2 2 2 CHRON. HISTOR. DES COMTES, PUIS DUCS,DE PENTHIEVRE.
dome, qu’elle avoit eu de HenrilV (1). Elles furent exau-
cées. Le Duc de Mercoeur vint ensuite, parut devant
le lloi avec un air déconcerté , et s’en retourna avec
son pardon et le mcpris de la Cour. Bientôt après il
prit le parti de s’absenter du Royaume, où il se voyoit
sans nulle considération. Les Turcs faisant alors la
guerre à i’Empereur en Hongrie, il y mena douze cens
Gentilshommes à ses frais , et s’y distingua non seule-
ment par des actions courageuses , mais par des opéra-
tions dont les plus habiles. Capitaines se seroient sait
honneur. (Saint-Foix. ) 11 mourut à Nuremberg , en
revenant en France, d’une fievre pourprée le 19 Février
1602 , à l’âge de quarante-trois ans. Henri IV , qui
estimoit sa valeur, lui fit faire un service , le 27 Avril
suivant, à N. D. de Paris , au milieu duquel S. Fran-
çois de Sales , alors Coadjuteur de Geneve , prononça
son Oraison funébre avec beaucoup de discrétion , ne
louant que ce qui étoit vraiment digne d’élages dans
la vie du Duc de Mercoeur. Outre la fille dont nous
venons de parler , il avoit eu de son mariage un fils
mort à onze ans l’an 1690. Sa femme termina ses
jours au château d’Anet le 6 Septembre 1620 , âgée de
soixante-un ans , et fut enterrée aux Capucines de
Paris.
FRANÇOISE D E MERCOEUR
e t CÉSAR D £ VENDÔME.
1620. Françoise de Lorraine, neel’an 15q2, fdle
unique de Philippe-Emmanuel, Duc de Mercœur., et
de IVIarie de Luxembourg , alliée en 1609 , par deux
contrats de mariage , passés , l’un en 1698 , l’autre en
1608, à Gésar , fds naturel de Henri IV et de Gabrielle
d’Estrées, Duc de Vendôme , succéda avec son rnari,
l’an 1628 , à sa mere dans le Duché-Pairie de Pen-
thievre, comme elle avoit succédé à son pcre en 1602
dans le Duché de Mercoeur et autres Domaines de ce
Prince. Cependant le Duché-Pairie de Penthievre, aux
termes des Lettres d’érection, devoit être éteint à la
mort de sa mere , puisqu’elle n’avoit point laissé d’en-
fans mâles. II faut donc qu’il y ait eu quelque déro-
gation à ces Lettres. Mais on ne trouve aucun acte où
elle soit énoncée. On pourroit dire que la donation du
Duché-Pairie de Penthievre, faite à Françoise de Lor-
raine et à César de Vendôme dans les deux contrats
dont on vient de parler, fut agréée par le Iloi Plenri IV,
en présence et par la voionté duquel ces actes furent
passés , Sa Majesté ayant voulu que la Duchesse de
Vendôme jouît de la terre de Penthievre à titre de
Duchc-Pairie, comme avoit fait sa mere, et ayant par
conséquent étendu à la petite-füe de Sébastien de
Luxembourg la grace que les Lettres d’érection de
1669 attribuent à sa fille. Mais dans la suite les Duc
et Duchesse de Vendôme, ayant plusieurs enfaiis et
petits-enfans , furent bien aises qu’il ne restât aucun
doute sur la qualité de Duché et Pairie attachée à la
terre de Penthievre , qrri pouvoit devenir le partage de
quelque puîné ; et l’on voit par les Lettres de i658
et de 1669 qusls eurent soin de faire confrmer ce titre
à la terre de Penthievre conformément aux Lettres de
1669 , et sans déroger à l’anciennelé cl’érection ni au
rang de séance, avec Ia clause néanmoins d’extinction
de Duché-Pairie faute d’hoirs mâles. C’cst ainsi qu’ils
tâcherent de rectiher ce défaut d’exécution des condi-
tions des Lettres de 1569, sitivant lesquelles le Duché-
Pairie devoit être éteint si la f 11e de Sébastien de
Luxembourg n’avoit point d’enfans mâles. Devenue
veuve en i665 , la Duchesse Françoise termina ses
jours le 8 Septembre 1669, un mois après la rnort de
Louis de Vendôme , son fls aîné. ( Voy. les Ducs de
Vendôme. )
LOUIS-JOSEPHDE VENDÔME.
1669. Louis-Joseph , fls aîné de Louis , Duc de
Vendôme, et de Laure Mancini, né le 3o Juin 1654?
devint le successeur de son aïeule paternelle au Duché
de Penthievre. Mais , l’an 1687, ce Duchéfut adjugé
par décret sur lui, le 10 Décembre, à Anne Marie de
Bourbon , Princesse de Conti. ( Voy. les Ducs de Ven-
dome. )
1696. François-Louis de Bourbon, Prince de
Conti, vendit le Duché de Penthievre au Comte de
Toulouse , dans la Maison duquel il subsiste jusqu’à
nosjours.
(1) Comme alors César de Vendôme n’avoit que quatre ans,
et Mademoiselle de Mercœur que six, on se contenta de les fian-
cer. Mais, l’an 1609 , lorsqu’il fallut procéder au mariage , la mere
et la grand’mere de la jeune Princesse, Douairieres l’une et lhqutre
de Mercœur, témoignerent qu’elles aimeroient mieux donner leur
fille et petite-fille au Prince de Condé qu’à un fils légitimé du Roi.
Elles inspirerent même à celle-ci une si grande répugnance pour le
Duc de Vendôme , qu’eile ne pouvoit en entendre parler. Henri IV,
qui avoit extrèmement à cceur cette alliance , fut très piqué de ce
changement de dispositions. II menaça ; et, voyant que les menaces
n’opéroient rien, il négocia, par le moyen du P. Cotton, fort habile
dans l’art de manier les consciences. Le Confesseur triompha de Ia
vieille Douairiere. Mais pour convertir la seconde et sa fille il fallut
faire venir de Verdun le pieux Evèque Eric de Vaudemont, Prélat
fort attaché an Roi. Ses semonces eurent l’esfet qu’on espéroit, et le
mariage fut célébré à Fontainebleau , dans le mois de Juillet i6o3 ,
avec beaucoup de magnificence. Henri IV y parut tout briilant de
pierreries, courut la bague, et l’emporta presque toujours.
FIN D U TOME II:
A P P R O B A T I O N.<
JT’ai lu, par ordre de M. le Garde des Sceaux, Ies tomes premier et second de cette troisieme édition de
YArt de vèrisier les Dates, et il m’a paru que cet ouvrage est parvenu à un degré d’utilité d’autant plus
considérable, qu’il est enrichi d’une multitude d’additions importantes, et qu’en conséquence il mérite de
voir le jour. Paris, ce premier Avril 1787.
D U P U Y:
dome, qu’elle avoit eu de HenrilV (1). Elles furent exau-
cées. Le Duc de Mercoeur vint ensuite, parut devant
le lloi avec un air déconcerté , et s’en retourna avec
son pardon et le mcpris de la Cour. Bientôt après il
prit le parti de s’absenter du Royaume, où il se voyoit
sans nulle considération. Les Turcs faisant alors la
guerre à i’Empereur en Hongrie, il y mena douze cens
Gentilshommes à ses frais , et s’y distingua non seule-
ment par des actions courageuses , mais par des opéra-
tions dont les plus habiles. Capitaines se seroient sait
honneur. (Saint-Foix. ) 11 mourut à Nuremberg , en
revenant en France, d’une fievre pourprée le 19 Février
1602 , à l’âge de quarante-trois ans. Henri IV , qui
estimoit sa valeur, lui fit faire un service , le 27 Avril
suivant, à N. D. de Paris , au milieu duquel S. Fran-
çois de Sales , alors Coadjuteur de Geneve , prononça
son Oraison funébre avec beaucoup de discrétion , ne
louant que ce qui étoit vraiment digne d’élages dans
la vie du Duc de Mercoeur. Outre la fille dont nous
venons de parler , il avoit eu de son mariage un fils
mort à onze ans l’an 1690. Sa femme termina ses
jours au château d’Anet le 6 Septembre 1620 , âgée de
soixante-un ans , et fut enterrée aux Capucines de
Paris.
FRANÇOISE D E MERCOEUR
e t CÉSAR D £ VENDÔME.
1620. Françoise de Lorraine, neel’an 15q2, fdle
unique de Philippe-Emmanuel, Duc de Mercœur., et
de IVIarie de Luxembourg , alliée en 1609 , par deux
contrats de mariage , passés , l’un en 1698 , l’autre en
1608, à Gésar , fds naturel de Henri IV et de Gabrielle
d’Estrées, Duc de Vendôme , succéda avec son rnari,
l’an 1628 , à sa mere dans le Duché-Pairie de Pen-
thievre, comme elle avoit succédé à son pcre en 1602
dans le Duché de Mercoeur et autres Domaines de ce
Prince. Cependant le Duché-Pairie de Penthievre, aux
termes des Lettres d’érection, devoit être éteint à la
mort de sa mere , puisqu’elle n’avoit point laissé d’en-
fans mâles. II faut donc qu’il y ait eu quelque déro-
gation à ces Lettres. Mais on ne trouve aucun acte où
elle soit énoncée. On pourroit dire que la donation du
Duché-Pairie de Penthievre, faite à Françoise de Lor-
raine et à César de Vendôme dans les deux contrats
dont on vient de parler, fut agréée par le Iloi Plenri IV,
en présence et par la voionté duquel ces actes furent
passés , Sa Majesté ayant voulu que la Duchesse de
Vendôme jouît de la terre de Penthievre à titre de
Duchc-Pairie, comme avoit fait sa mere, et ayant par
conséquent étendu à la petite-füe de Sébastien de
Luxembourg la grace que les Lettres d’érection de
1669 attribuent à sa fille. Mais dans la suite les Duc
et Duchesse de Vendôme, ayant plusieurs enfaiis et
petits-enfans , furent bien aises qu’il ne restât aucun
doute sur la qualité de Duché et Pairie attachée à la
terre de Penthievre , qrri pouvoit devenir le partage de
quelque puîné ; et l’on voit par les Lettres de i658
et de 1669 qusls eurent soin de faire confrmer ce titre
à la terre de Penthievre conformément aux Lettres de
1669 , et sans déroger à l’anciennelé cl’érection ni au
rang de séance, avec Ia clause néanmoins d’extinction
de Duché-Pairie faute d’hoirs mâles. C’cst ainsi qu’ils
tâcherent de rectiher ce défaut d’exécution des condi-
tions des Lettres de 1569, sitivant lesquelles le Duché-
Pairie devoit être éteint si la f 11e de Sébastien de
Luxembourg n’avoit point d’enfans mâles. Devenue
veuve en i665 , la Duchesse Françoise termina ses
jours le 8 Septembre 1669, un mois après la rnort de
Louis de Vendôme , son fls aîné. ( Voy. les Ducs de
Vendôme. )
LOUIS-JOSEPHDE VENDÔME.
1669. Louis-Joseph , fls aîné de Louis , Duc de
Vendôme, et de Laure Mancini, né le 3o Juin 1654?
devint le successeur de son aïeule paternelle au Duché
de Penthievre. Mais , l’an 1687, ce Duchéfut adjugé
par décret sur lui, le 10 Décembre, à Anne Marie de
Bourbon , Princesse de Conti. ( Voy. les Ducs de Ven-
dome. )
1696. François-Louis de Bourbon, Prince de
Conti, vendit le Duché de Penthievre au Comte de
Toulouse , dans la Maison duquel il subsiste jusqu’à
nosjours.
(1) Comme alors César de Vendôme n’avoit que quatre ans,
et Mademoiselle de Mercœur que six, on se contenta de les fian-
cer. Mais, l’an 1609 , lorsqu’il fallut procéder au mariage , la mere
et la grand’mere de la jeune Princesse, Douairieres l’une et lhqutre
de Mercœur, témoignerent qu’elles aimeroient mieux donner leur
fille et petite-fille au Prince de Condé qu’à un fils légitimé du Roi.
Elles inspirerent même à celle-ci une si grande répugnance pour le
Duc de Vendôme , qu’eile ne pouvoit en entendre parler. Henri IV,
qui avoit extrèmement à cceur cette alliance , fut très piqué de ce
changement de dispositions. II menaça ; et, voyant que les menaces
n’opéroient rien, il négocia, par le moyen du P. Cotton, fort habile
dans l’art de manier les consciences. Le Confesseur triompha de Ia
vieille Douairiere. Mais pour convertir la seconde et sa fille il fallut
faire venir de Verdun le pieux Evèque Eric de Vaudemont, Prélat
fort attaché an Roi. Ses semonces eurent l’esfet qu’on espéroit, et le
mariage fut célébré à Fontainebleau , dans le mois de Juillet i6o3 ,
avec beaucoup de magnificence. Henri IV y parut tout briilant de
pierreries, courut la bague, et l’emporta presque toujours.
FIN D U TOME II:
A P P R O B A T I O N.<
JT’ai lu, par ordre de M. le Garde des Sceaux, Ies tomes premier et second de cette troisieme édition de
YArt de vèrisier les Dates, et il m’a paru que cet ouvrage est parvenu à un degré d’utilité d’autant plus
considérable, qu’il est enrichi d’une multitude d’additions importantes, et qu’en conséquence il mérite de
voir le jour. Paris, ce premier Avril 1787.
D U P U Y: