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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: Les laques japonais au Trocadéro
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0982

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LES LAQUES JAPONAIS AU TROCADÉRO.

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qui crée tant de merveilles, ne saurait rien produire de si achevé, il y
faut une souplesse de main toute féminine, une dextérité persévérante,
un sacrifice de temps que les nations de l’Occident ne voudraient pas faire
avec tant d’insouciance ; seul le laborieux artiste japonais, qui ne compte
pas les heures, peut mener à bonne fin ce travail de fée.

La plupart de ceux mêmes qui admirent ces petits chefs-d’œuvre
ne connaissent guère la substance employée, ni les procédés de fabrica-
tion. Le laque est le produit du Rhus vernicifera, arbre appartenant à
la famille des Anacardiacès, qui atteint en six ou sept ans une hauteur
de 20 à 25 pieds L Lorsque l’arbre est arrivé à son entière maturité (de
six à huit ans), on en extrait le vernis en y pratiquant des incisions
horizontales, environ à 30 pouces l’une de l’autre, chacune de 6 pouces
de longueur, au milieu desquelles est percée une ouverture circulaire
destinée à provoquer l’issue de la sève qui est recueillie dans une
spatule en fer. On peut encore couper les branches de l’arbre, les
plonger dans l’eau pendant trois semaines environ et, à l’aide d’in-
cisions, en extraire le suc. Le meilleur vernis est celui qu’on récolte
de la fin de juillet au milieu de septembre. A sa sortie de l’arbre, il est
de couleur blanc mat et assez semblable à de la crème; exposé à
l’air et à la lumière, il prend bientôt des teintes brunes et finit par de-
venir presque entièrement noir. Il est vénéneux à tel point que les ou-
vriers qui le recueillent enduisent leurs figures et leurs mains de matières
grasses pour empêcher Je poison de pénétrer à travers les pores de la
peau. Il est employé tantôt seul, à l’état naturel, tantôt délayé avec de
l’huile ou mêlé à certaines substances telles que le sulfate de fer, le
vermillon, le benigara, composé d’oxyde rouge de fer, et quelques
poudres qui ont pour effet de le durcir ou de le colorer.

Les laques exécutés avec ces différentes sortes de vernis sont
dus à des procédés très nombreux et très variés. Nous nous conten-
terons de décrire sommairement la fabrication du genre qui demande
le plus de soins. On taille délicatement le bois qu’il faut revêtir de
laque ; les interstices sont bouchés au moyen d’une pâte composée de
farine de froment, de sciure et de vernis brut. Sur ce bois est appliquée
une couche d’un enduit formé d’argile calcinée et de vernis brut étendu
d’eau, que l’on recouvre d’un certain nombre de couches analogues
et qu’ on polit avec une pierre à repasser grossière. De nouvelles couches

\. Nous avons emprunfé la plupart de ces détails à l’in'éressant travail : Les laques
du Japon, publié par M. Maéda, le savant commissaire général du Japon à l’Exposi-
tion universelle, dans la Revue scientifique, n° 50, juin 1878.
 
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