Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Piot, Eugène: La sculpture à l'exposition rétrospective du Trocadéro, [2]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0861

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
836

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rence, ou, pour mieux dire, le goût se déplace. Après lui, ses élèves
et ses émules, Antonio Susini, Max. Soldani, Foggini, Piamontini, For-
tini, tous artistes de talent, ont répondu pendant tout le xviie siècle au
goût pour les groupes de bronzes décoratifs, et il suffira, par exemple, de
signaler le sujet de quelques groupes de Maximilien Soldani : Apollon et
'Daphné, Énée emportant Anchise, Bomulus enlevant Hersilie, pour
remettre en mémoire aux amateurs des compositions qui leur sont
maintes fois passées sous les yeux.

Un beau groupe, sujet allégorique qui me paraît représenter le
Triomphe du Génie sur la Richesse, exposé par M. Raimond Seillière, me
paraît d’Antonio Susini. Il est d’un très bel accent florentin, d’un style
un peu maniéré, mais bien supérieur aux compositions de Jean de
Bologne, dont cependant Susini était le coopérateur et l’élève.

L’école espagnole de sculpture est représentée au Trocadéro par
quelques œuvres excellentes qui méritent une attention particulière.

Le Saint François cVAssise, d’Alonzo Cano, exposé par M. Odiot, est
une figure de soixante-dix centimètres de hauteur, de bois peint, exécu-
tée avec le plus grand soin, dans toutes les conditions de réalisme absolu
qui distingue la plupart des œuvres de cette école au xvm siècle. Le
personnage est debout, enveloppé dans sa robe de bure. Le corps a
déjà une sorte de rigidité cadavérique ; la tête couverte d’un capuchon
laisse voir un visage pâle ou il ne reste de vivant que deux yeux
ardents, levés vers le ciel, absorbés dans une vision extatique et offrant
à Dieu l’hommage de ses souffrances terrestres, trop visibles, hélas! Cette
œuvre, restée ignorée, du grand artiste espagnol fit une très grande sen-
sation l’année dernière, lorsqu’elle parut pour la première fois à l’ex-
position permanente des Beaux-Arts de Madrid. D. Pedro de Madrazo,
juge si autorisé en de pareilles matières, déclarait son apparition « un
événement artistique qui transformait le palais de la Plateria, où se tient
cette exposition, en véritable sanctuaire de l’art espagnol ». On connais-
sait le même sujet, traité d’une façon identique par Pedro de Meno et
conservé dans la cathédrale de Tolède, qui a été popularisé parmi nous
par une copie très exacte de M. Zacharie Astruc, publiée par la maison
d’orfèvrerie Christofle. Cette copie se trouvait à l’exposition de Madrid
placée côte à côte avec celle d’Alonzo Cano, et l’éminent critique a fait
observer avec beaucoup de finesse et de savoir les différences qui exis-
taient entre elles. Quelles que soient les similitudes que l’on peut obser-
ver entre les œuvres d’un maître et celles de son élève de prédilection,
il y a toujours dans celles du premier un sentiment plus profond du sujet
 
Annotationen