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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: La sculpture, [2]: exposition universelle de 1878
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0358

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LA SCULPTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE.

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pieds à la tête sur la surface unie de ce beau corps droit, sera rompue
au milieu du visage par cette couronne de pénombre qui donnera toute
leur intensité à l’intelligence du front et à la passion étrange et profonde
du regard. Par là, ce n’est plus une figure d’homme, mais celle du
vales.

M. Paul Dubois est aussi d’un pays de sculpteurs. 11 est Champenois
et il ne contredit pas aux caractères de l’ancienne école, à laquelle il
vient ajouter sa valeur. Simart, qui est de la même province, a été
modifié par l’influence d’Ingres, mais ce qui caractérise l’école troyenne,
au xvie siècle du temps de François Gentil, au xvne avec Girardon, c’est
une certaine douceur aimable et aisée, la recherche des formes rondes et
coulantes, par dessus tout, en particulier à la Renaissance, l’amour de
la jeunesse fraîche et pleine, ce qui vient du type du pays où les femmes,
qui gardent une expression agréable d’intelligence et de bonté, devien-
nent assez ordinaires comme traits, après avoir commencé par une
floraison charmante quand elles sont encore jeunes filles. Avec en plus un
sentiment impressionné par les effluves contemporaines, dont la date sera
dans l’avenir plus visible qu’aujourd’hui, M. Dubois a parmi ses dons la
jeunesse et la grâce, naturelles à ses origines.

C’est en 1863 qu’il a débuté par un petit Saint Jean-Baptiste échevelé,
un peu plus tapageur qu’ardent, mais pétillant de vie, et par une bien
belle statue de Narcisse, fruit de l’étude de la grande sculpture antique.
La légende de Narcisse en fait vraiment un bellâtre presque malhonnê-
tement ridicule; puisqu’il était si beau, il aurait mieux fait d’aimer une
belle fdle et d’avoir de beaux enfants. Le moderne sculpteur lui a donné
un caractère masculin et sérieux ; c’est un baigneur debout qui ôte sa
chlamyde avant de descendre dans le fleuve qui coule à ses pieds; au
lieu de s’y mirer sottement, il semble plutôt penser et rêver au milieu
d’un mouvement indifférent dont il ne se préoccupe pas. Avec la sim-
plicité de ses lignes ce beau Narcisse, qui a reparu en marbre au Salon
de 1874, reste l’œuvre classique du jeune maître.

Elle fut suivie en 1865 du fameux Chanteur florentin, qui fut
acclamé, même un peu au-dessus de sa valeur. C’était une aimable
figurine que ce jeune garçon en bonnet conique, au pourpoint serré et
aux chausses collantes, comme on en voit sur les murs des églises de
Florence, dans les fresques de Lippi ou de Ghirlandajo, mais le succès
auprès de tout le public avait quelque chose d’inquiétant. L’artiste, qui
ne l’a pas mise au Champ de Mars, pouvait, entraîné par cet engoue-
ment, continuer dans le même sens et verser dans le genre et dans
l’anecdote. Heureusement Y Eve naissante du Salon de 1873, qui méritait
 
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