Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Montaiglon, Anatole de: La sculpture, [2]: exposition universelle de 1878
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0342

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Louis Rochet, — qui réunissait en lui deux hommes bien diffé-
rents, l’artiste et le lettré, car il a été un orientaliste et un sinologue
distingué, — était d'une tout autre nature. Ce qui dominait chez lui,
c’était le sentiment de l’effet et le mouvement pittoresque de la sil-
houette. S’il a été quelquefois exagéré, comme dans sa statue équestre
de Guillaume le Conquérant, dont le cheval se cabre et se dresse vrai-
ment trop, jamais il n’a été banal, et il avait le don de la vie. Son groupe
de Charlemagne, dont deux Francs à pied tiennent le cheval, en est au
Champ de Mars un bel exemple. Il y est assez peu à son avantage, per-
ché qu’il est sur le faîte d’un édicule qui n’est pas fait pour le porter. Il
y est trop haut et dans des conditions trop invraisemblables; mais on se
rend facilement compte de ce qu’il serait sur un vrai piédestal, au milieu
d’un grand espace et avec un fond de grands arbres. M. Rochet n’était
pas l’homme du détail; le bronze lui convenait mieux que le marbre et
le groupe plus que la statue, mais il sentait vivement et il composait
d’une façon grande.

Carpeaux a probablement donné tout ce qu’il pouvait. Son dernier
groupe des Quatre parties du monde pour la fontaine du Luxembourg
accuse les défauts qui étaient en germe dans le groupe de l’Opéra,
l’exagération du mouvement et comme la flétrissure de la chair. Dans
son Ugolin, dont il y a un grand marbre au Trocadéro, à l’exposition
des carrières françaises de Saint-Béat, les corps nus des enfants sont
certainement meilleurs que le père, théâtral, presque grimacier, et plus
voisin de la boursouflure pittoresque de Fuessli que de la terreur de
Michel-Ange. Carpeaux avait un tempérament qui l’a emporté souvent
au delà du goût, mais il avait la verve, la vie, la chaleur; il échauffait
la terre et le marbre, et l’on sent couler le sang sous leur épiderme; il
était doué, il avait la facilité ingénieuse et l’improvisation créatrice.
Jamais il n’est sorti de ses doigts quelque chose de froid ni de raide ;
sa ligne ondulait d’elle-même, et son relief coloré s’enlevait toujours sur
le soutien et sur le piquant d’une ombre voisine. Il y a des sculpteurs
qui dessinent surtout et dont les œuvres s’éclairent également; Carpeaux
modèle à la façon d’un coloriste; son contour échappe et s’efface comme
dans la nature; sa forme ne se masse et ne se détaille que par l’oppo-
sition des noirs et des clairs. Il y a là un don et une grâce de nature ; ce
n’est pas cherché parce que c’est trouvé, et l’aisance sauve du manié-
risme. Il est inutile de rappeler les qualités un peu troublantes de l’éton-
nant groupe de la Danse; au lieu de la beauté, c’est plutôt l’ivresse
bruyante du plaisir, mais où trouver ailleurs cette souplesse, ce mouve-
ment et cet éclat? Une œuvre plus ancienne et plus simple est peut-être
 
Annotationen