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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: De la décoration appliquée aux édifices, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0171

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DE LA DÉCORATION APPLIQUÉE AUX ÉDIFICES. 129

d'une tonalité extrêmement puissante. Aussi l'harmonie générale est-elle complète. Mais supposons
un instant que cette couverte mosaïque n'ait pour points d'appui que des murs et des colonnes
de pierre ou de matières simplement peintes et dorées, l'effet produit serait très déplaisant, et
ces colorations vitrifiées si puissantes écraseraient les parties inférieures du vaisseau.

Nous pouvons donc reconnaître au mode décoratif des Byzantins une valeur considérable,
mais, si nous voulons l'employer, ce ne peut être que dans les conditions admises par leurs
artistes.

A Sainte-Sophie, comme à Saint-Marc de Venise, on observera d'ailleurs que le vaisseau ne
comporte aucune sculpture ayant une certaine importance. Pas de bas-reliefs, pas de grande
statuaire.

La sculpture décorative des bandeaux, des chapiteaux, affecte même d'être menue, fine, en
évitant les fortes saillies, présentant plutôt l'apparence d'une gravure légèrement modelée que
d'un relief. Cela était parfaitement raisonné ; car dans toute décoration (et surtout dans une
décoration intérieure), l'artiste doit prendre le parti, ou de soumettre la sculpture à la peinture,
ou de sacrifier la peinture à la sculpture.

Si ces deux arts sont frères, il faut
que l'un des deux domine en maître; ils ne
sauraient s'associer avec des valeurs égales.

Les artistes italiens des xve et xvi° siè-
cles, qui ont été de si merveilleux décorateurs,
ont bien compris la rigueur de ce principe
et, dans les beaux exemples laissés par
eux, on peut toujours constater la prédo-
minance de l'un de ces deux arts dans
leurs compositions décoratives intérieures.
Ils ne commencent à abandonner ce principe
qu'au moment de la décadence, pendant
les xvne et xvme siècles.

Les salles du Vatican, la chapelle Sixtine,
les Stanze, les salles de l'hôtel de ville de
Sienne, la bibliothèque du dôme de cette
ville, et surtout les intérieurs des palais

, . . «t- , , 1 ' 1 Fig. 10. — Chapiteau de Sainte-Sophie de Constantinople.

vénitiens, offrent des champs étendus a la

Dessin de Viollet-le-Duc, gravure de Puyplat.

peinture, la sculpture et les membres

d'architecture n'intervenant dans ces intérieurs que comme accessoires très secondaires. Et, en
effet, il est bien difficile, dans un intérieur, d'associer la décoration relief ronde bosse à la peinture
à sujets; car il est évident que le relief détruira toujours l'effet de la décoration plate, et que
celle-ci fera paraître la statuaire ou une architecture et une sculpture d'ornement très accentuées,
lourdes et encombrantes.

Les Byzantins, comme les Orientaux, ont si bien admis cette loi, qu'ils ont toujours cherché
dans les décorations intérieures à mêler la sculpture à la peinture, au point que ces deux arts se
confondent ; mais c'est la peinture, ou plutôt la tonalité harmonique qui commande. Cette
sculpture ne fait que donner plus de vivacité, plus d'éclat à certains détails qu'il importe de faire
ressortir pour éviter la monotonie. Aussi, cette sculpture ornementale est-elle plate, très petite
d'échelle, découpée vivement (figure 19) ', et souvent dorée ou rehaussée d'or. C'est comme un
bijou posé sur une étoffe diaprée.

Plus tard, la Perse, dans ses édifices, a adopté le même système, que nous trouvons
également suivi rigoureusement dans l'architecture dite arabe.

Autant qu'il est possible d'en juger par les restes de la décoration architectonique de la
Grèce antique, on ne saurait guère douter que les artistes de cette époque n'eussent un principe

1. Chapiteau de Sainte-Sophie de Constantinople, rez-de-chaussée, intérieur.

Tome XVIII. 17
 
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