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Revue archéologique — 12.1865

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Closmadeuc, Gustave de: Les gougad-patereu ou colliers talismans de Saint-Jean-Brevelay, Bignan, Moustoirac, Locminé, etc. (Morbihan)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0437

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LES

GOUGAD-PATEREU

OU

COLLIERS TALISMANS

DE SAINT-JEAN-BREVELAY, BIGNAN, MOUSTOIRAC, LOCMINÉ, ETC. (MORBIHAN)

Il y a quarante ou cinquante ans, il n'était pas rare, un jour de
noces dans les campagnes bretonnes de Saint-Jean-Brevelay ou de
Bignan, de remarquer au cou de la mariée un ornement bizarre,
composé d’un certain nombre de grains multicolores réunis en collier
par un fil de chanvre ou de laine. Ce collier, conservé dans la famille
de temps immémorial, était passé ce jour-là au cou de la mariée,
beaucoup plus dans une intention mystique que comme une parure.

A la mort de la paysanne devenue vieille, au moment de l’inven-
taire ou du partage du mobilier entre ses enfants, le même collier
apparaissait encore comme une pièce importante de l’héritage. Chacun
l’ambitionnait dans sa part. Il allait être tiré au sort, et ce n’était pas
trop de deux génisses ou du plus beau bahut de chêne pour établir la
balance égale avec les lots qui en étaient privés.

Parfois le collier restait propriété indivise, ou bien on l’égrenait,
et les ayants droit s’en partageaient les grains. — Il arrivait aussi
parfois que la vieille bretonne, qui avait reçu ce gage de bonheur
des mains de ses aïeux et l’avait porté religieusement toute sa vie,
ne voulait plus s’en séparer, et, à son lit de mort, on l’entendait re-
commander à ses proches de le déposer près d’elle dans la tombe. —
C’est que ce collier était un talisman, et qui dit talisman dit un objet
sacré doué d’une puissance mystérieuse.

Dans une chaumière bretonne, quelqu’un avait-il la fièvre ; le lait
manquait-il à une nourrice; les dents tardaient-elles à sortir aux
petits enfants; ou bien fallait-il conjurer un sort jeté par un men-
diant de mine douteuse, vile, on courait à la ferme prochaine, on
empruntait pour un instant le merveilleux collier, et on se hâtait de
le passer au cou du pauvre patient. — Jusqu’où n’allait pas la con-

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