BULLETIN MENSUEL
DE L’ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
MOIS D’AOUT
M. Léon Renier, au nom de la commission chargée d’examiner les
nouvelles inscriptions découvertes dans les ruines de Troesmis (Mésie infé-
rieure), lit un rapport étendu, écouté avec beaucoup d’intérêt par l’Aca-
démie. Nous espérons pouvoir donner prochainement une analyse très-
développée de ce savant travail.
M. Renan fait à l’Académie une communication sur les sculptures colos-
sales du mont Staorin, à Antioche. Cette lecture provoque une discussion
sur la figure représentée dans ces grandes ruines. Quelques membres de
l’Académie et notamment MM. de Longpérier, Maury et Egger répugnent
à y voir la tête de Charon, ainsi qu’on le croit généralement. M. Egger
demande si ce ne serait pas simplement une de ces figures de divinités
élevées pour détourner les maux. Il y avait à Rome, ajoute M. Maury, des
bustes érigés dans ce but. D’ailleurs Charon est généralement barbu et la
figure du mont Staorin ne l’est pas.
M. de Rossi, correspondant de l’Institut, fait une communication ver-
bale sur ses dernières découvertes dans le cimetière de Elavia Domitilla.
Cette communication, qui captive l'attention de l’Académie, peut se résu-
mer de la man'ère suivante :
L’idée généralement admise que les chrétiens ont été constamment
obligés, jusqu’à Constantin, de cacher leurs tombeaux et d’ensevelir leurs
frères en secret est lausse. Pendant tout le premier siècle et pendant la plus
grande partie du second, les cimetières chrétiens sont, au contraire, à dé-
couvert etleurs tombeaux étalaient une véritable magnificence. C’est à la fin
du second siècle seulement et durant le troisième que l’on voit les chré-
tiens inquiétés jusque dans leurs derniers asiles, obligés de se cacher et
de dérober aux yeux des profanes, leurs cérémonies funèbres en se réfu-
giant dans les catacombes. Encore cette obligation de se cacher n’est-elle,
durant le troisième siècle lui-même, qu’intermittente. Même alors c’est
l’exception et non la règle. Ce résultat, mis au jour par des fouilles ré-
centes avec une évidence incontestable, M. de Rossi l’avait depuis long-
temps prévu. Les fouilles du cimetière de Fi. Domitilla n’ont fait que
DE L’ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
MOIS D’AOUT
M. Léon Renier, au nom de la commission chargée d’examiner les
nouvelles inscriptions découvertes dans les ruines de Troesmis (Mésie infé-
rieure), lit un rapport étendu, écouté avec beaucoup d’intérêt par l’Aca-
démie. Nous espérons pouvoir donner prochainement une analyse très-
développée de ce savant travail.
M. Renan fait à l’Académie une communication sur les sculptures colos-
sales du mont Staorin, à Antioche. Cette lecture provoque une discussion
sur la figure représentée dans ces grandes ruines. Quelques membres de
l’Académie et notamment MM. de Longpérier, Maury et Egger répugnent
à y voir la tête de Charon, ainsi qu’on le croit généralement. M. Egger
demande si ce ne serait pas simplement une de ces figures de divinités
élevées pour détourner les maux. Il y avait à Rome, ajoute M. Maury, des
bustes érigés dans ce but. D’ailleurs Charon est généralement barbu et la
figure du mont Staorin ne l’est pas.
M. de Rossi, correspondant de l’Institut, fait une communication ver-
bale sur ses dernières découvertes dans le cimetière de Elavia Domitilla.
Cette communication, qui captive l'attention de l’Académie, peut se résu-
mer de la man'ère suivante :
L’idée généralement admise que les chrétiens ont été constamment
obligés, jusqu’à Constantin, de cacher leurs tombeaux et d’ensevelir leurs
frères en secret est lausse. Pendant tout le premier siècle et pendant la plus
grande partie du second, les cimetières chrétiens sont, au contraire, à dé-
couvert etleurs tombeaux étalaient une véritable magnificence. C’est à la fin
du second siècle seulement et durant le troisième que l’on voit les chré-
tiens inquiétés jusque dans leurs derniers asiles, obligés de se cacher et
de dérober aux yeux des profanes, leurs cérémonies funèbres en se réfu-
giant dans les catacombes. Encore cette obligation de se cacher n’est-elle,
durant le troisième siècle lui-même, qu’intermittente. Même alors c’est
l’exception et non la règle. Ce résultat, mis au jour par des fouilles ré-
centes avec une évidence incontestable, M. de Rossi l’avait depuis long-
temps prévu. Les fouilles du cimetière de Fi. Domitilla n’ont fait que