Revue archéologique (12.1865)

FOUILLES

nu

TUMULUS DU MOUSTOIR CARNAC

RAPPORT A LA COMMISSION DE TOPOGRAPHIE DES GAULES

Les résultats inattendus de la fouille du Mané-Lud, à Locmaria-
quer, m’inspiraient un vif désir d’explorer un second monument
semblable. Un fait scientifique isolé a toujours, en effet, besoin
d’une confirmation; mais c’en est une précieuse que de prévoir
ailleurs un autre fait analogue, et de reconnaître que la réalité
vérifie cette prévision : l’hypothèse prend, dès lors, le caractère
d’une loi.

Je n’ai pas eu longtemps à attendre l’occasion que je cherchais.

A trois kilomètres de Carnac, sur l’ancienne route qui relie ce
bourg célèbre à la charmante petite ville d’Auray se groupent, au-
tour d’une chapelle, les chaumières d’un petit village nommé Le
Moustoir, et qu’il faut avoir soin d’appeler Le Moustoir-Carnac,
sous peine de le confondre avec un très-grand nombre de lieux por-
tant le même nom, parce qu’ils dépendaient autrefois d’un fief abba-
tial.

Mais au Moustoir-Carnac on doit bien s’attendre à trouver
encore autre chose qu’un clocher à jours et un souvenir monas-
tique : ce nom de famille, nom illustre en archéologie, qu’il nous
faut ajouter à l’autre pour caractériser cet endroit, évoque nécessai-
rement la pensée d’un sombre dolmen, d’un menhir hardiment
dressé, ou d’un gigantesque tumulus. Or, par chance singulière,
nous allons rencontrer ici, réunis et formant un seul tout monu-
mental, ces trois éléments de l’énigme funèbre léguée, par nos an-
cêtres, à nos méditations.