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Clément, François [Editor]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0787

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DES COMTES D'ARTOI S, 769

trefois posséclé les Rois cle Jérusalem, de rendre la li-
berté à tous les Chrétiens captifs , de payer de grosses
somrnes d’argent pour les frais de la guerre , et de lui
laisser Damiete avec ses environs. Ces offres remplis-
sant le vœu des Croisés, flatterent le Conseil que Saint
Louis assembla pour en délibérer. On étoit disposé à
les accepter ; mais le Légat et le Comte d’Artois les
firent rejetter , en remontrant l’inutilité de traiter avec
un moribond incapable de les effectuer. 11 ne fut pius
question alors que de savoir de quel côté on porteroit
la guerre. 11 y eut sur cela deux opinions. Les uns
proposoient csaller faire le siége d’Alexandrie ; et c’é-
toit le sentiment du Comte de Bretagne, fondé sur ce
que cette ville avoit un bon port où l’on pourroit met-
tre en sûreté la flotte et tirer aisément des vivres, soit
de la Palestine, soit des autres endroits de la Méditer-
I ranée. Le Comte d’Artois fut d’avis au contraire d’aller
droit au Caire, capitale de l’Egypte , disant que qui
vouloit occire le serpent, il lui devoitpremier ècraser
la téte. Cette opinion , qui n’étoit pas la plus sage,
prévalut ; et l’armée s’étant mise en marclie le 20 No-
vembre 1249 > arriva en peu de jours devantle Caire,
dont elle 11’étoit séparée que par un bras clu Nil. Comme
les Croisés n’avoient pour le passer ni radeaux ni bar-
ques , ils entreprirent d’élever nne chaussée : travail
que les fleches et le feu grégeois lancés par ies ennemis,
et la violence des eaux, rendirent inutile. Nos troupes,
désespérées , étoient prêtes à s’en retourner, lorsqu’un
Bédouin vint indiquer un gué. Le Cointe d’Artois cle-
maucle à passer le premier. Le R.oi s’y oppose, con-
noissant l’impétuosité fougueuse de son courage. Je
vous jure sur ies saints Evangiles , lui dit le Cointe ,
de ne rien entreprendre qu’après votre passage. La
permission accordée, il passe le gue avec deux mille
chevaux. Mais au lieu de se retrancher sur l’autre boixl
jj du fleuve, tant pour lc défendre cpie pour favoriser le
| passage de l’armée, il s’avance , il se précipite, il fond
sur un corps d’enneinis cpii campoit à une lieue de là,
et le poursuit jusques dans la ville cle Massoure et au-
delà. Repoussé dans la ville par les Infideles, qui, à la
vue du petit nombre de sa troupe, avoient fait volte-
face*, il y périt, avec 3oo Chevaliers , sous une grêle
de fleches , de pierres et de madriers , qu’on Ieur jettoit
des feriètres et des toits. Cet événement est du 8 Jan-
vier i2,5o. ( Joinville , èclit. duL. p. 47* ) Mahaut ,
011 Mathilde , Comtesse d’Artois , apprit la mort de
son époux à Damiete , où le Comte de Poitiers l’avoit
amenée de France avec sa femme. (Velli. ) Mahaut
étoit fille aînée de Henri II, Duc de Brabant. Elle avoit
épousé Robert en 1287 ( 1 ), et de leur alliance sor-
tirent un fils , qui suit, et Blanche , mariée , i° à
Henri I, Roi de Navarre et Comte de Champagne, 2 0 à
Edinond d’Angleterre , Comte de Lancastre. Mahaut
convola en secondes noces avec Gui III, Comte de
S. Paul.

Le Comte Ilobert joignôit à Ia valeur des îiiœurs
pures, et sur-tout la chasteté > vertu bien rare alors
parrni les Croisés, dont les débauches énormes étoient
un vrai supplice pour le Roi S. Louis. Cependant Mat-
thieu Paris raconte une aventure qui ne fait pas hon-
neur à la probité de Robert , si elle est telle que cet
Historien la rapporte. Guillaume Longue-épée, dit-il,
Seigneur anglois , du nombre des Croisés et l’un des
plus braves , s’étoit emparé , avec ses gens , d’un Fort
voisin d’Alexandrie,où s’étoient renfennées les femrnes
des principaux Sarasins avec leurs trésors. Encouragé
par ce succès , qui lui procura autant de renommée
que de fortune , il pense à augmenter l’une et l’autre
par quelque nouvel exploit. Bientôt on lui apprend
qu’une caravane s’achemine vers Alexandrie pour la
foire, avec une foible escorte. 11 tombe sur elle , et
l’enleve avec tout son équipage et ses marchandises,
qui étoient d’un prix inhni, sans avoir perdu cl’autre
rnonde dans l’attaque qu’un Chevalier et huit Ser-
gens. Mais un revers subit et inattendu lui fait perdre
le fruit de sa victoire. Les François, jaloux de cette se-
conde capture aiusi que de la premiere , volent à sa
rencontre, le Cornte Robert à leur tête, et lui arrachent
sa proie sans lui en rien laisser. Guillaume va trouver
le Roi S. Louis pour lui deinander justice. Le Mo-
narque s’excuse sur la nécessité où les conjonctures le
mettent de ménager les Chefs de son armée. Robert
sur ces entrefaites survient avec eux, plaide sa cause ,
et réduit toute sa justification à dire que Guillaume a
violé la discipline militaire en se séparant du corps
de l’armée sans permission, et s’appropriant un butin
qui devoit être partagé entre tous : le Roi garde le si-
lence là-dessus. Guillaume indignéseretire, etpasseen
Palestine, où il communique aux Chrétiens du pays son
ressentimentcontreles François. Telesten substancele
récit de Matthieu Paris , l’un des Historiens anglois
les moins favorables ànotre nation. Vraisemblablement
il n’est pas plus croyable sur cet article que lorsqu’il
dit que R.obert se noya dans le Nil en fuyant devant
les Sarasins. Le Comte Robert I orna son écu des
armes de France , chargées au chef d’un lambel à trois
pieces de gueules et de neuf châteaux d’argent, à cause
des neuf Châtellenies d’Artois.

ROBERTII, dit l’ILLUSTRE et LE NOBLE.

i25o. Robert II, fils du Comte Robert I , naquit
environ sept rnois après le décès de son pere. 11 eut
pour tuteur Gui de Châtillon, Comte de S.Paul, son
beau-pere. Dès qu’il fut en âge de porter les armes , il
se distingua par sa valeur. Le Roi S. Louis, son oncle,
Parma Clievalier le 26 Mai 1267. Trois ails après , il
fut de l’expédition de ce Prince en Afrique , où il rem-
porta plusieurs avantages sur les Infideies. Mais il eut
la douleur d’y yoir expirer le saint Monarque , qu’il

C 0 M T E S ]

Evêque la foî ethommage, lui promet une réparation solemnelle
des manquemens où il étoit tombé à son égard, et lui offre pour
ssireté seize ôtages, dont Gauthier, fils d’Alulfe, est le second.

( Carpentier, HisU de Cambrai, pr. p. 9,) Gauthier eut deux fils ,
Encruerand, qui suit, et Gérard, dont fut issue Adélaïde d’Hesdin ,
mariée à Guillaume de Bournonville. (Christin, Jurisp. heroica
dc jure Be/garum, p. 68.)

E n G ü ER AN d , fils aîné de Gauthier, auquel il succéda dâns le
Comté d’Hesdin, donna la derniere main, en 1079, au rétablisse-
rnent commencé par son pere de l’Abbaye d Auchj-les-Moines, an-
ciennement occupée par des filles qu’un Seigneub, nommé Adas-
quare, y avoit mises au commcnceraent du huideme siécle. ( Chart.

0ri n\ d’Anchi; Gallia. Christ. T. X, col. 1698. ) 11 fonda lui-même
en3o94, de l’agrément de Robert II, Comte de Flandre, le Pneuré

D’ H E S D I N.

de S. George, près d’Hesdin , où il mit des Religieux tirés de l’Ab-
bave d’Anchin. ( Cart. S. Georgii.) 11 ne laissa point d’enfans de
sa femme nommée Mathilde. 11 est inhumé dans le chœur d’Au-
chi, où il est représenté sur sa tombe avec un casque en tête, le
bouclier à la main, et l’inscription suivante gravée autour de son
buste : Quinto Ldus Novembris obiit Ingelramnus Comes ; et le
long des bords de la tombe, on lit : Hîc jacet Ingelramnus Comes,
cjui hanc Ècclesiam Alciacensem , ab exercitu LVermondi et
Ysimbardi destructam, restauravit, anno Nerbi Inc. mlxxii.

Gauthier II, neveu d’Enguerand, etvraisemblablement fils de Gé-
rard, remplaçason oncle dansle Comtéd’Hesdin, dont il fut dépouillé
peu de tems après. 11 l’avoit mérité par la conduite tyrannique qu’il
avoit tenue envers l’Abbaye d’Auchi. Baudouin à la Hache, Comte
de Flandre, auquel il c-ut recours dans sa disgrace, le rétablit l’an

! (1) Albéric deTrois-Fontaines,parlant des réjouissances qui se firent

1 aux noces de Robert, dit • Ibi, sicut dicitur, usque ad centum

1 quadraginta rnilucs, et illi cjui dicuntur ministelh m spectacuhs
| : vanitatis multa ibifecerunt, sicut ille cjiu in ccjuo super chordam

in aere ecjuitavit, et sicut illi cjiti duos boves de scarlata 'vestitos
ccjuitabant, c ornicantes ad singula fercula cjuce apponebantur.
{Ad an. 1287.)

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Tümi 1L *9
 
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