DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Fillon, Benjamin: L' art romain et ses dégénérescences au Trocadéro: exposition universelle
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0528
L’ART ROMAIN ET SES DÉGÉNÉRESCENCES.
509
Un examen plus attentif démontre qu’elle est, au contraire, l’œuvre d’un
contemporain des graveurs des coins des monnaies à la tête de Louis le
Débonnaire ou de Charles le Chauve, qui, à l’instar de ses confrères, a
pris pour modèle une pièce romaine. La moustache germanique a été
ajoutée par lui.
Une défectuosité de fabrication indique que l’ouvrier ne possédait pas
à fond son métier. La couche blanc cendré, qui couvre le noir de la
pâte, ne s’étant pas trouvée rétractile ou dilatable au même degré que
celle-ci, s’est fendillée comme un craquelé chinois, défaut qu’on ne ren-
contrerait point dans un produit des âges antérieurs.
Constatons, en outre, que l’emploi fréquent de pierres gravées
antiques, portant des têtes de divinités ou d’empereurs romains, et de
leurs imitations dans les sceaux, de même que celui des monnaies pour
en faire des fibules, fut la conséquence de ce regain des traditions latines
qui surgit vers la seconde moitié du vme siècle, eut un semblant de
vitalité sous Charlemagne et Louis le Débonnaire, et ne tarda pas à s’étioler
sous les successeurs de ce dernier prince. Pour ne parler que de la
glyptique, notre pseudo-intaille donne une idée très exacte du sentiment
artistique de cette période transitoire. Des pierres antiques et des imi-
tations d’anciennes monnaies étaient encadrées de manière à former des
sceaux par les orfèvres, comme les architectes encastraient, dans les
façades de leurs édifices, des fragments de sculptures romaines. Procéder
autrement eût exigé, des uns et des autres, des notions hors de leur
portée et une science pratique inconnue des hommes des vme et ixe siècles,
impuissants à produire le beau, mais assez heureusement doués pour
l’entrevoir. L’imagination ne revint à l’artiste que longtemps après.
BEN.ÎAMIN FI LEON.
509
Un examen plus attentif démontre qu’elle est, au contraire, l’œuvre d’un
contemporain des graveurs des coins des monnaies à la tête de Louis le
Débonnaire ou de Charles le Chauve, qui, à l’instar de ses confrères, a
pris pour modèle une pièce romaine. La moustache germanique a été
ajoutée par lui.
Une défectuosité de fabrication indique que l’ouvrier ne possédait pas
à fond son métier. La couche blanc cendré, qui couvre le noir de la
pâte, ne s’étant pas trouvée rétractile ou dilatable au même degré que
celle-ci, s’est fendillée comme un craquelé chinois, défaut qu’on ne ren-
contrerait point dans un produit des âges antérieurs.
Constatons, en outre, que l’emploi fréquent de pierres gravées
antiques, portant des têtes de divinités ou d’empereurs romains, et de
leurs imitations dans les sceaux, de même que celui des monnaies pour
en faire des fibules, fut la conséquence de ce regain des traditions latines
qui surgit vers la seconde moitié du vme siècle, eut un semblant de
vitalité sous Charlemagne et Louis le Débonnaire, et ne tarda pas à s’étioler
sous les successeurs de ce dernier prince. Pour ne parler que de la
glyptique, notre pseudo-intaille donne une idée très exacte du sentiment
artistique de cette période transitoire. Des pierres antiques et des imi-
tations d’anciennes monnaies étaient encadrées de manière à former des
sceaux par les orfèvres, comme les architectes encastraient, dans les
façades de leurs édifices, des fragments de sculptures romaines. Procéder
autrement eût exigé, des uns et des autres, des notions hors de leur
portée et une science pratique inconnue des hommes des vme et ixe siècles,
impuissants à produire le beau, mais assez heureusement doués pour
l’entrevoir. L’imagination ne revint à l’artiste que longtemps après.
BEN.ÎAMIN FI LEON.