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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 6
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Duranty, Edmond: L' extrême Orient: revue d'ensemble des arts asiatiques à l'Exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#1076

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1048

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

voient agrandi, de près et emporté, enfin une double tendance, héroïque
d’un côté, satirique de l’autre. Partout ailleurs, en Orient, si nous ne
voulons pas exagérer jusqu’au paradoxe l’amour pour le naïf, nous ne
trouvons, sous une candeur parfois délicate, que raideur ou pesante gau-
cherie, avec l’ignorance du dessin et l’absence de l’expression.

A côté de ces habiletés du Japon et de la Chine, nous voyons que le
dessinateur n’y sait pas ou sait à peine modeler, qu’il observe d’une
façon hâtive, si on le compare à l’Européen, qu’il n’entend réellement
pas l’anatomie, ni le clair-obscur, ni la perspective linéaire ; que chacun
des éléments de son dessin est toujours le même dans les trois ou quatre
seules catégories de facture qu’il emploie; qu’il mêle les ignorances de
traditions antérieures avec les adresses de progrès nouveaux, sans pou-
voir étendre à la fois ces progrès à l’ensemble de son œuvre ; que la
marque de l’artiste individuel, distinct de son voisin, n’y existe pas ou
ne s’y voit pas tranchée; qu’on y travaille de routine, et qu’on associe
les vieux procédés et les types anciens à un naturalisme en quête de
modifications.

Enfin nous voyons encore que c’est au modeleur, au sculpteur qu’il
faut demander les réalisations les plus sûres, les plus complètes, du
personnage, de l’animal ou de la plante. Cet art nous montre un état
et une marche mixtes que l’art occidental ne nous a pas offerts. De sorte
que nous pourrions établir trois grandes façons artistiques de par l’ancien
continent : l’art des Blancs, le nôtre, celui qui a atteint le dernier degré
de la science; l’art des Bruns, celui de l’Inde, de la Perse, de l’Islam,
et nous l’appelons art des Bruns, parce qu’il semble qu’on peut y
reconnaître sinon une action prépondérante, du moins une sérieuse
trace d’influence de toutes ces races noires ou brunes primitives, dravi-
diennes, kouschites, chamites, dont les représentants sont encore nom-
breux dans l’Inde, dans l’Asie centrale et en Afrique; enfin l’art des
Jaunes, juste à mi-chemin entre la science des premiers et la naïveté
eu la barbarie des autres.

DUR ANTY.
 
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