LÀ SCULPTURE AU TROCADÉRO.
823
effectivement des difficultés qui ne pouvaient guère être surmontées que
par un homme du métier. Maximilien Titon était un armurier, fournis-
seur des armées, qui avait un magasin célèbre sur la place de la Bastille.
Il ne faut pas le confondre avec son fils Titon du Tillet, auteur d’un
monument de bronze, consacré à la gloire de la poésie française, conservé
aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. Notre groupe a donc été fondu
très probablement, à l’Arsenal, qui était le refuge des connaissances
métallurgiques du moment.
L’art du xvnR siècle n’a rien d’intime ou de personnel; il respire le
faste et la représentation jusque dans son mobilier, qui était plus magni-
fique que confortable. Le premier mobilier Louis XIV a disparu; nous ne
le connaissons plus que par les estampes de Le Pautre et de Jean Marot.
Les pièces en étaient peu nombreuses. Des tapisseries couvraient les murs
des appartements; les plafonds et les boiseries des portes étaient riche-
ment ornés; un lit, sur lequel la maîtresse de la maison recevait ses
amis, comme on le ferait aujourd’hui sur un canapé, occupait le milieu
d’une vaste alcôve qui servait de lieu de réunion. Le lit, pour lequel on
faisait de grandes folies, était le meuble à la mode. Je vois, dans une
lettre de Coulanges, que Mme de Montespan donna au duc du Maine
un lit qui coûtait quarante mille écus. Une balustrade en argent séparait
l’alcôve du reste de la pièce. Une table, un grand coffret et une glace,
également d’argent, et un cabinet, avec des tiroirs pour serrer les menus
papiers, qu’on disait d’Allemagne, bien qu’il fût souvent italien ou chi-
nois, garnissaient le reste de la pièce ; enfin des sièges en tapisserie au
petit point, et c’est à peu près tout.
Les pièces principales de ce mobilier ont disparu, sans exception,
pendant la guerre de la coalition de l’Europe contre Louis XIV, qui se
termina par la paix de Ryswick, en 1693. Pour subvenir aux frais de
cette campagne désastreuse, le roi fit porter à la Monnaie tous les
meubles qui garnissaient les résidences royales, tout ce qui était or et
argent, et nul ne fut dispensé de suivre son exemple; les ordonnances
les plus sévères prohibèrent pendant longtemps toute dorure du bois
ou du bronze. C’est dans ce naufrage que disparurent tous les ouvrages
du célèbre Ballin ; il ne nous reste absolument rien de ce grand orfèvre.
Trois de ses ouvrages, les deux grands candélabres du maître-autel de
Notre-Dame de Paris, et une grande lampe, qui avaient résisté à la misère
publique de la fin du grand règne, ont succombé pendant la Révolution
française.
C’est à ce moment que les ouvrages d’Anclré-Charles Boulle com-
mencent à prendre une grande importance. Boulle, en remplaçant Je
823
effectivement des difficultés qui ne pouvaient guère être surmontées que
par un homme du métier. Maximilien Titon était un armurier, fournis-
seur des armées, qui avait un magasin célèbre sur la place de la Bastille.
Il ne faut pas le confondre avec son fils Titon du Tillet, auteur d’un
monument de bronze, consacré à la gloire de la poésie française, conservé
aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. Notre groupe a donc été fondu
très probablement, à l’Arsenal, qui était le refuge des connaissances
métallurgiques du moment.
L’art du xvnR siècle n’a rien d’intime ou de personnel; il respire le
faste et la représentation jusque dans son mobilier, qui était plus magni-
fique que confortable. Le premier mobilier Louis XIV a disparu; nous ne
le connaissons plus que par les estampes de Le Pautre et de Jean Marot.
Les pièces en étaient peu nombreuses. Des tapisseries couvraient les murs
des appartements; les plafonds et les boiseries des portes étaient riche-
ment ornés; un lit, sur lequel la maîtresse de la maison recevait ses
amis, comme on le ferait aujourd’hui sur un canapé, occupait le milieu
d’une vaste alcôve qui servait de lieu de réunion. Le lit, pour lequel on
faisait de grandes folies, était le meuble à la mode. Je vois, dans une
lettre de Coulanges, que Mme de Montespan donna au duc du Maine
un lit qui coûtait quarante mille écus. Une balustrade en argent séparait
l’alcôve du reste de la pièce. Une table, un grand coffret et une glace,
également d’argent, et un cabinet, avec des tiroirs pour serrer les menus
papiers, qu’on disait d’Allemagne, bien qu’il fût souvent italien ou chi-
nois, garnissaient le reste de la pièce ; enfin des sièges en tapisserie au
petit point, et c’est à peu près tout.
Les pièces principales de ce mobilier ont disparu, sans exception,
pendant la guerre de la coalition de l’Europe contre Louis XIV, qui se
termina par la paix de Ryswick, en 1693. Pour subvenir aux frais de
cette campagne désastreuse, le roi fit porter à la Monnaie tous les
meubles qui garnissaient les résidences royales, tout ce qui était or et
argent, et nul ne fut dispensé de suivre son exemple; les ordonnances
les plus sévères prohibèrent pendant longtemps toute dorure du bois
ou du bronze. C’est dans ce naufrage que disparurent tous les ouvrages
du célèbre Ballin ; il ne nous reste absolument rien de ce grand orfèvre.
Trois de ses ouvrages, les deux grands candélabres du maître-autel de
Notre-Dame de Paris, et une grande lampe, qui avaient résisté à la misère
publique de la fin du grand règne, ont succombé pendant la Révolution
française.
C’est à ce moment que les ouvrages d’Anclré-Charles Boulle com-
mencent à prendre une grande importance. Boulle, en remplaçant Je