Revue archéologique (12.1865)

DÉCOUVERTS DANS L’ILE DE THASOS
(inédits)

Au nombre des marbres que j’ai rapportés d’Orient, il en est plu-
sieurs qui méritent une attention toute particulière. En première
ligne, ainsi que je l’ai dit dans mon second rapport (1) à l’Empereur,
je dois citer trois bas-reliefs archaïques qui proviennent de mes
fouilles pratiquées dans l’île de Thasos. Ces trois bas-reliefs, dont
deux portent des inscriptions grecques, forment un seul monument
qui peut être considéré comme un des plus intéressants du Louvre,
et dont l’interprétation comporte de grandes difficultés.

Si j’aborde aujourd'hui l’explication de la partie épigraphique,
ce n’est pas que j’aie la prétention d’avoir trouvé une solution défi-
nitive. Il y a, je le sens, une certaine témérité à s’avanturer le pre-
mier dans une pareille voie, mais sollicité de plusieurs côtés à pu-
blier promptement un monument que j’avais découvert, je me suis
résigné de bonne grâce, bien que je reconnaisse mon insuffisance
pour un travail aussi hérissé de difficultés. Toutefois, je prie les sa-
vants de m’apporter le concours de leurs lumières en rectifiant mes
idées dans ce qu’elles peuvent avoir d’erroné, idées que je ne ha-
sarde du reste qu’avec la plus grande réserve.

Le monument en question se compose, comme je le disais plus
haut, de trois bas-reliefs, un grand qui doit occuper le milieu et de
deux autres plus petits. Le bas-relief principal, c’est-à-dire le plus
grand, ayant quatre-vingt-douze centimètres de haut sur deux mètres
dix centimètres de large, contient dans le milieu une niche à peu
près carrée (2), allant un peu en diminuant vers le haut, et entourée
d’un chambranle qui lui donne l’aspect d’une porte. A gauche, Apol-

(1) Voy. le Moniteur du 30 septembre 1865. — (2) Voir les pl. XXIV et XXV.

(2) Hauteur 0m,56, largeur du bas 0m,50, latgeur du haut 0m,47, profondeur 0m,22.