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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Champfleury: L' art familier et de parodie dans l'antiquité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0206

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IÔ2

L'ART.

Cette piquante découverte, qui n'est qu'un menu côté de j La sympathie portée à ce genre nouveau d'études, les

l'histoire de l'art, sert utilement à l'histoire des mœurs et il faut | discussions savantes auxquelles elles donnaient lieu ont tourné

savoir gré au savant esthéticien, M. Léon Heuzey, d'en avoir fait j au profit des découvertes. Voici que tout un groupe d'érudits de

le sujet d'un mémoire. i la nouvelle génération, MM. Albert Dumont, E. Gebhart, Héron

A un ordre de détails familiers, mais apportant une aide j de Villefosse, Georges Perrot, s'efforcent de percer à jour la

plus puissante à la reconstitution de la comédie antique, se rat- j question de la caricature dans l'antiquité ; mais c'est en première

tache la caricature chez les Grecs. ligne, par le développement donné à sa thèse , que se pose

Au début de mes études archaïques, il y a seize ans, je
disais : « Les arts marchent côte à côte et font pendant. En
regard de Sophocle, Phidias. La niche en face de la statue
d'Aristophane restera-t-elle vide ? Qui fera vis-à-vis à Lucien ?
Il s'est trouvé de grands poètes satiriques qui ne respectaient ni
les dieux ni les hommes ; et leurs hardiesses n'auront pas fait
tailler de hardis crayons ! »

L'érudition moderne, les découvertes récentes m'ont
donné raison, ce dont il ne faut pas plus s'enorgueillir d'ailleurs
que ces bergers, qui, avec leurs baguettes de coudrier, décou-
vrent des sources d'eau vive que ne soupçonnaient pas les
ingénieurs.

M. Georges Perrot dont le mémoire doit être étudié avec le
détail et l'intérêt que commande le sujet.

II

Tout d'abord, M. Georges Perrot fait remarquer que « la
caricature est à l'art noble ce que la comédie est à la tragédie » ;
suivant lui les Grecs, qui excellèrent dans ces deux formes dra-
matiques, devaient s'égayer avec l'ébauchoir ou le pinceau des
vices et des défauts physiques des hommes.

« Ce n'est point de ce côté, dit-il, que s'est tournée, dans
le cours du siècle dernier, l'attention des premiers archéologues
qui ont essayé de faire connaître aux modernes l'histoire de

Le Triomphe d'Hercule.
Caricature grecque d'après une peinture de vase de la Cyrénaïque'.
Dessin de J. B. Drouot.

l'art antique; de là le préjugé, encore répandu dans beaucoup
d'esprits cultivés, que le véritable art grec, celui des siècles
classiques, aurait eu une répugnance marquée pour toutes les
scènes bouffonnes et grotesques, pour toutes les formes qui
n'auraient pas présenté un caractère marqué de noblesse et de

beauté.....Voilà comment on a été conduit à se faire de l'art

grec une idée incomplète ; on lui a assigné des limites qu'il
n'avait point connues ; on se l'est figuré moins humain et moins
richement varié que ne l'a été la poésie grecque, comme si la
poésie et la plastique n'avaient pas été les manifestations diffé-
rentes d'une même âme, d'un même génie. »

Pour joindre la preuve à sa démonstration, l'archéologue
tirait du musée du Louvre la reproduction d'un vase trouvé en
Cyrénaïque, le Triomphe d'Hercule, à figures sur fond noir.
Ce n'est pas que le monument fût inédit ; mais une courte dis-
sertation et un dessin, perdus dans le Magasin pittoresque (1872)
avaient été tenus sous silence par les érudits qui s'acharnent à
n'accorder aux anciens Grecs qu'un beau idéal immaculé.

La peinture de cette œnochoé représente Hercule conduit
par la Victoire sur un char triomphal attelé de centaures
devant lesquels danse un satyre. La figure des centaures, celle
du satyre se retrouvent sur un certain nombre d'autres vases,
et la redite de ces physionomies servirait au besoin à ratta-
cher ces peintures à un même atelier de décorateurs si la ques-
tion de provenance, d'art et de milieu était à élucider; mais
l'intérêt est dans la représentation de cet Hercule grotesque et
surtout de cette Victoire camuse , la tête enfoncée dans les
épaules, qui fait penser aux allures de Mlle Thérésa2.

Il y a là une intention non équivoque de charger à outrance
de nobles figures mythologiques et de les plonger dans le bour-
bier d'un laid sans idéal.

Les travaux d'Hercule, ses exploits, avaient été célébrés sur
tous les tons par les poètes de l'antiquité, particulièrement par
Pindare ; de nombreux vases traduisirent les vers des poètes, et
représentèrent d'une façon noble et majestueuse Hercule dé-
pouillé des faiblesses de l'humanité par le feu de l'Œta et con-

1. Dessinée et gravée en taille-douce par Ach. Jacquet pour ic mémoire de M. Georges Perrot.

2. Suivant M. Georges Perrot, le peintre a voulu donner à sa Victoire certains traits caractéristiques qui appartiennent en propre au type physique de
populations tout africaines. 0 11 y a là une allusion plaisante à ces négresses que, dans l'antiquité comme de nos jours, les trafiquants amenaient en foule sur les
marchés des villes de la côte. Chaque maison aisée, à Cyrcne ou à Apollonie, avait des esclaves noires..... »
 
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