Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

DOI Artikel:
Champfleury: L' art familier et de parodie dans l'antiquité
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0207

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ART FAMILIER ET DE PARODIE DANS

L'ANTIQUITÉ.

163

duit par sa protectrice Athènè vers l'Olympe pour y recevoir
la récompense de sa vaillance.

L'arche'ologue Ottfried Millier fait remarquer que la plupart
des scènes comiques ou satiriques peintes sur les vases de la
Sicile ou de la Grande-Grèce ont e'té inspirées par les comédies
d'Épicharme. Quoiqu'il ne reste que de bien courts fragments
de ce poète, il m'a été facile de reconstituer la figure d'Hercule,
grâce au mémoire de M. Perrot et surtout à la thèse bien pré-
sentée d'un poète *.

Je dois l'avouer, mais il faut peut-être en accuser la nature
de mon esprit, Hercule avec ses instincts grossiers me semble
buriné plus profondément par les comiques que par les poètes

s'attache à jamais à votre estomac ? Hercule, l'oiseleur du lac
Stymphale, le dompteur d'Erymanthe, n'en sera pas moins
traité d'idiot par Aristophane. Dans la comédie des Grenouilles,
il en fait un affamé de purée qui avale à lui seul des marmites
de pois cassés. Le type même était devenu si usé qu'Aristophane
donne comme un moyen comique de s'en priver : « Nous
n'avons pas d'Hercule que l'on frustre de son dîner », dit-il, et
dans la parabase de la Paix le poète accuse encore plus son
mépris : « Ces Hercules mâchant toujours et toujours affamés,
poltrons et fourbes, qui se font battre à plaisir, il [Aristophane]
les a le premier couverts de ridicule et chassés de la scène. »
Si Aristophane dédaignait de faciles moyens de comique,

nobles des travaux d'Her- il est probable que ses

cule. La voracité du héros . _ ------. miettes étaient ramassées

u 1 1 r -------.......----- ......-..........—............----iiirmiiiiiiimniimniiMiiiTiiiiiiiiii iim:iii 1111 i:t r

reste accusée, comme par
Shakespeare pour Falstaff,
et Pindare lui-même, dans
certains de ses fragments,
prête à sourire :

« Deux, bœufs cuisaient
sur un monceau de char-
bons, Hercule les dévora
tout ardents ; alors j'en-
tendis le bruit des chairs
déchirées et le profond
gémissement des os bri-

IMIIIIIIlIlllIIIIIIIIIIIIIIIIIIIllll

par des poètes inférieurs
qui vivaient de la desserte

l^i^i^MIBBHBBI^i^MM ''-de de ces citations on

peut conjecturer qu'un
Hercule grotesque , un
Hercule de foire faisait
l'affaire des théâtres po-
pulaires.

On arrive ainsi à com-
prendre la peinture du
Triomphe d'Hercule. Es-

ses: j'avais heureusement J ,. ij&rajyK « llllmttlittulltl^ I dc rt:,1(hrcr Plus

beaucoup de temps pour If iH ^^llmHllMîifî^ ''V:"H'

jouir de cette vue. »s ' ijl B Je me figure un pein-

Une telle conclusion, S ilIllllflt^T? . J»E Vlfl trc dc vases i:r] esPrit

chez un poète moderne : 111, //,] ' 'wiïk^. ^ÊÈ- mSÊÊÊÊÈÊË mJdiocrcment de'licat »

J'avais heureusement \\fW ' ' )'? f ; W WÊÊÊÊÊ '!""! k' instincl

beaucoup de temps pour WW ' : j$P* *V"' / , , >J|| Il ' ' ' '" Par des

jouir de cette vue », serait " \ '^t^Éfc; ^SKÊÊkM, ^^Êi coméâics dc bas étage que

regardée comme une mai - (IB ' ^--■-'""^ •• -'/'^^^Siii|i|B Ifflli ^ "0b!cS rePrésen-
que d'ironie bien voulue. ' f f^^j^^Êé^S^ '

Le poète Épicharmc II wÊèÊ^^Ê^^KÊ^^M^' vt" ^^ÊiÈÈÊÊÊÈÈm personnages mythologi-

'^^WÊ&<é^': wÈÈÈ&- ifo- kmËi^BSd quc-s fatiguent cet homme ;

gement et se laisse aller |MHHH^BHHH ''^faÊ j| " Ijl k's dicux- " l! cn ! !llcin

à sa verve comique: «D'à- \jÊËZ' "j WÊÊÊ^ÊSÊÊMKI^Êf ' f^^M HH Ml le dos ». Pour lui, Hercule

bord, fait-il dire à un de IfllB^ J W*i§0llH^ n'est qu'une brute,

ses personnages, rien qu'à Ht' '"' iBÊwÊÊ^SÊBSÊF-If '/<Qu'on veuille bien me

voir manger Hercule, ce l^Êi}, W&ëfiSflf^HS 'SÊÊafMi' <^' ' JsMÊÊËÈÊÈBn permettre de faufiler quel-

serait à en mourir. Son mmmmmmm^ cjucs points modernes à

gosier frémit intérieure- ^^^^fe^^^P^ Wg^J—^W^ Jl ccs lambeaux d'étoffes

ment, ses mâchoires se Pfafc ^,**\mw*mSÊB^K^^r^ii&~~~7 'SB antiques pour les ajuster

choquent avec fracas, ses MilfIfci "lliiSri'Y^^iT^lMHl'' m li» et essayer d'en montrer

dents molaires craquent à toutes

et les canines grincent; il ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ les époques des « brasse-

siffle par les narines et Terre cuite de Tanagra. ries de la rue des Martyrs »,

secoue les oreilles. » 3 (Collection de M. Rayet.) Gravure de Vallette. jes „ cafe's du Rat-Mort »

On n'a pas retrouvé où les évhéméristes se

malheureusement trace de cette gloutonnerie dans les peintures
des vases grecs ; mais les poètes comiques ont des traits qui
entrent dans la peau du personnage et le marquent plus pro-
fondément encore que par le pinceau.

Eubulos, le poète dramatique comique, fait avertir Hercule
par un personnage d'un de ses drames : — « Quoi, malheureux,
tu restes à la porte...? Mais depuis longtemps les hommes bien
nés [bien élevés plutôt] ont déchiré les membres des oies, ont
fendu les chairs vénérables des cochons, les ont broyées par le
milieu du ventre et ont en même temps vidé les abattis.... »

Soyez donc fils de Zeus pour être ainsi traité de glouton ?
Exterminer Diomède, à quoi bon si la réputation de goinfre

faisaient écouter; dans ces endroits, toute réputation était
traitée de misérable, toute noble action passait pour être
inspirée par un bas intérêt, tout cri vibrant de défense se chan-
geait en parole obscène.

Ce n'est pas précisément l'esprit qui domine dans la pein-
ture du Triomphe d'Hercule. J'y vois une charge sans sel atti-
que, une bizarrerie qui n'arrête les yeux que par l'archaïsme
des figures, un poncis vulgaire dans les masques des centaures,
un satyre qui a déjà dansé la même danse phallique au-devant
de plusieurs autres cortèges.

Le peintre a parodié bassement la peinture d'un vase où le
sujet se déroulait avec sa noblesse de style.

1. Emmanuel des Essarts, Du Type d'Hercule dans la littérature grecque. Paris, Tborin, 1871. Grand in-S".

2. Fragment de Pindare, conservé par Philostrate. [Images, II, xxflt.)
). Athénée, x, 411, A.
 
Annotationen