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Revue archéologique — 12.1865

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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond Jean Baptiste: Ghiaour-Kalé-Si: ses murailles cyclopéennes, ses bas-reliefs taillés dans le roc
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https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0013

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GHIAOUR-KALE-SI, SES MURAILLES GYCLOPEENNES, ETC.

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Par une singulière coïncidence, cette chaussure que nous trouvons
ainsi adoptée, à une époque aussi reculée, dans toute la péninsule
de l’Asie Mineure, nous la rencontrons également dans les monu-
ments d’une origine toute différente, dans des œuvres qui appar-
tiennent à l’Occident et que nous a léguées la civilisation étrusque.
Dans la plus ancienne probablement de toutes les grottes funéraires
qui aient été ouvertes en Toscane, dans les sculptures et les pein-
tures, aujourd’hui déposées au Louvre, de cette sépulture d’Agylla
ou Cæré qui nous a donné le célèbre tombeau généralement connu
sous le nom de tombeau lydien, tous ceux des personnages représen-
tés, hommes ou femmes, qui n’ont pas les pieds nus portent un bro-
dequin lacé sur le pied et se terminant par une pointe recourbée en
arrière, comme dans nos bas-reliefs d’Asie Mineure. Si, comme le
veut la tradition classique, tradition que l’érudition moderne tend
à accepter et à appuyer sur de nouvelles inductions, les Étrusques
sont venus de Lydie, on comprendrait qu’ils eussent apporté d’Asie
Mineure l’habitude de cette singulière chaussure (1).

portent différentes coiffures; chez quelques-uns d’entre eux on croirait voir un bonne
de laine, comme celui de nos pêcheurs, rabattu sur la nuque; ce pourrait être le
même bonnet que dans les bas-reliefs de l’Asie Mineure, seulement posé d’une manière
différente, rejeté en arrière. C’est ainsi que les marins de l’archipel portent le fez
tout autrement que les Albanais ou les Turcs, quoiqu’il n’y ait là que des variétés
d’une même coiffure qui appartient également à toutes les populations de la Grèce
et de la Turquie.

(1) Voir, sur la question des origines étrusques, le bel ouvrage de M. Noël Des
Vergers, YÈlrurie et les Etrusques ou Dix ans de fouilles dans les Maremmes tosca-
nes, Paris, Didot, 1862-1864. On trouvera là (2° partie, ch. 1) discutés tous les textes
anciens relatifs à l’origine des Étrusques, examinées avec une sûre critique toutes
les théories modernes qui ont été construites sur ces étroits fondements. M. Des
Vergers montre d’abord que l’antiquité presque tout entière s’est accordée à rattacher
les Étrusques à l’Asie Mineure .'puis il cherche surtout la solution du problème dans
l’étude des monuments figurés de tous ces débris de la plastique étrusque qui [nous
ont été fournis par les nécropoles toscanes. C’est en suivant cette voie qu’il arrive à
reconnaître la vérité de la tradition qu’Hérodote nous a transmise en la chargeant
de détails évidemment apocryphes et fabuleux. Voir, pour la description du tombeau
dit lydien, trouvé dans la nécropole d’Agylla ou Cæré, les Cataloghi del Museo Cam-
patia, classe IV, série IX; ce même monument est figuré dans les Monuments inédits
(Institut de correspondance archéologique), t. VI, p. 59.

Serait-ce de chez les Étrusques que cette chaussure aurait passé chez les Latins
leurs voisins, pour y être adoptée au moins dans quelques cités? Ce qui semblerait
l’indiquer, c’est que la Junon lanuvienne aurait eu, d’après Cicéron, une chaussure
tout à fait analogue à celle que nous décrivons : Juno sospita cum pelle caprina, cum
hasta, cum scutulo, cum calceolis répandis. » N. D , I, 27. C’est d’après cette phrase
qu’a été restaurée une belle Junon du Vatican, dont les pieds étaient brisés. Visconti,
Museo Pio Clementino, t. Il, pl. 21.
 
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