comtè de Penthievre par l’accommode- |
ment qu’il fit avec Françcis, Duc de Bretagne. Le Roi Charles VII
I’ayant nommé Lieutenant-Génèral de les r rmées en Guienne,
il prit Bergerac en 1450, Castillon en iar 1, & se distingua en
145:3 à labataille de Castillon 8c à la rèdudion de Bordeaux.
L’an 1454 fut le terme de sa vie. II avoit épousé Marguerite
de Chauvigny, veuve de Bèraud III, Dauphin d’Auvergne,
dont il ne laissa point d’enfans. (Voy. les Comtes de Pen-
thievre. )
GUILLAUME D E BLOIS.
1454. Guillauhe , frere de Jcan de Blois, Iui succèdadans 1
Ia Vicomté de Limoges, prèfèrablement à Nicole sa niece, en |
vertu de Ia donation que celui-ci Iui en avoit faite. Sans cela
Niccle , sa niece , eût eu la préfèrence , parceque la représen-
tation a lieu dans le Limosin, 8c que cette Vicomté d’ailleurs
n’est pas un fief masculin. Guillaume avoit èté donnè par ses
freres en ôtage , l’an 14'. 1 , au Duc de Bretagne par l’accom-
modement qu’ils avoient fait avec lui après la trahison qu’ils
commirent à son ègard. GuilJaume portala peine de leur crime
auquel il n’avoit point eu de part. Resserrè pcndant 18 ans dans
une ètroite prison, il y versa tant de Iarmes qu’il en devint
presque aveugle. II mourut en 1433 » laissant d’Is abelle, son
èpouse, fîlle de Bertrand I, Comte d’Auvergne, Françoise, qui
suit, & deux autres filles. Isabelle, devenue veuvea se remaria
avec Arnaud-Amanieu d’Albret, Sire d’Orval.
FRANÇOISE DE BLOIS, et ALAIN D’ALBRET.
1433. Erançoise , fille aînèe de Guillaume de Blois, Iui
succéda dans la Vicomté de Limoges ainsi qu’à la Seigneurie
d’Avênes. L’an 1470, elle èpousa Alain , Sir* d’Albret. La
mort de cette Princesi'e arriva au plutôt l’an 1481 , date de son
testament. Alain , son èpoux , l’ayant suivie au tombeau l’an
1311, la Vicomté de Limoges passa avec ses autres domaines à |
son successeur 8c petit-fils Henri, Roi de Navarre , mort le
13 Mai 1533, laissant pour hèritiere Jeanne , sa fille unique,
mariée en 1 348 avec Antoine de Bourbon. Henri, né de ce
mariage, ètant monté sur le trône de France , rèunit à la Cou-
l'onne la Vicomtè de Limoges. Mais ce Prince en alièna tous les
fonds en divers tems ; aliènations qu’il déclara immuables en
16oz. Elles 11e furent pas nèanmoins exceptées dans l’Edit du
mois de Juillet i6oj , qui dèclai'a nulles toutes celles que ce
Prince avoit faites du domaine depuis son avénement au trône,
sauf le remboursement des acquéreurs qui ne possèdoient qu’à
titre d’engagement. Mais ceux qui avoient achetè des Commis-
saires de Henri IV & sse Catherine, Duchesse de Bar, sa sœur,
à qui ce Prince avoit cédé le Limosin, avoient une garantie à
exercer contre le Roi, du chef de cette Princesse.