Revue égyptologique (2.1881)

Données métrologiques des prêts de blé.

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Un certain Grec, né en Egypte, nommé Psémont y reconnaît devoir à Osoroer trois grandes
mesures qu'il s'engage à rendre 8 mois après, c'est-à-dire le 4 Pachons suivant. S'il ne rend
pas le blé au terme fixé, il devra verser plus tard 232 ten, total qui comprenait, suivant la
coutume, la somme primitive et Fhémiolion (la, moitié en plus). Ce calcul, un peu majoré,
au bénéfice du créancier, indique que chaque grande mesure contenait 5 ten — (il fondrait
22 ten et demi au lieu de 23.). — Or, j'ai déjà établi depuis longtemps3 que ten ou
aten était le nom de l'artabe et de la métrète dans le décret trilingue de Rosette. Il entrait
donc 5 artabes dans la grande mesure thébaine. C'est ce que nous prouvent également, du-
reste, les estimations contenues dans nos prêts de blé. Le papyrus 24366 du Louvre4 con-
tient, par exemple, un prêt de 9 grandes mesures thébaines. Si le débiteur ne payait pas au
terme fixé, il devait ensuite donner par grande mesure 500 sekels de cuivre ou 100 grosses
pièces de cuivre, dont l'équivalence est de 24 pour 2/io d'argenteus d'argent. D'après la
méthode de calcul que nous expliquerons plus loin, cela fait 2000 drachmes de cuivre, ce qui
équivaut par ten ou artabe à 400 drachmes de cuivre ou 100 sekels avec Fhémiolion, et à
266 2/3 drachmes de cuivre comme prix réel sans Fhémiolion, payé seulement en cas de retard. Les
papyrus grecs, déjà résumés sous ce rapport par M. Lumbroso •>, nous montrent que la valeur
de l'artabe oscillait, en effet, généralement entre 230 et 330. Les prix de 230, 240, 250,
255 et 290 sont très fréquents. Celui de 266 que nous donne comme estimation notre papy-
rus démotique rentre donc bien dans la norme. Cependant dans les bonnes années il descen-
dait encore plus bas. Un autre prêt de blé démotique, déjà publié dans la Revue (Ire année,
p. 130), évalue quatre grandes mesures thébaines et demie à 1000 sekels de cuivre ou à
200 grosses pièces de cuivre ayant l'équivalence de 24 pour 2/,0 d'argenteus d'argent, c'est-à-
dire à 4000 drachmes de cuivre. L'artabe ou ten valait ainsi un peu plus de 177 drachmes
de cuivrefi. Notons que le même contrat renferme un renseignement des plus précieux : au
heu de dire simplement, comme les documents analogues, que le débiteur devait rendre le
blé d'après la même mesure dont on s'était servi pour le lui livrer, le texte dit : « (les blés
sont à solder) en blé pur, sans mélange, selon la mesure dont tu t'es servi pour me les
livrer, formant 29 ... à la mesure». Cette même proportion de 1 à 29 se retrouve aussi à
propos de la grande mesure thébaine dans une location de terre portant à Berlin le n° 102
et que je viens de revoir. Le fermier s'engage à donner par au deux grandes mesures
thébaines ou 10 artabes7, deux grandes mesures thébaines en tout, formant 29 .... à la
mesure. Le chiffre de 29 se rapporte évidemment à une mesure (ou-ome), formant le sixième

1 Son nom remplace un nom effacé avec soin et il paraît avoir été écrit par une autre main que
l'acte et avec une autre encre.

5 J'avais d'abord lu 24; car le chiffre 4 ressemble beaucoup au chiffre 3 en démotique. Mais le 3
est très visible — tel qu'il avait écrit plus haut pour les 3 mesures — et dans ce premier exemple le doute
n'est pas possible, puisque le texte ajoute : «dont la moitié est 1 et demi».

3 Voir ma Chrestomathie démotique, p. 426 et 427. Plusieurs mots, ayant les mêmes éléments phoné-
tiques, sont étudiés par moi dans ce passage.

4 Voir ma Chrestomathie démotique, p. 110 et SUÏV. Conf. VErratum du volume.

5 Economie politique de VEgypte sous les Lagides, p. 1 et suiv.
G Voir ma Nouvelle chrestomathie démotique, p. 148 et suiv.

7 Le texte que je viens de revoir porte ici très visiblement le signe de l'artabe dont nous parlons
plus loin, plus un trait oblique qui peut avoir fait partie du 10 démotique, mais auquel un jambage manque.
Le calcul prouve, du reste, que deux grandes mesures correspondent à 10 ten ou artabes.