DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0031
DES EMPEEEURS D’OCCIDENT.
Jes Gaules, auprès du Roi Conrad, son frere. L’an
p81., Otron arrive , dans lemois de Janvier, à Rome,
où il paJse le reste de Tliiver ôc le printems , jusqu’au
mois de Mai suivant. Pendant ce séjour il fait pré-
parerau Vatican un grand repas où il invite les Sei-
gneurs les plus suspeéts d’inficlélité , avec les Magis-
trats & les Députés des villes d’Italie, qui étoientà sa
Cour. Mais à peine se fut-on mis à table, qu’une
troupe de gens armés entre brusquement dans la salle
du feftin , 8c se jette sur ceux dont les noms étoient
marqués dans une liste qu’on lut à haute voix. Ils
sont traînés hors de la salle , 8c tués à coups de poi-
gnards. On apprit avec horreur la nouvelle de ce mas-
l'acre , 8c on donna publiquement à.Otton l’odieux
surnom cie Sanguinaire , qui lui est resté. De Rome
ii conduit son armée en Calabre. Otton revendiquoit
cette Province, dit M. Pfeffel, moins aux droits de
sa femme qui n’y en avoit aucun , que par droit de
convenance, 8c pour mettre l’Italie à couvert des in-
cursions des Sarasins, que les Grecs de la Pouillefo-
mentoient. Après plusieurs combats heureux, Otton,
le 13 Juillet 981, tombe dans une embuscade des In-
fideles 8c des Grecs réunis, qui taillent en pieces Ia
plus grande partie de son armée. 11 n’échappe lui-
même qu’avec peine : il fut même pris, suivant plu-
sieurs Historiens 3 mais n’étant point reconnu , il se
racheta. On prétend que, malgré la surprise , il eût
été vainqueur dans cette occasion sans la trahison des
Italiens qui étoient dans ses troupes , ceux-ci l’ayant
abandonné pour se venger du maJsacre de Rome.
L’an 983 , comme il se disposoit à réparer cet échec,
il tombe malade à Rome , 8c y meurt le 7 Décembre,
après avoir régné < o ans, 7 mois moins 5 jours , de-
puis la mort de son pere. Son corps fut inhumé, le
8 du même mois, dans l’Eglise de S. Pierre. II avoit
épousé, comme on l’a dit, l’an 972 , Théophanie ,
fille de Romain le Jeune , Empereur grec , laquelle
mourut à Rome le 15 Juin 991. II laiJsa de cette
Princeise, Otton, qui suit 3 Mathilde, femme d’E-
zon, Comte Palatin du Rhin 3 Sophie 8c Adélaïde,
Abbesses 3 la premiere de Gandersheim, la seconde
de Quedlimbourg;
Les Diplômes d’Otton II s’accordent avec Ies Historiens con-
temporains , sur le commencement de son régne 8c celui de son
Empire. II s’en trouve où les années de l’un 8c de l’autre sont
tellement jointes ensemble , qu’elles forment une seule Chrono-
logie respedlive. On en voit deux cités par Muratori ( Antiali
d‘<tal. T. V, p. 469 , ) où l’on fait concourir la z6 e année du
régne d’Otton II & la 16 e de son Empire avec l’an 983 de J. C.
ce qui fait commencer son régne en 937. Le docte Critique
avoue qu’il n’a pu découvrir le fondement de cette époque.
O T T O N III.
983. Otton III , fils d’Otton II 8c de Théopha-
nie, né l’an 980 , désigné Roi par son pere dans la
Diete de Vérone en 983 , fut couronné le jour de
Noël de la même année à Aix-la-Chapelle, par l’Ar-
chevèque de Ravenne, Légat du Pape, asiisté de Vîl-
ligise , Archeveque de Mayence , au défiuit de celui
de Cologne. L’an 984, Henri le Quereleur , Duc de
Baviere, se saisit du jeune Prince, sous prétexte de
lui servir de tuteur, 8c l’emmene à Magdebourg 3
mais les Seigneurs Allemands l’arrachent de ses mains.
Otton est rendu à sa mere 8c à son aïeule, que l’on
charge, l’une 8c l’autre , de la Régence. Le soin de
son éducation fut confié à S. Bernouard, depuis
Evêque d’Hildesheim , 8c au célebre Gerbert, que
la reconnoistance de son éleve porta depuis sur le
S. Siége. L’Impératrice Adélaïde paste quelque tems
après en Lombardie, 8c établit à Pavie sa résidence
pour contenir par sa présence la Nobleste du pays dis-
posee a se soulever. Mais elle ne pouvoit étendre de
là sa vigilance jusqu’à Rome où l’amour de l’indé-
pendance 8c l’oisiveté entretenoient les esprits dans
une continuelle fermentation.L’an 989, l’Impératrice
Théophanie apprenant que cette ville est menacée
d’une révolte prochaine, y arrive aux approches de
Noël qu’elle y célébra. II est remarquable qu’en Italie,
cette année 8c la suivante, on ne datoit point encore
des années du régne d’Otton III. Au heu de cette date
on employoit celle des années du régne de Théopha-
nie, prises, non de la mort d’Otton II, son époux,
comme le pensoit D. Mabillon, mais de son mariage
contraèàé l’an 971 avec ce Prince , ainsi que le prouve
Muratori d’après l’Abbé de Gotwic. On voit ausii que
pendant le séjour que Théophanie fit en Italie , d’où
elle ne partit qu’après le milieu de l’an 990 , elie tint
des plaids 8c fit d’autres adtes d’autorité souveraine
dans l’Exarcat de Ravenne, sans qu’on sache com-
ment il étoit sorti des mains du Pape 3 8c ce qui n’est
as moins certain , c’est qu’Otton devenu grand, fic
âtir à Ravenne un Palais pour lui 8c ses succesteurs.
L’an C)C)6 , Otron se rend à Rome, où le Pape Gré-
goire V son parent, qu’il venoit de faire élire , le
couronne Empereur, le 21 Mai, jour de l’Ascension.
II y tint ensuite un plaid dans lequel il condamna au
bannistement le Consul Crescentius ou Cincio , pour
les excès qu’il avoit commis envers le Pape Jean XV.
Mais Grégoire obtint qu’il lui fît grace. En revenant
il reçoit, vers la fin de l’automne , à Milan , la Cou-
ronne de Lombardie , qu’il avoit déjà reçue l’année
précédente à Monza , comme l’atteste Bonmcontro
Morigia. Les Sclaves, pendant son enfance, s’éroient
emparés du Margraviat de Brandebourg L’an 997 ,
il le reprend sur eux après Ies avoir battus. Sur la fin
de la même année,/ il repaste en Italie , célebre à
Pavie les Fêtes de Noël avec le Pape Grégoire V,
chaste de Rome par Crescentius, ramene ensuite le
Pontife à Rome , le rétablit sur son Siége au mois de
Février 998 , assiége Crescentius , après Pâque , dans
le Mole d’Adrien , où il s’étoit renfermé , l’engage à
se rendre, en lui promettant la vie sauve 3 8c malgré
cette promeste, il lui fait trancher la tête le 29 Avril,
8c à douze de ses gens. Rome se réjouit de la mort
de ce tyran. Aussi ennemi de la Religion que de l’E-
tat, il ne tendoità rien moins qu’à renverser le trône
8c l’autel. Ses partisans, répandus dans toute l’Italie ,
excitoient les peuples à secouer le joug des Rois de
Germanie pour se donner à lui. Mais ses cruautés
inouies n’étoient gueres propres à prévenir les esprits
en faveur de sa domination. II fitasseoirfur la Chaire
de S. Pierre des hommes perdus d’honneur 8c sacri-
légescomme lui. L’an 1000 , Otton entreprend un
pélérinage au tombeau de S. Adalbert, Evêque de
Prague , son ami, martyrisé l’an 997, & fonde à
Gnesne un Archevêché en faveur du frere de ce Mar-
tyr. La même année, dans une Diete tenue à Aix-la-
Chapelle il fait ouvrir le tombeau de Charlemagne ,
d’où il tire la croix qui lui pendoit au cou, sa cou-
ronne, son sceptre, son cimeterre, 8c une partie de
ses vêtemens. Otton revient en Italie au mois de Jan-
vier de l’an 1001, pour s’opposer aux Sarâsins. Au re-
tour de cette expédition , qui fut courte 8c heureuse,
il s’arrête à Ravenne, où on le voit depuis le commen-
cement du Carème jusqu’au mois de Novembre sui-
vant. Ce fut pendant ce séjour qu’il vit S. Romuald ,
entre les mains duquel il fit la confession de ses pé-
Tü/ne 11.
D
Jes Gaules, auprès du Roi Conrad, son frere. L’an
p81., Otron arrive , dans lemois de Janvier, à Rome,
où il paJse le reste de Tliiver ôc le printems , jusqu’au
mois de Mai suivant. Pendant ce séjour il fait pré-
parerau Vatican un grand repas où il invite les Sei-
gneurs les plus suspeéts d’inficlélité , avec les Magis-
trats & les Députés des villes d’Italie, qui étoientà sa
Cour. Mais à peine se fut-on mis à table, qu’une
troupe de gens armés entre brusquement dans la salle
du feftin , 8c se jette sur ceux dont les noms étoient
marqués dans une liste qu’on lut à haute voix. Ils
sont traînés hors de la salle , 8c tués à coups de poi-
gnards. On apprit avec horreur la nouvelle de ce mas-
l'acre , 8c on donna publiquement à.Otton l’odieux
surnom cie Sanguinaire , qui lui est resté. De Rome
ii conduit son armée en Calabre. Otton revendiquoit
cette Province, dit M. Pfeffel, moins aux droits de
sa femme qui n’y en avoit aucun , que par droit de
convenance, 8c pour mettre l’Italie à couvert des in-
cursions des Sarasins, que les Grecs de la Pouillefo-
mentoient. Après plusieurs combats heureux, Otton,
le 13 Juillet 981, tombe dans une embuscade des In-
fideles 8c des Grecs réunis, qui taillent en pieces Ia
plus grande partie de son armée. 11 n’échappe lui-
même qu’avec peine : il fut même pris, suivant plu-
sieurs Historiens 3 mais n’étant point reconnu , il se
racheta. On prétend que, malgré la surprise , il eût
été vainqueur dans cette occasion sans la trahison des
Italiens qui étoient dans ses troupes , ceux-ci l’ayant
abandonné pour se venger du maJsacre de Rome.
L’an 983 , comme il se disposoit à réparer cet échec,
il tombe malade à Rome , 8c y meurt le 7 Décembre,
après avoir régné < o ans, 7 mois moins 5 jours , de-
puis la mort de son pere. Son corps fut inhumé, le
8 du même mois, dans l’Eglise de S. Pierre. II avoit
épousé, comme on l’a dit, l’an 972 , Théophanie ,
fille de Romain le Jeune , Empereur grec , laquelle
mourut à Rome le 15 Juin 991. II laiJsa de cette
Princeise, Otton, qui suit 3 Mathilde, femme d’E-
zon, Comte Palatin du Rhin 3 Sophie 8c Adélaïde,
Abbesses 3 la premiere de Gandersheim, la seconde
de Quedlimbourg;
Les Diplômes d’Otton II s’accordent avec Ies Historiens con-
temporains , sur le commencement de son régne 8c celui de son
Empire. II s’en trouve où les années de l’un 8c de l’autre sont
tellement jointes ensemble , qu’elles forment une seule Chrono-
logie respedlive. On en voit deux cités par Muratori ( Antiali
d‘<tal. T. V, p. 469 , ) où l’on fait concourir la z6 e année du
régne d’Otton II & la 16 e de son Empire avec l’an 983 de J. C.
ce qui fait commencer son régne en 937. Le docte Critique
avoue qu’il n’a pu découvrir le fondement de cette époque.
O T T O N III.
983. Otton III , fils d’Otton II 8c de Théopha-
nie, né l’an 980 , désigné Roi par son pere dans la
Diete de Vérone en 983 , fut couronné le jour de
Noël de la même année à Aix-la-Chapelle, par l’Ar-
chevèque de Ravenne, Légat du Pape, asiisté de Vîl-
ligise , Archeveque de Mayence , au défiuit de celui
de Cologne. L’an 984, Henri le Quereleur , Duc de
Baviere, se saisit du jeune Prince, sous prétexte de
lui servir de tuteur, 8c l’emmene à Magdebourg 3
mais les Seigneurs Allemands l’arrachent de ses mains.
Otton est rendu à sa mere 8c à son aïeule, que l’on
charge, l’une 8c l’autre , de la Régence. Le soin de
son éducation fut confié à S. Bernouard, depuis
Evêque d’Hildesheim , 8c au célebre Gerbert, que
la reconnoistance de son éleve porta depuis sur le
S. Siége. L’Impératrice Adélaïde paste quelque tems
après en Lombardie, 8c établit à Pavie sa résidence
pour contenir par sa présence la Nobleste du pays dis-
posee a se soulever. Mais elle ne pouvoit étendre de
là sa vigilance jusqu’à Rome où l’amour de l’indé-
pendance 8c l’oisiveté entretenoient les esprits dans
une continuelle fermentation.L’an 989, l’Impératrice
Théophanie apprenant que cette ville est menacée
d’une révolte prochaine, y arrive aux approches de
Noël qu’elle y célébra. II est remarquable qu’en Italie,
cette année 8c la suivante, on ne datoit point encore
des années du régne d’Otton III. Au heu de cette date
on employoit celle des années du régne de Théopha-
nie, prises, non de la mort d’Otton II, son époux,
comme le pensoit D. Mabillon, mais de son mariage
contraèàé l’an 971 avec ce Prince , ainsi que le prouve
Muratori d’après l’Abbé de Gotwic. On voit ausii que
pendant le séjour que Théophanie fit en Italie , d’où
elle ne partit qu’après le milieu de l’an 990 , elie tint
des plaids 8c fit d’autres adtes d’autorité souveraine
dans l’Exarcat de Ravenne, sans qu’on sache com-
ment il étoit sorti des mains du Pape 3 8c ce qui n’est
as moins certain , c’est qu’Otton devenu grand, fic
âtir à Ravenne un Palais pour lui 8c ses succesteurs.
L’an C)C)6 , Otron se rend à Rome, où le Pape Gré-
goire V son parent, qu’il venoit de faire élire , le
couronne Empereur, le 21 Mai, jour de l’Ascension.
II y tint ensuite un plaid dans lequel il condamna au
bannistement le Consul Crescentius ou Cincio , pour
les excès qu’il avoit commis envers le Pape Jean XV.
Mais Grégoire obtint qu’il lui fît grace. En revenant
il reçoit, vers la fin de l’automne , à Milan , la Cou-
ronne de Lombardie , qu’il avoit déjà reçue l’année
précédente à Monza , comme l’atteste Bonmcontro
Morigia. Les Sclaves, pendant son enfance, s’éroient
emparés du Margraviat de Brandebourg L’an 997 ,
il le reprend sur eux après Ies avoir battus. Sur la fin
de la même année,/ il repaste en Italie , célebre à
Pavie les Fêtes de Noël avec le Pape Grégoire V,
chaste de Rome par Crescentius, ramene ensuite le
Pontife à Rome , le rétablit sur son Siége au mois de
Février 998 , assiége Crescentius , après Pâque , dans
le Mole d’Adrien , où il s’étoit renfermé , l’engage à
se rendre, en lui promettant la vie sauve 3 8c malgré
cette promeste, il lui fait trancher la tête le 29 Avril,
8c à douze de ses gens. Rome se réjouit de la mort
de ce tyran. Aussi ennemi de la Religion que de l’E-
tat, il ne tendoità rien moins qu’à renverser le trône
8c l’autel. Ses partisans, répandus dans toute l’Italie ,
excitoient les peuples à secouer le joug des Rois de
Germanie pour se donner à lui. Mais ses cruautés
inouies n’étoient gueres propres à prévenir les esprits
en faveur de sa domination. II fitasseoirfur la Chaire
de S. Pierre des hommes perdus d’honneur 8c sacri-
légescomme lui. L’an 1000 , Otton entreprend un
pélérinage au tombeau de S. Adalbert, Evêque de
Prague , son ami, martyrisé l’an 997, & fonde à
Gnesne un Archevêché en faveur du frere de ce Mar-
tyr. La même année, dans une Diete tenue à Aix-la-
Chapelle il fait ouvrir le tombeau de Charlemagne ,
d’où il tire la croix qui lui pendoit au cou, sa cou-
ronne, son sceptre, son cimeterre, 8c une partie de
ses vêtemens. Otton revient en Italie au mois de Jan-
vier de l’an 1001, pour s’opposer aux Sarâsins. Au re-
tour de cette expédition , qui fut courte 8c heureuse,
il s’arrête à Ravenne, où on le voit depuis le commen-
cement du Carème jusqu’au mois de Novembre sui-
vant. Ce fut pendant ce séjour qu’il vit S. Romuald ,
entre les mains duquel il fit la confession de ses pé-
Tü/ne 11.
D