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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 3
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Chesneau, Ernest: Le Japon à Paris, [1]: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0402

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LE JAPON A PARIS.

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le caractère esthétique — et par la coloration et par le dessin — tranchait
nettement avec le caractère des objets chinois. Gela se passait en 1862.
Est-ce M. Alfred Stevens, le peintre des élégances parisiennes, ou
M. Whistler, cet autre peintre de la vie moderne dont le tableau, La
Femme en blanc, repoussé par le jury de l’Exposition, en 1863, et exposé
au Salon des Refusés, fut à juste titre si remarqué; serait-ce notre Diaz,
ou l’Espagnol Fortuny, ou bien Alphonse Legros devenu Anglais, qui
eut ce premier bonheur de main, cette pénétration du regard de décou-
vrir dans les confusions de la Chine morte les clartés du Japon vivant? Si
ce n’est celui-ci, c’est tel autre des artistes que je viens de nommer.

L’enthousiasme gagna tous les ateliers avec la rapidité d’une flamme
courant sur une piste de poudre. On ne pouvait se lasser d’admirer
l’imprévu des compositions, la science de la forme, la richesse du ton,
l’originalité de l’effet pittoresque, en même temps que la simplicité des
moyens employés pour obtenir de tels résultats. On enleva toute la
collection à des prix relativement élevés. Ces feuilles en couleur, qui se
débitent aujourd’hui par milliers dans tous les grands bazars du chiffon
au prix moyen de dix centimes, coûtaient alors de deux à quatre et
cinq francs. On se tint au courant des arrivages nouveaux. Ivoires
anciens, émaux cloisonnés, faïences et porcelaines, bronzes, laques, bois
sculptés, étoffes brochées, satins brodés, albums, livres à gravures,
joujoux ne firent plus que traverser la boutique du marchand pour
entrer aussitôt dans les ateliers d’artistes et dans les cabinets des gens
de lettres. Il s’est formé ainsi depuis cette date déjà lointaine jusqu’au
moment présent de belles et rapides collections entre les mains de
M. Yillot, l’ancien conservateur des peintures au Louvre, des peintres
Manet, James Tissot, Fantin-la-Tour, Alphonse Hirsch, Degas, Carolus
Duran, Monet, des graveurs Bracquemond et Jules Jacquemart, de M. Solon
de la manufacture de Sèvres, des écrivains Edmond et Jules de Goncourt,
Champfleurv, Philippe Burty, Zola, de l’éditeur Charpentier, des indus-
triels Barbedienne, Christofle, Bouilhet, Falize; des voyageurs Cernuschi,
Duret, Émile Guimet, F. Regamey. Le mouvement étant donné, la foule
des amateurs suit.

En 1867 l’Exposition universelle acheva de mettre le Japon à la
mode. Peu de temps après un petit groupe d’artistes et de critiques
fondait à Sèvres le dîner mensuel de la Société japonaise du Jinglar.
L’on n’y mangeait pas avec des bâtonnets et l’on n’y buvait d’autre bois-
son que le saki national comme en témoigne le titre même de la société,
le Jinglar étant le nom familier donné à un petit vin de pays que Zacharie
Astruc célébra en un sonnet accompagné de charmantes illustrations à
 
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