GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Z166
Nous retrouvons ici, comme en 1867, les fameux vases d’argent massif
en forme de fleurs de lotus épanouies qui, probablement, ont fait partie
du matériel d’un temple égyptien, et que M. Mariette a découverts dans
une cachette bien maçonnée, sur l’emplacement de la ville antique de
Thmuïs dans le Delta. D’après leur élégance et la quantité des orne-
ments qui les chargent, il est possible qu’ils ne datent que de six siècles
avant J.-G. Pour les Égyptiens, l’argent était de l’or blanc, et le plus
précieux de tous les métaux parce qu’il était le plus rare.
Il y a là de charmantes figurines de bois sculpté; celle entre autres
que l’on connaît sous le nom de la Nageuse et qui faisait partie d’une
cuiller à parfums, objet dont le Louvre possède plusieurs spécimens com-
plets : le corps de la jeune femme qui nage, les bras étendus, en formait
le manche. La tête, aux traits fins, aimables, expressifs, porte la coiffure
des princesses de la XIXe dynastie, contemporaine de Moïse, et c’est ainsi
que, dans un Moïse sauvé des eaux, on devrait peindre la fille du pha-
raon. D’autres figures en bois, mais funéraires, nous montrent le costume
civil des Égyptiens au temps de Moïse ; elles ont servi à M. Mariette dans
ses tentatives de restitution du costume antique, alors que, pour inaugu-
rer la nouvelle salle du Caire, il s’agissait de monter l’opéra d’Aida, dont
il avait composé les scènes et les paroles que Verdi mettait en musique.
M. Ileuzey, de l’Institut, s’en est également servi pour son cours d’ar-
chéologie à l’École des Beaux-Arts, où il traite du costume égyptien. On
remarque surtout quatre statuettes d’hommes vêtus d’une sorte de robe
courte faite d’une draperie à petits plis, serrée à la taille, disposée en
pèlerine sur les épaules et en tablier évasé sur le devant, le tout avec
une forme élégante et commode. Les pieds sont chaussés de légères
sandales et la tête est rasée en vue de la perruque du klaft.
La quatrième cage contient un assortiment d’armes et d’objets mobi-
liers dont plusieurs remontent aux XIe et XIIe dynasties (env. 2850 à 2600
av. J.-G.): arcs, flèches, houes en bois, pieds de meubles incrustés, tabou-
rets couverts en paille tressée comme de nos jours, linges à franges, etc.
Il y a même un marteau de bois à l’usage des tailleurs de pierre, trouvé
dans la pyramide du roi Ounas (Ve dyn., plus de 3000 av. J.-G.) ; en
revanche, un niveau triangulaire d’architecte, qui pourrait servir encore,
ne date que de l’époque de Moïse, c’est-à-dire de treize siècles avant
notre ère. Un petit modèle antique de coffret en bois de deux couleurs,
brun-noir relevé de jaune clair, et vieux de 4500 ans, a servi de modèle
pour les meubles du Musée de Boulaq et de la présente exposition. Enfin,
dans une vitrine circulaire placée au centre de la salle sous un naos ou
portique de style égyptien, sont disposés d’autres objets d’étude pour
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Nous retrouvons ici, comme en 1867, les fameux vases d’argent massif
en forme de fleurs de lotus épanouies qui, probablement, ont fait partie
du matériel d’un temple égyptien, et que M. Mariette a découverts dans
une cachette bien maçonnée, sur l’emplacement de la ville antique de
Thmuïs dans le Delta. D’après leur élégance et la quantité des orne-
ments qui les chargent, il est possible qu’ils ne datent que de six siècles
avant J.-G. Pour les Égyptiens, l’argent était de l’or blanc, et le plus
précieux de tous les métaux parce qu’il était le plus rare.
Il y a là de charmantes figurines de bois sculpté; celle entre autres
que l’on connaît sous le nom de la Nageuse et qui faisait partie d’une
cuiller à parfums, objet dont le Louvre possède plusieurs spécimens com-
plets : le corps de la jeune femme qui nage, les bras étendus, en formait
le manche. La tête, aux traits fins, aimables, expressifs, porte la coiffure
des princesses de la XIXe dynastie, contemporaine de Moïse, et c’est ainsi
que, dans un Moïse sauvé des eaux, on devrait peindre la fille du pha-
raon. D’autres figures en bois, mais funéraires, nous montrent le costume
civil des Égyptiens au temps de Moïse ; elles ont servi à M. Mariette dans
ses tentatives de restitution du costume antique, alors que, pour inaugu-
rer la nouvelle salle du Caire, il s’agissait de monter l’opéra d’Aida, dont
il avait composé les scènes et les paroles que Verdi mettait en musique.
M. Ileuzey, de l’Institut, s’en est également servi pour son cours d’ar-
chéologie à l’École des Beaux-Arts, où il traite du costume égyptien. On
remarque surtout quatre statuettes d’hommes vêtus d’une sorte de robe
courte faite d’une draperie à petits plis, serrée à la taille, disposée en
pèlerine sur les épaules et en tablier évasé sur le devant, le tout avec
une forme élégante et commode. Les pieds sont chaussés de légères
sandales et la tête est rasée en vue de la perruque du klaft.
La quatrième cage contient un assortiment d’armes et d’objets mobi-
liers dont plusieurs remontent aux XIe et XIIe dynasties (env. 2850 à 2600
av. J.-G.): arcs, flèches, houes en bois, pieds de meubles incrustés, tabou-
rets couverts en paille tressée comme de nos jours, linges à franges, etc.
Il y a même un marteau de bois à l’usage des tailleurs de pierre, trouvé
dans la pyramide du roi Ounas (Ve dyn., plus de 3000 av. J.-G.) ; en
revanche, un niveau triangulaire d’architecte, qui pourrait servir encore,
ne date que de l’époque de Moïse, c’est-à-dire de treize siècles avant
notre ère. Un petit modèle antique de coffret en bois de deux couleurs,
brun-noir relevé de jaune clair, et vieux de 4500 ans, a servi de modèle
pour les meubles du Musée de Boulaq et de la présente exposition. Enfin,
dans une vitrine circulaire placée au centre de la salle sous un naos ou
portique de style égyptien, sont disposés d’autres objets d’étude pour