RECENZJE
L’HISTOIRE DE L’ART A LA RECHERCHE DE SON IDENTITfi
La vaste anthologie publiee par Jan Białostocki
presente les concepts, les problemes et les methodes
de la science actuelle de Fart. Elle cite, a 1’appui, des
textes signes principalement par des historiens d’art,
textes qui refletent les angoisses theoriąues et me-
thodologiąues de ce groupe de recherches. L’antho-
logie en ąuestion apparait au moment ou la recherche
sur Fhistoire de Fart dont les bases ont ete jetees
au tournant des siecles XIXe et XXe, traverse une
crise profonde, ou la necessite de modifier la me-
thode se fait sentir toujours plus fort. Dans ce
contexte, la creation d’une anthologie auto-thematique
consacree a la reflexion sur Fhistoire de Fart et sur
la science de Fart, est un evenement singulier et un
apport aux debats dechaines.
L’auteur de la presente critique, tout en soulignant
les valeurs informatives du volume, l’envergure des
problemes souleves, le choix juste des textes cites,
a entrepris — selon la suggestion de Fediteur — une
tentative de relire le livre en tenant compte des
symptómes de la crise que Fhistoire de Fart traverse.
Cette crise, etant un signe d’evolution ou de revolution,
se manifeste par des tentatives de contester les limites
dans lesquelles Fhistoire de Fart s’etait confinee et
se confine toujours. On conteste donc: 1) 1’immuabilite
de l’existence sociale de Fhistoire de Fart dont la
raison d’etre etait l’oeuvre d’art „eternelle”; 2) 1’auto-
nomie de Fart „grand” par rapport a Ficonosphere;
3) Fautonomie de la reception de Foeuvre d’art face
a des pratiques sociales non-esthetiques et non-
-artistiques; 4) Fautonomie de Fhistoire de Fart par
rapport a d’autres disciplines des Sciences humaines
ainsi que par rapport a des phenomenes et processus
non-scientifiques; 5) les barrieres entre Fart nouveau
et ancien, barrieres ancrees dans la pratique de
recherche de 1’historien de Fart; 6) la division entre
les activites scientifiques de 1’historien de Fart et sa
place dans la realite de notre epoque.
Certains chapitres du livre et certains articles
peuvent etre lus (mais non seulement) sous le rapport
de ces problemes la. Le chapitre premier shnterroge
sur le sens de cultiver Fhistoire de Fart. Les essais
de H. van de Waal et J. S. Held montrent combien
la frontiere entre Feruditiom et la moralite, dans la
pratique professionnelle de 1’historien d’art, entre les
raisons artistiques et economiques qui regissent le
marche de Fart (donc sa reception), est fluide. Les
liens entre la science et Fideologie politique sont
etudies dans le texte de B. Hinz. P. H. Feist expose
le principes de la science marxiste de Fart, science
qui admet a priori Fexistence des rapports dialectiques
unissant toutes les activites de 1’homme. Les etudes
de H. von Einem, M. Porębski, L. D. Ettlinger et
M. Schapiro montrent combien il est indispensable
de profiter des decouvertes ęt reflexions des disciplines
limitrophes. La critique des concepts et des methodes
propres a Fhistoire de Fart constitue un aspect a part
de la crise. Cette critique, nous Favons dans Farticle
de E. H. Gombrich et dans celui de J. S. Ackerman.
Le dernier chapitre du livre, intitule L’historien de
1’a.rt face d l’art contemporain renferme deux etudes
de W. Hofmann ou les liens d’interdependance entre
les changements de Fart moderne et ceux de Fattitude
des chercheurs vis a vis de Fart en generał .sont tires a
la siurface. Pour Hofmann, Ettlinger, von Einem, Scha-
piro et pour bien des autres, Fhistoire de Fart est
une discipline ouverte, toujours prete a refaire son
appareil de recherche, a traiter des phenomenes
nouveaux, a dialoguer avec d’autres disciplines. Si
c’est la un symptóme de crise, on ne saurait ne pas
considerer telle crise comme vivifiante et utile.
Certains aspects negatifs de la crise, lies notam-
ment a 1’epuisement de la dynamique du paradigme
(terme introduit par T. Kuhn) se signalent pourtant
aussi. Ils se manifestent par une attitude tournee
plutót vers la retrospection critique, et non pas vers
une presentation systematique des postulats theoriques
nouveaux, etant une espece de mots d’ordre.
L’HISTOIRE DE L’ART A LA RECHERCHE DE SON IDENTITfi
La vaste anthologie publiee par Jan Białostocki
presente les concepts, les problemes et les methodes
de la science actuelle de Fart. Elle cite, a 1’appui, des
textes signes principalement par des historiens d’art,
textes qui refletent les angoisses theoriąues et me-
thodologiąues de ce groupe de recherches. L’antho-
logie en ąuestion apparait au moment ou la recherche
sur Fhistoire de Fart dont les bases ont ete jetees
au tournant des siecles XIXe et XXe, traverse une
crise profonde, ou la necessite de modifier la me-
thode se fait sentir toujours plus fort. Dans ce
contexte, la creation d’une anthologie auto-thematique
consacree a la reflexion sur Fhistoire de Fart et sur
la science de Fart, est un evenement singulier et un
apport aux debats dechaines.
L’auteur de la presente critique, tout en soulignant
les valeurs informatives du volume, l’envergure des
problemes souleves, le choix juste des textes cites,
a entrepris — selon la suggestion de Fediteur — une
tentative de relire le livre en tenant compte des
symptómes de la crise que Fhistoire de Fart traverse.
Cette crise, etant un signe d’evolution ou de revolution,
se manifeste par des tentatives de contester les limites
dans lesquelles Fhistoire de Fart s’etait confinee et
se confine toujours. On conteste donc: 1) 1’immuabilite
de l’existence sociale de Fhistoire de Fart dont la
raison d’etre etait l’oeuvre d’art „eternelle”; 2) 1’auto-
nomie de Fart „grand” par rapport a Ficonosphere;
3) Fautonomie de la reception de Foeuvre d’art face
a des pratiques sociales non-esthetiques et non-
-artistiques; 4) Fautonomie de Fhistoire de Fart par
rapport a d’autres disciplines des Sciences humaines
ainsi que par rapport a des phenomenes et processus
non-scientifiques; 5) les barrieres entre Fart nouveau
et ancien, barrieres ancrees dans la pratique de
recherche de 1’historien de Fart; 6) la division entre
les activites scientifiques de 1’historien de Fart et sa
place dans la realite de notre epoque.
Certains chapitres du livre et certains articles
peuvent etre lus (mais non seulement) sous le rapport
de ces problemes la. Le chapitre premier shnterroge
sur le sens de cultiver Fhistoire de Fart. Les essais
de H. van de Waal et J. S. Held montrent combien
la frontiere entre Feruditiom et la moralite, dans la
pratique professionnelle de 1’historien d’art, entre les
raisons artistiques et economiques qui regissent le
marche de Fart (donc sa reception), est fluide. Les
liens entre la science et Fideologie politique sont
etudies dans le texte de B. Hinz. P. H. Feist expose
le principes de la science marxiste de Fart, science
qui admet a priori Fexistence des rapports dialectiques
unissant toutes les activites de 1’homme. Les etudes
de H. von Einem, M. Porębski, L. D. Ettlinger et
M. Schapiro montrent combien il est indispensable
de profiter des decouvertes ęt reflexions des disciplines
limitrophes. La critique des concepts et des methodes
propres a Fhistoire de Fart constitue un aspect a part
de la crise. Cette critique, nous Favons dans Farticle
de E. H. Gombrich et dans celui de J. S. Ackerman.
Le dernier chapitre du livre, intitule L’historien de
1’a.rt face d l’art contemporain renferme deux etudes
de W. Hofmann ou les liens d’interdependance entre
les changements de Fart moderne et ceux de Fattitude
des chercheurs vis a vis de Fart en generał .sont tires a
la siurface. Pour Hofmann, Ettlinger, von Einem, Scha-
piro et pour bien des autres, Fhistoire de Fart est
une discipline ouverte, toujours prete a refaire son
appareil de recherche, a traiter des phenomenes
nouveaux, a dialoguer avec d’autres disciplines. Si
c’est la un symptóme de crise, on ne saurait ne pas
considerer telle crise comme vivifiante et utile.
Certains aspects negatifs de la crise, lies notam-
ment a 1’epuisement de la dynamique du paradigme
(terme introduit par T. Kuhn) se signalent pourtant
aussi. Ils se manifestent par une attitude tournee
plutót vers la retrospection critique, et non pas vers
une presentation systematique des postulats theoriques
nouveaux, etant une espece de mots d’ordre.