Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Vachon, Marius: Les industries d'art au Champ de Mars, [4]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0817

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES MEUBLES AU CHAMP DE MARS.

793

sur les cliaycres des barons farouches du Moyen Age, les pourpoints
tailladés des gentilshommes galants de la suite de Henri II, de Henri III,
et les gracieuses productions de la Renaissance, sur les excentricités ga-
lantes de la Régence et la fantaisie mondaine des créations de ses artistes
industriels. A partir de la Restauration on ne crée plus rien, on réédite;
du Moyen Age on passe au xviip siècle, amalgamant tous les styles en
vertu d’une méthode éclectique qui n’a produit que très rarement des
résultats sérieux.

Nous en sommes pour l’heure au Louis XY et au Louis XVI. Par-
courez avec attention la longue galerie du mobilier dans la section fran-
çaise, vous n’y trouverez guère que des reproductions et des imitations
des œuvres de ces deux époques. Le xve siècle, qui a été si fort à la mode
autrefois au temps du romantisme, n’a conservé que de très rares fidèles.
Peu ou presque plus de ces lourdes crédences en chêne brut, de ces im-
menses lits encourtinés, de ces buffets massifs et disgracieux, où le travail
est secondaire, véritables anachronismes artistiques dont le moindre
défaut était de jurer effroyablement avec le caractère de nos habitations
modernes. S’agit-il d’une reconstitution du mobilier d’un vieux castel à
mâchicoulis, nous ne contestons point qu’il y ait quelque mérite à faire
une reproduction réussie ; mais en telle circonstance, ce n’est pour ainsi
dire plus de l’art, mais de l’archéologie. Il ne suffit point d’entasser
sculpture sur sculpture pour faire de la Renaissance ou du Moyen Age,
de surcharger d’incrustations, de bronzes ciselés, des meubles en chêne
ou en bois de rose, pour créer une œuvre du xviii6 siècle. L’intuition
du sentiment intime de ces époques et la restitution de quelques-unes
des qualités particulières qui forment le caractère et le charme de leurs
productions sont indispensables. Ce n’est qu’à ces conditions que l’on
fait œuvre d’artiste.

Laissons les huches bardées de fer et les chciyères au Musée de Cluny.
Elles ne conviennent point à notre siècle d’élégance.

La Renaissance est encore fort cultivée dans le grand mobilier, en
dehors dès fantaisies de luxe, cabinets, meubles à bibelots qui appartien-
nent généralement à ce style. Mais la plupart de ceux qui s’y adonnent
semblent vouloir transiger avec le goût du jour, en s’inspirant des mo-
dèles de l’école italienne, aux formes plus sveltes et plus gracieuses que
dans les œuvres de la renaissance flamande ou française.

Pour corriger la sévérité du ton uniforme du chêne, du noyer ou de
l’ébène, ils jettent çà et là sur les corniches, sur les panneaux et les pi-
lastres, la note gaie et lumineuse d’un médaillon en émail, d’une applique
de marbre ou de métal. Mais la dominante est le xvmc siècle : les com-

XVIII — V PÉRIODE. '100
 
Annotationen