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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: De la décoration appliquée aux édifices, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0172

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i3o L'ART.

harmonique de coloration, comme ils avaient incontestablement adopté un système pour l'emploi
des proportions. On reconnaît bien à Pompei certaines données harmoniques de tons et, de même
que chez les Byzantins, l'emploi d'une sculpture sobre et très fine avec les peintures. Mais,
malheureusement, aucun de ees édifices de la Grèce antique ne nous étant laissé complet, il est
difficile d'établir à coup sûr un mode incontestable; tandis que chez les Byzantins nous possédons
des exemples suffisamment nombreux pour permettre une appréciation exacte.

Les Grecs, comme les Romains, employaient l'or dans la décoration, comme reliants plutôt
que comme fonds, et il est à supposer que l'adoption des fonds d'or en grandes surfaces est une
importation orientale ; quoi qu'il en soit, dès l'instant où l'or devenait le fond, le point de départ
d'un système décoratif, toutes les conditions harmoniques devaient être soumises à ce premier
élément.

L'or, en grandes surfaces, prend des tons très variés, les uns brillants, d'autres sourds et
profonds, et des ombres intenses. Il fallait donc, pour lutter avec ce premier élément, des
colorations extrêmement puissantes et rompues, en n'admettant les couleurs pures qu'en très
petites parties, des blancs gris ou jaunâtres et un tracé noir assez accentué, pour détacher les
figures ou les ornements dont les demi-teintes pouvaient se confondre souvent en tant que
valeur, avec celles de l'or; et comme ces mosaïques ou peintures à fond d'or étaient plus
spécialement réservées pour les voûtes et les parties hautes des vaisseaux, il fallait, — si l'on
entendait que ces peintures ou mosaïques ne parussent pas écraser les parties inférieures, les
piles et colonnes, — il fallait que ces soubassements acquissent une solidité et une richesse de
ton qui pût lutter avec l'intensité chaude des colorations supérieures et les vaincre même.

Les artistes byzantins ont habilement résolu le problème, et les voûtes de leurs édifices, si
intense que soit leur parti décoratif, paraissent toujours porter facilement sur les soubassements,
tant ceux-ci sont vigoureusement colorés. A ce point de vue. l'intérieur de Saint-Marc de
Venise est très intéressant à étudier et est un bon enseignement. Mais, encore une fois, la
décoration byzantine est tout d'une pièce, il faut l'accepter telle qu'elle est, mais ne point essayer
de la mêler avec tout autre système, sous peine de causer les plus désagréables surprises.

Eug.-Emm. Viollet-le-Duc.

(ï ci suite prochainement.)

Cul-de-lampe compose et grave par Sébastien Le Clerc.
 
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